L'ATALANTE
(Nantes, France) Dépôt légal : novembre 2002 Première édition Livre d'art, 120 pages, catégorie / prix : 29 € ISBN : 2-84172-230-9 ✅ Genre : Fantasy
Quatrième de couverture
John Howe, d’une manière obscure, a pénétré l’œuvre de l’écrivain, est allé creuser dans les mots, jusqu’au fond du hobbit-hole, jusqu’à l’intention première. Quelque part, lors de ses voyages entre les mots et l’image, il a trouvé la porte pour accéder à la Terre du Milieu, comme l’armoire qui permet de visiter Narnia, et il a décidé de franchir le seuil.
John Howe, l’heureux homme, a marché dans les rues d’Édoras, entendu les trompettes de Minas Tirith, rencontré Sylvebarbe et les derniers Ents, fumé la pipe en compagnie de Gandalf ; il s’est tenu devant les tours de Gondor et il a assisté, sans doute terrorisé, à la dernière bataille contre les forces du Mordor. Son œil en forme de mémoire a su capturer des moments de vie d’un récit fabuleux pour les transformer en peintures d’une précision photographique. Les personnages sont immobilisés sur le papier, mais leurs mouvements se prolongent déjà par-delà l’image.
John Howe est un magicien.
Né d’une exposition consacrée à John Howe par l’Office régional culturel Champagne-Ardenne, le présent ouvrage est un panorama en images de son œuvre consacrée à Tolkien.
Encadrés d’un texte de Stéphanie Benson, romancière franco-anglaise, d’un entretien avec l’artiste et d’une intervention amicale de l’acteur Christopher Lee, on y découvrira cent trente-cinq tableaux, illustrations et croquis inspirés de la Terre du Milieu, des personnages et des aventures imaginés par Tolkien.
Âgé de quarante-cinq ans, John Howe est canadien et vit en Suisse. Il a été conseiller artistique auprès de la production cinématographique du Seigneur des Anneaux, réalisé par Peter Jackson.
Critiques
Pour une personne ayant découvert « Le Seigneur des Anneaux » avec l’adaptation cinématographique qu’en a fait Peter Jackson, il est difficile d’imaginer la Terre du Milieu autrement que de la manière dont elle lui est apparue pour la première fois à l’écran. Et peut-être encore plus de réaliser qu’il fût une époque où les lecteurs de la trilogie de Tolkien n’avait pas forcément en tête la même chose quand on évoquait l’Argonath, le Balrog ou encore Minas Tirith. C’est dire l’influence que les images nées de l’esprit de John Howe, et réutilisées par Jackson, ont pu avoir. De fait, quand on replonge dans l’histoire originale aujourd’hui, il s’avère pour ainsi dire impossible de s’affranchir des visions des cavaliers noirs, de la Porte de la Moria ou même, en allant chercher dans les petits détails, de lembas (cette nourriture elfique dont une bouchée vous cale pour une journée) qui nous ont été offertes par l’artiste canadien. Certainement parce que personne n’a su aussi bien que lui donner vie aux mots de J.R.R. Tolkien.
John Howe, sur les terres de Tolkien nous propose de replonger en Terre du Milieu à l’aide des croquis et des dessins, des peintures et des merveilles de l’illustrateur ayant séjourné un certain temps en Champagne-Ardenne, région qui a publié le superbe ouvrage qui nous occupe à l’occasion d’une exposition des œuvres de l’artiste. Pour une fois, les éditeurs ont compris que face à de telles images, les textes pesaient parfois trop lourd. C’est certainement pourquoi ils n’ont mis que quelques pages d’explications (le plus souvent admiratives) avant de conclure l’ensemble par une courte (auto)biographie (très intéressante, soit dit en passant). La part belle est ainsi laissée au plaisir de regarder et non de lire.
Ainsi, cet album nous permet de retrouver des personnages et lieux devenus maintenant célèbres, mais également de constater les changements effectués par Jackson quant aux visions de Howe – et, pourquoi pas, éventuellement comparer la nôtre à celle de l’artiste, pour peu qu’on soit parvenu à ne pas se laisser « contaminer » par ses productions à la lecture des livres de Tolkien (Howe illustrant par ailleurs la plupart des couvertures des ouvrages de l’auteur de Bilbo, privilège qu’il partage avec l’artiste anglais Alan Lee). Si certains rendus déçoivent un peu quand on constate les traits flous prêtés aux figures humanoïdes, l’ensemble ravi néanmoins l’esprit et l’imagination par la richesse des détails offerts et l’élégance du trait servant si bien l’univers tolkienien. Il est amusant de constater que, parfois, les simples croquis préparatoires sont encore plus fascinants que les peintures qu’ils ont aidé à faire naître.
C’est pourquoi, que l’on soit un expert de la Terre du Milieu ou un simple néophyte attiré par l’art à tendance heroic fantasy, John Howe, sur les terres de Tolkien constitue une excellente lecture, ou plutôt une merveilleuse découverte d’un ailleurs non pas « enchanteur », mais totalement envoûtant. Voici en tout cas un beau complément à l’œuvre de Tolkien.