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Un saint au néon

Jean-Louis CURTIS

Première parution : Paris, France : Denoël, Présence du futur, mai 1956

Illustration de Jean-Paul THÉODULE

GALLIMARD (Paris, France), coll. Folio précédent dans la collection n° 98 suivant dans la collection
Dépôt légal : 2ème trimestre 1972
Roman, 258 pages, catégorie / prix : 1
ISBN : néant
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture
     Ma chère petite Clélia, vous vous apercevrez que, loin d'être des débauchés, nous sommes des tendres. L'élection des cœurs préside à nos rapprochements. Par exemple, si d'aventure je vous plaisais, vous devriez me le dire, ou plutôt, c'est plus délicat, me le faire comprendre... Au bout d'un mois ou deux, j'aurais sans doute compris et je trouverais tout naturel que vous m'accordiez vos faveurs un jour ou l'autre... Il m'est venu tout à coup le désir de contempler votre buste, que je crois beau. Je vous l'ai demandé un peu brutalement, c'était, je vous le répète, afin de vous éprouver... Voulez-vous avoir l'obligeance de vous dénuder ?

     Jean-Louis Curtis est né en 1917 à Orthez (Pyrénées-Atlantiques). Il a obtenu le Prix Gazes pour Les Jeunes Hommes et le Prix Goncourt pour Les Forêts de la nuit.
Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Un saint au néon, pages 7 à 77, nouvelle
2 - Le Géniteur, pages 79 à 122, nouvelle
3 - Idées à vendre, pages 123 à 150, nouvelle
4 - Un club très exclusif, pages 151 à 200, nouvelle
5 - Les Uns et les autres, pages 201 à 255, nouvelle
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition DENOËL, Présence du futur (1956)

[Critiques des livres suivants :

- Un Saint au néon de Jean-Louis Curtis, Denoel - Présence du futur n° 13

- La parole perdue d'Albert et Jean Cremieux , Ed Métal - série 2000 n° 22

- Prisonniers du passé de Jimmy Guieu, Fleuve Noir Anticipation n° 72

- Nurma de Jean Cap, Ed Grand Damier - Cosmos n° 9

- Attaque sub-terrestre de M.A. Rayjean, Fleuve Noir Anticipation n° 71]

 

    « Présence du futur » (Denoël) a, une fois de plus, bien mérité de l’Anticipation. Le dernier paru de la collection, « Un saint au néon », de Jean-Louis Curtis, est probablement le meilleur ouvrage de S.F. français depuis la guerre. Cinq nouvelles le composent, dont la première donne son titre au volume. Les quatre autres s’intitulent, dans l’ordre, « Le Géniteur », « Idées à vendre », « Un Club très exclusif » et « Les uns les autres ». Chacune constitue la suite logique de la précédente en ce sens que l’auteur nous décrit, sur plusieurs dizaines d’années, des événements, faits et méfaits de la civilisation future. Une comparaison s’impose donc fatalement pour quiconque a lu « Chroniques martiennes » et « Demain les chiens ». Disons tout de suite que les ambitions de l’auteur étaient moins étendues que celles de Bradbury ou de Simak, dont les deux œuvres en question sont de véritables épopées. Mais si, sur le plan purement A. S., les deux Américains affirment leur supériorité, sur le plan philosophique Curtis nous émeut davantage malgré son ironie et ses coups de griffe. Pourquoi, demanderez-vous ? Parce que : 1° ses récits sont français, donc bien plus proches de nous ; 2° les événements qu’il dépeint sont en fait un mélange de présent et de futur (jamais ouvrage ne justifia mieux le titre de la collection), un futur si proche, scientifiquement et autrement, que demain il pourrait se révéler réalité. M. Laurent, héros du « Saint au néon », ressemble beaucoup à une synthèse d’Albert Schweitzer et de l’abbé Pierre ; Émile, Loulou et Philippe Mercadié, personnages centraux du « Géniteur », sont les fils et peut-être les frères des Marie-Chantal et Gérard de 1956, et Bogo, l’individualiste-malgré-lui de « Les uns les autres », pourrait être le descendant de n’importe lequel d’entre nous. 

    Les cinq récits sont très bons ; deux, néanmoins, se détachent de l’ensemble – les deux derniers : « Un club très exclusif » d’abord, qui est l’histoire tragique d’un groupe de jeunes gens s’insurgeant contre l’uniformité, la standardisation de l’existence ; « Les uns les autres », ensuite, conte à clé, où l’on voit le monde enrégimenté, en état de Sainte-Guerre-Permanente, adorant saint Adolf le Germanique et saint Joseph le Géorgien, acceptant dix ans seulement d’activité sexuelle (si l’on ne s’est pas fait tuer plus tôt), et aussi l’existence des « Ténèbres Extérieures », formule élégante pour désigner les camps de concentration de demain. Dans un article paru le 12 mai dernier dans « The Saturday Review », John W. Campbell, Jr., prenant la défense des auteurs de S.F., accusés de « mal écrire », affirme qu’ils sont moins des « littérateurs » que des « précurseurs ». Souhaitons simplement que Curtis, « littérateur » incontestable, lui, se révèle mauvais « précurseur », mauvais « prophète ». Pour me résumer – un livre à lire d’office. 

    J’ai également beaucoup aimé « La parole perdue », d’Albert et Jean Crémieux (Série 2.000 – Ed. Métal). J’avais dit, en son temps, le bien que je pensais de « Chute libre », des mêmes auteurs. Leur nouveau roman est la suite du précédent, mais si peu que vous pouvez facilement lire l’un avant l’autre, voire l’un sans l’autre (mais ce serait dommage). Comme « Chute libre », « La parole perdue » est un A. S. extérieurement humoristique, en réalité tout ce qu’il y a de philosophique. Le roman n’est pas sans défauts, le début (les cinquante premières pages), est assez lent et les nombreuses digressions qu’il comporte, pour plaisantes qu’elles soient, n’en sont pas moins des digressions. Le reste, toutefois, est remarquable et certains épisodes ou chapitres (ceux des hommes-arbres, de l’épuration du vocabulaire « gastronomique » et du paradis en particulier), sont de véritables morceaux d’anthologie. Enfin, dans leurs observations sur la Chine, les auteurs font preuve d’une très grande finesse. 

    Dans « Prisonniers du passé » (Fleuve Noir), Jimmy Guieu nous entraîne à la suite de ses héros habituels – Kariven, Dormy, Angelvin & C°, dans une suite de déplacements dans le Temps. D’abord un vol au-dessus de Nagasaki, avec « retour en arrière – 1945 » ; ensuite un voyage dans le Paris de Louis-Philippe ; puis un séjour dans la Préhistoire ; enfin, conséquence de ce dernier, une incursion dans une ère qui n’a jamais existé – l’épisode se déroule en effet près d’une Los-Angeles atomisée en l’an de grâce… 1378. Tout ceci est fort logiquement amené, bien narré et plein de « suspense ». Avec, dans la dernière partie, un peu de philosophie qu’on pourrait résumer comme suit : abstenez-vous de faire évoluer votre prochain avant l’heure, sous peine des pires catastrophes. 

    « Nurma », de Jean Cap (Ed. Grand Damier), se passe sur une planète de même nom où débarquent un beau jour des astronautes terriens. Les Nurmiens, bien que supérieurement évolués, sont sensibles à la suggestion mentale et n’ont échappé que de justesse à une autodestruction ordonnée par leurs ennemis héréditaires, les Mertobériens. Pris pour ces derniers, les humains sont accueillis avec méfiance, mais ils s’expliquent et leur séjour s’annonce sous les meilleurs auspices quand, brusquement, éclate la guerre civile, des révoltés nurmiens ayant découvert le secret des Mertobériens. Je n’ai pas beaucoup aimé l’idée irritante du « vocabulaire » nurmien, avec renvois en bas de page, mais à cette réserve près, ce « space opéra » ne décevra pas, je pense, les habitués de la collection.

    Dans « Attaque sub-terrestre » (Fleuve Noir), M. A. Rayjean nous fait assister à une guerre meurtrière entre les hommes et des envahisseurs venus d’une planète « noire », qui commencent par avoir le dessus parce que : 1° ils sont invisibles ; 2° ils possèdent des pistolets désintégrateurs très efficaces. Mais l’humanité se ressaisit et, grâce à l’habileté d'un chef de police américain assisté de quelques savants, finit par triompher. Ce n’est pas du grand art, bien sûr, mais l’auteur sait manier le « suspense » et son roman de caractère policier autant que S.F., n’est jamais ennuyeux. 

Igor B. MASLOWSKI
Première parution : 1/8/1956
Fiction 33
Mise en ligne le : 27/6/2025

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