Martha WELLS Titre original : The Death of the Necromancer, 1998 Première parution : New York, USA : Avon Eos, juillet 1998ISFDB Cycle : Île-Rien vol. 2
L'ATALANTE
(Nantes, France), coll. La Dentelle du Cygne Date de parution : 28 août 2001 Dépôt légal : août 2001, Achevé d'imprimer : août 2001 Première édition Roman, 528 pages, catégorie / prix : 21,19 € ISBN : 2-84172-182-5 Format : 14,5 x 20,0 cm✅ Genre : Fantasy
Dans une Vienne imaginaire, capitale du royaume d'Île-Rien, le jeune et fougueux Nicholas Valiarde parcourt en fiacre les rues nocturnes sous l'éclairage des becs de gaz...
Entre Rocambole, Arsène Lupin et Monte-Cristo, il cambriole de riches aristocrates pour financer sa cabale vengeresse contre le comte Montesq, coupable d'avoir fomenté la mort de son père adoptif.
Mais un adversaire autrement plus effroyable et cruel se dresse inopinément sur son chemin. Derrière les escroqueries d'un spirite de salon se dissimule un mystérieux nécromant qui tire ses pouvoirs de la souffrance et de la mort de ses victimes.
Goules, sortilèges, revenants, monstres, sorciers noirs ou blancs : avec l'appui de sa compagne la comédienne Madeline, Nicholas affrontera les pires horreurs dans une longue aventure trépidante, digne des plus grands feuilletons.
Fantasy noire aux personnages et décors somptueux, La mort du nécromant est le premier roman traduit de la Texane Martha Wells.
Critiques
Une brique de 500 pages n'a rien d'anodin. Un tel mastodonte ne devrait paraître normal qu'à un public de la fantasy dont on sait qu'il a boudé toutes les évolutions du roman depuis le milieu du XIXe siècle, au point d'avoir cette année récompensé d'un prix Hugo du meilleur roman de science-fiction un opuscule de la série Harry Potter, Ubu du genre épique qui nous convie aux funérailles de Dick et Herbert...
Martha Wells a par conséquent le souci de la description exhaustive. Bien que Pérec, dans sa description d'un lieu parisien, ait démontré l'inanité de la maniaquerie balzacienne, quantité de détails, dépourvus de lien avec l'action, épaississent la narration. Elle n'épargne pas non plus à son lecteur de belles tautologies, des « balcon à ciel ouvert » et autres « grotte caverneuse », que le traducteur — quitte à persévérer dans l'habile malhonnêteté — aurait dû corriger. La légèreté du récit convenait au format court, à une série d'épisodes dans la tradition du feuilleton Belle Epoque, très rythmée, or, la naïveté de son enthousiasme lui ayant fait perdre toute mesure, nous obtenons la pagination d'une fresque.
Toutefois, Martha Wells se distingue du gros de la production par un syncrétisme mêlant Dumas et Arsène Lupin, fantastique lovecraftien et sorcellerie à la Lord Darcy. Afin que la sauce prenne, elle a créé une Vienne imaginaire, fusion des Paris et Londres du roman gothique ; un cadre malléable conservant toutefois un parfum. Au fond, elle n'a fait qu'appliquer à une époque postérieure au Moyen Âge une vieille recette de la fantasy, alors que dès l'invention de la poudre à canon des auteurs tels que Card avec Alvin le Faiseur ou Keyes dans Les Démons du Roi Soleil préfèrent s'en tenir à la ligne historique.
On ne peut pas considérer ce roman comme un chef-d'œuvre, loin de là. Il plaira cependant aux amateurs de fantasy hors normes, de même qu'aux esthètes nostalgiques d'une certaine littérature populaire. Ceux qui réunissent ces deux qualités éprouveront une bibliophagie aiguë. Bref un bon livre !
Edouard Viller, un doux érudit, a adopté Nicholas, un voyou de 12 ans. Alors que ce dernier étudie la médecine à Lodun, le Comte Montesq accuse Viller de nécromancie. Dans le royaume d'Île-Rien, où la magie règne sans partage, on ne badine plus, depuis les horreurs de Constant Macob, avec ceux qui parlent aux morts. Viller est exécuté.
Nicholas, ivre de vengeance, veut provoquer la ruine de Montesq, ce grand du royaume.
Octave, qui connaît tout des activités de chef de bande de Nicholas, sous le nom de Donatien, veut récupérer des appareils de Viller pour le compte d'un nécromant dément. Entre celui-ci qui fait surgir goules, golems, revenants, Montesq qui ourdit ses complots, le Palais et sa garde, la Préfecture et sa police, Nicholas et Madeline pourront-ils aller au bout de leur quête ? Mais n'est-ce pas dans le passé qu'on trouve les clés du futur ?
L'auteur nous emporte dans la visite d'une Vienne imaginaire inspiré d'un Paris du XVIIè siècle fantasmé, auquel l'auteur ajoute quelques pièces d'autres capitales européennes. On retrouve ainsi le décor que Martha Welles a utilisé dans Le feu primordial, son roman précédent, qu'elle déplace à une période postérieure. Elle ne nous fait grâce d'aucun lieu de cette ville sombre et, pour la visite tant des palais que des égouts, elle nous donne pour guides des héros pressés par le feu de l'action. Et de l'action, il y en a !
Diplômée en anthropologie, l'auteur utilise ses connaissances pour créer, avec Nicolas Valiarde, un personnage complexe, tenant à la fois du « méchant » (un Moriarty pour son omniprésence dans le crime) et du justicier, à la façon de Robin des Bois ou d'Arsène Lupin. Autour de lui, elle compose un flot de personnages aux caractères finement étudiés et aux profils agréablement ciselés.
Bien que mélangeant les genres La mort du nécromant est un roman d'aventures au sens noble du terme. À la lecture de ce « fleuve », on ne peut s'empêcher de penser à Sherlock Holmes pour les circonvolutions de l'intrigue, à Arsène Lupin pour le goût du déguisement, à Alexandre Dumas pour les thèmes et le « souffle », parce qu'animer sans faiblir un tel volume n'est pas à la portée du premier venu. Aventures, magie, complots..., tout se conjugue pour créer une histoire passionnante, ...qui demande une suite !
Serge PERRAUD Première parution : 21/4/2007 nooSFere