FLEUVE NOIR / FLEUVE Éditions
(Paris, France), coll. Super poche n° 7 Dépôt légal : mai 1993 Première édition Recueil de nouvelles, 560 pages, catégorie / prix : 59 F. ISBN : 2-265-04900-X Format : 11,0 x 18,0 cm✅ Genre : Fantastique
Quatrième de couverture
Surnommé à juste titre « le Prince de la Terreur », André de Lorde est surtout connu grâce aux pièces qu'il a écrites pour le célèbre théâtre du Grand-Guignol (malheureusement disparu en 1942).
Mais il est aussi l'auteur de nombreux contes extraordinaires, peuplés de criminels, de fous, de damnés de la vie, de spectres, d'où se dégage une véritable poésie de la peur et de l'épouvante.
Cet ensemble unique est publié ici pour la première fois.
1 - Jean-Claude BERNARDO, Le Prince de la Terreur, pages 7 à 9, préface 2 - L'Autre vengeance, pages 13 à 19, nouvelle 3 - Confession, pages 21 à 26, nouvelle 4 - La Peur, pages 27 à 32, nouvelle 5 - Le Bâillon, pages 33 à 37, nouvelle 6 - Maman Catherine, pages 39 à 51, nouvelle 7 - Notre compagne, pages 53 à 58, nouvelle 8 - La Rivale, pages 59 à 64, nouvelle 9 - Cœur de femme, pages 65 à 70, nouvelle 10 - Leurs maris, pages 71 à 76, nouvelle 11 - Le Subterfuge, pages 77 à 81, nouvelle 12 - La Pécheresse, pages 83 à 88, nouvelle 13 - La Dernière affaire du policier Poirel, pages 89 à 113, nouvelle 14 - Figures de cire, pages 115 à 124, nouvelle 15 - Le Masque, pages 125 à 137, nouvelle 16 - L'Horrible expérience, pages 139 à 144, nouvelle 17 - Le Grand mystère, pages 145 à 152, nouvelle 18 - Le Bal rouge, pages 153 à 164, nouvelle 19 - Madame Dubois, sage-femme, pages 165 à 171, nouvelle 20 - L'Enfant mort, pages 173 à 178, nouvelle 21 - L'Hystérique, pages 179 à 184, nouvelle 22 - 40 H.P., pages 185 à 191, nouvelle 23 - Mystérieux attentat, pages 193 à 202, nouvelle 24 - En silence, pages 203 à 207, nouvelle 25 - L'Illustre Professeur Truchard, pages 209 à 216, nouvelle 26 - Dernière conquête, pages 217 à 223, nouvelle 27 - Béréguisse !, pages 225 à 231, nouvelle 28 - L'Agonisante, pages 233 à 238, nouvelle 29 - L'Enfer, pages 239 à 244, nouvelle 30 - Morphinomane, pages 245 à 250, nouvelle 31 - L'Obsession, pages 251 à 255, nouvelle 32 - Au petit jour, pages 257 à 262, nouvelle 33 - Une affaire mystérieuse, pages 263 à 267, nouvelle 34 - La Dernière torture, pages 269 à 274, nouvelle 35 - Au pays des supplices, pages 275 à 282, nouvelle 36 - L'Acquittée, pages 283 à 299, nouvelle 37 - L'Horrible vengeance, pages 301 à 306, nouvelle 38 - Cœur d'enfant, pages 307 à 310, nouvelle 39 - Un accident, pages 311 à 316, nouvelle 40 - L'Arbre vivant, pages 317 à 321, nouvelle 41 - La Mafia, pages 323 à 328, nouvelle 42 - Un crime dans une maison de fous, pages 329 à 334, nouvelle 43 - Le Second crime de la dame en noir, pages 335 à 521, roman 44 - (non mentionné), Les Œuvres d'André de Lorde : bibliographie, cinéma, radio, pages 522 à 557, bibliographie
Critiques
Tout le monde connaît, et personne ne connaît, le Grand-Guignol. Tout le monde connaît, puisque le nom du fameux théâtre de l'épouvante a même suscité la création d'un néologisme courant (« grand-guignolesque »), ce qui n'est pas un mince exploit dans une langue qui s'y prête peu (on ne s'en plaint d'ailleurs pas). Personne ne connaît, car il y a beau temps que les pièces du Grand-Guignol n'ont pas été reprises sur scène (sauf erreur de ma part) et que les nouvelles d'André de Lorde (1871-1942), souvent inspirées de ses nombreuses pièces pour le Thêatre du Grand Guignol, n'ont pas été rééditées.
Ce recueil de quarante-deux (si !) récits réunis par Jean-Claude Bernardo, spécialiste incontesté et incontestable du Grand-Guignol, enrichi d'une appareil bibliographique remarquable (le cinéma, la télévision et la radio n'ont pas été oubliés), permet de remédier à cette situation paradoxale, et pour un prix dérisoire, sans rapport avec la qualité du produit.
Évidemment, les lecteurs exclusifs d'horreur contemporaine et les amateurs fanatisés de films gore d'aujourd'hui risquent de ne pas trouver leur compte dans les récits d'André de Lorde. On ne s'y éventre pas à tout va, on ne s'y étrangle pas avec des intestins, on ne s'y noie pas dans des bassins de sang. Il en coule bien un peu, du sang, il fallait affoler le bourgeois : quelques yeux creuvés par-ci, quelques tortures africaines par-là. Rien de bien méchant, finalement. Le truc d'André de Lorde, c'est plutôt l'arroseur arrosé, l'erreur judiciaire, le quiproquo tragique, la méprise fatale, du genre erreur sur la personne et sur le diagnostic, si pittoresque dans les salles d'opération.
Un exemple ? « L'histoire de L'Illustre Professeur Truchard ». Le savant, qui vient d'être élu membre de l'Académie de Médecine, est l'inventeur d'une opération du canal du foie. Certains collègues jaloux contestent les statistiques triomphantes du savant. Son disciple, Rueff, se moque des médisants : l'opération est si sûre et efficace que le professeur Truchard a déclaré lui-même que le consentement du malade était inutile. Et voilà que le professeur tombe malade... du foie ! Il supplie pour qu'on ne l'opère pas, avoue son escroquerie : « L'opération est impossible... J'ai menti... Je suis un misérable... Je vous en supplie... Grâce... Je ne veux pas mourir... »
Rueff est un moment interloqué, mais il se ressaisit :
« Il avait affaire à un délire engendré par la peur. Ce n'était pas son maître qui parlait, mais un malade épouvanté par le scalpel. Aussi, sans plus hésiter, fit-il signe aux infirmiers ».
On devine la suite...
On imagine André de Lorde souriant malicieusement derrière ses bésicles, car, cela ne fait aucun doute, le maître de l'épouvante était avant toute chose... un maître de l'humour noir.
Joseph ALTAIRAC Première parution : 1/3/1994 Yellow Submarine 108 Mise en ligne le : 7/3/2004