Si aux USA les nouveaux auteurs de SF, Fantasy et Fantastique sont de plus en plus souvent des femmes, il n'en est pas, mais vraiment pas du tout de même chez nous où, après la disparition prématurée des regrettées Christine Renard et Danielle Fernandez, seules restent en activité Joëlle Wintrebert (Grand Prix de la SF Française pour son dernier roman, Le Créateur Chimérique), Sylviane Corgiat (laquelle travaille actuellement pour la TV ainsi que sur des textes destinés à la jeunesse), Colette Fayard (son premier recueil vient de paraître en Présence du Futur) et Wildy Petoud qui, venue de Suisse, nous a proposé trois impressionnantes nouvelles (dans Superfuturs, Solaris et Univers 1989) et travaille à son premier roman. Et c'est tout ! Raison de plus pour suivre avec attention les catalogues des éditeurs généraux qui proposent de plus en plus souvent des ouvrages Fantastiques, bizarres, relevant des Marges. Ombres et Le Terrain Vague publient Walter de la Mare, Albin-Michel Doris Lessing, Jean-Claude Lattes Didier le Pécheur, A.M. Métallié Horacio Quiroga, Minuit Christian Oster, Grasset Kurt Vonnegut, Acropole Alejandro Jodorowsky... Laffont, Bourgeois et Le Livre de Poche éditent ou rééditent Buzzati, Rohmer et Bioy Casares, on ne peut que s'en féliciter.
Car, côté féminin, cette politique éditoriale nous a permis de découvrir Célubée d'Isabelle Hausser et, aujourd'hui, Une Chaleur d'Enfer de Daniéle Héran, un recueil, second ouvrage de son auteur(e), après La Peau Nue (Calmann-Lévy) que je dois avouer ne pas connaître.
En dix-neuf nouvelles et quatre instantanés, elle nous livre sans retenue des fragments de son paysage mental, un paysage troublé, truqué, peuplé de visions glauques et horrifiques. Car c'est dans ses textes Fantastiques, disons-le, ses nouvelles noires, étranges, qu'elle est le plus à l'aise. Se plaçant même parmi les meilleurs « fantastiqueurs » français avec « Une Chaleur d'Enfer », « La Visite du Dimanche », « L'Araignée », et surtout « Le Grand Jeu » et « La Mallette », deux morceaux d'anthologie. Paraissant en revanche moins à l'aise en SF, genre semblant lui poser davantage de problèmes.
Et puis Daniéle Héran, c'est aussi un style, un ton. Une voix que l'on n'oublie pas. Qui s'enfonce sournoisement dans les consciences. Et qui laisse des traces profondes dans la mémoire.
Emballé sous une insolite couverture significative de son contenu, Une Chaleur d'Enfer, que l'on espère suivi de nombreux autres romans et recueils, est à lire sans plus attendre...
Richard COMBALLOT
Première parution : 1/5/1989 dans Fiction 408
Mise en ligne le : 18/10/2003