[ critique successive de 4 romans de la collection Gore :
note nooSFere ]
Décidément, il devient de plus en plus difficile de parler des ouvrages de la collection Gore tant le vide intergalactique y règne ces temps-ci en maître absolu. Les auteurs anglo-saxons — qui, au moins, nous changeaient du gore de bas étage — ont disparu. Il ne reste que des Français qui donnent dans la facilité, c'est-à-dire la nullité commerciale. Témoin la livraison de cet été. Sur quatre ouvrages parus, le bilan n'est pas très encourageant (un livre potable pour trois navets). Cela devient inquiétant !...
Commençons par le moins pire... l'ouvrage de Jean Viluber. Sans être un chef d'œuvre, ce livre n'en est pas moins intéressant pour au moins deux raisons : d'abord, il y a une histoire (ce n'est pas toujours le cas des Gore), une histoire plausible, avec des personnages qui pourraient avoir existé, et d'autre part, l'auteur ne nous a pas ressorti les poncifs du genre, à savoir du sexe et du sang (ce que n'ont pas manqué d'exploiter les trois autres livres de cette cuvée). L'histoire se développe autour de l'amitié qui unit Peter, un enfant de dix ans, et la vieille Salomé qui, depuis la mort de son mari, vit dans une décharge, déconsidérée et rejetée par son voisinage. Un lien très profond se tisse entre cette vieille femme que tout le monde montre du doigt, parce qu'en réalité personne ne cherche vraiment à la comprendre, et cet enfant qui découvre en elle sa véritable nature. Les tourmenteurs ne tarderont pas à vouloir défaire ce lien, mais des forces obscures les empêcheront de mettre leurs projets à exécution.
L'histoire est intéressante en elle-même, mais le point fort du livre réside dans la psychologie des différents personnages. L'auteur a su les rendre vraisemblables. Il les fait vivre, penser, bouger ; ce ne sont pas des artifices littéraires. Ils ont une épaisseur. Viluber montre par là que roman populaire ne rime pas forcément avec médiocrité, ce que d'aucuns semblent oublier.
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Frédéric KURZAWA
Première parution : 1/2/1990 dans Fiction 412
Mise en ligne le : 13/2/2007