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Boulevard des disparus

Andrew WEINER

Titre original : Among the Missing, 2002   ISFDB
Traduction de Thibaud ELIROFF
Illustration de Milo KELLER

GALLIMARD (Paris, France), coll. Folio SF précédent dans la collection n° 247 suivant dans la collection
Date de parution : 6 avril 2006
Dépôt légal : avril 2006, Achevé d'imprimer : 2 avril 2006
Première édition
Roman, 400 pages, catégorie / prix : F9
ISBN : 2-07-030962-2
Format : 10,8 x 17,8 cm
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture
Joe Kay est le meilleur limier de la ville. Il a un don pour retrouver les personnes disparues. Aussi, quand Victor Lazare pousse la porte de son agence de détective privé et lui demande de retrouver Walter Hertz, un obscur cadre dirigeant des Archives municipales dont il gère les affaires, Kay répond présent.
Joseph Kaminsky est le meilleur limier de la ville. Il a un don pour retrouver les personnes disparues. Aussi, quand Victor Lazare pousse la porte de son agence de détective privé et lui demande de retrouver sa femme, Maggie, chanteuse de jazz et fugueuse, Kaminsky répond présent.
Deux réalités, une seule histoire. Quelle terrible vérité se cache derrière cette banale enquête ?
 
Flirtant avec le cyberpunk et la plus pure tradition de polar hard boiled, Andrew Weiner pose, comme Dick avant lui, les limites du réel. Avant, bien sûr, de les faire voler en éclats...
 
Né en 1949 à Londres, mais vivant au Canada, Andrew Weiner a débuté dans les pages de l'anthologie de Harlan Ellison Again, Dangerous Visions. Nouvelliste brillant, au talent comparable à celui d'un John Varley ou d'un Fredric Brown, il est aussi l'auteur d'un roman magnifique, En approchant de la fin.
Critiques
     On connaissait déjà Andrew Weiner pour son fort recommandable roman En approchant de la fin, et pour son excellent recueil Envahisseurs !, tous deux publiés aux éditions du Bélial' et réédités en poche chez Folio « SF ». C'est d'ailleurs de ce recueil que vient son dernier opus, extension de la nouvelle « Des nouvelles de D-street » en un roman de 390 pages bien tassées, pour un bouquin inédit en français paru directement en poche, ce qui est suffisamment rare pour être souligné — à ce titre, si Pocket nous a proposé deux inédits en mars (cf. critiques in Bifrost n°42), on remarquera qu'en avril, Folio « SF » a fait de même, ce qui nous amène à un total de quatre inédits poches en S-F sur deux mois, ce qu'on n'avait plus vu depuis longtemps...

     Tout commence comme un polar hard-boiled school dans la plus pure tradition du genre, façon Dashiell Hammett ou Raymond Chandler. Joe Kay est un privé qui boit plus que de raison. Il se voit chargé par un étrange client, nommé Joe Lazare, de retrouver un cadre des archives municipales. Ça tombe bien, puisque Joe Kay est le spécialiste de la recherche des personnes disparues.

     Sauf que nous sommes en pleine S-F. S-F qui apparaît par petites touches successives, au fur et à mesure des doutes qui assaillent le héros et le lecteur au fil de la progression de l'enquête. Tout tient en fait à la ville. Elle semble prise dans une guerre qui dure depuis des lustres, et abrite de nombreuses usines d'armement, bien qu'elle ne soit curieusement jamais bombardée. Certaines choses et personnes paraissent bizarrement floues, et de nombreuses questions de mémoire vont vite rester sans réponse. Des immeubles disparaissent pendant que d'autres apparaissent du jour au lendemain, quand ce ne sont pas des quartiers entiers. En outre, personne ne sort jamais de cette ville située au milieu des terres, et l'on se demande bien comment une artiste peut peindre une plage.

     On a donc rapidement l'impression de lire Mon privé enquête dans Dark city. Sauf qu'il y a en fait plusieurs parties dans ce roman, et que la deuxième fait tout basculer.

     Elle met en scène un privé nommé Joseph Kaminsky, spécialisé dans la recherche des personnes disparues. Victor Lazare lui demande de retrouver sa femme disparue, Maggie. Ici, point de science-fiction, mais plutôt du pur hard-boiled, avec la femme plantureuse, le client véreux, le détective dépassé par les révélations de son enquête et les manipulations y attenant.

     Je vous laisse donc le soin de découvrir la troisième et ultime partie, où Weiner assène avec parcimonie et une incontestable habileté les révélations sur le jeu de miroirs entre les deux enquêtes, sans grande surprise toutefois.

     Si les réalités gigognes ne sont pas plus nouvelles (Simulacron III) que le mélange entre polar et S-F (L'Homme démoli, premier prix Hugo), Andrew Weiner signe au final un roman de bonne tenue. Fort agréable à lire, même s'il ne faut pas s'attendre à quelque chose de totalement renversant, ce Boulevard des disparus se révèle un bel hommage au polar hard-boiled, dont il se rapproche finalement bien plus que de la S-F. Véritable fiction trans-genres, le livre souffre toutefois d'un défaut majeur : avoir été écrit après Dark city. S'il est hors de question de parler d'un quelconque plagiat, c'est quand même un clin d'œil appuyé au film de Proyas. Peut-être un peu trop, d'ailleurs, pour que l'œuvre romanesque soit vraiment originale. On renverra donc le lecteur désireux de découvrir Weiner à ses deux œuvres précédentes disponibles en poche dans la même collection. On en profitera au passage pour recommander cet inédit aux aficionados de Weiner et aux lecteurs occasionnels ou plus réguliers de polars, ainsi qu'aux admirateurs de Proyas.

Olivier PEZIGOT
Première parution : 1/7/2006 dans Bifrost 43
Mise en ligne le : 22/9/2008


     Andrew Weiner est un écrivain rare ; depuis 1972, il a surtout publié des nouvelles ainsi que trois romans, très personnels. À cheval entre SF et mainstream, passant du grave à l'absurde avec une même maestria, ce styliste a tout de l'OVNI littéraire. Boulevard des disparus n'échappe pas à la règle. Si l'auteur se frotte au thème glissant (parce que rebattu) de la chute dans un univers virtuel, c'est à sa manière. Rien à voir avec les cyberpunks. Andrew Weiner nous plonge dans un récit de détective privé dans la plus pure tradition « hard boiled », avec bars minables, femmes fatales, gangsters désenchantés et autres stéréotypes, prétexte à une plongée vertigineuse dans des univers factices que n'aurait pas renié Philip K. Dick. Le texte s'ouvre sur le personnage de Joe Kay, le meilleur détective privé de la ville, au don inné pour retrouver les disparus, qu'une femme engage pour retrouver son mari. Mais des détails ne cadrent pas, d'étranges graffitis l'intriguent, de curieux avertissements lui sont donnés. Puis le texte glisse sur Joseph Kaminski, le meilleur détective privé de la ville, au don inné pour retrouver les disparus, qu'un homme engage pour retrouver sa femme. Deux enquêteurs, cela fait deux enquêtes, détonateurs d'une situation à la Ubik. Car si Joseph Kaminski vit dans le monde réel, Joe Kay « n'est que » son double, synthétisé à son insu dans un monde virtuel... et chacun ignore l'existence de l'autre. Joe Kay vit dans une ville hétérogène, en perpétuelle construction, gangrenée par une guerre qui n'en finit pas, où des individus deviennent un autre, tout naturellement ; des révolutionnaires tentent d'éveiller les ombres qui la peuplent en les faisant accéder à la conscience de l'individu qu'ils furent dans le monde réel. Deux enquêtes, donc, qui se croisent, se complètent, s'alimentent l'une de l'autre pour percer finalement la nature du réel. À moins que Victor Lazare, client de Joseph Kaminski, le concepteur de l'univers virtuel où il joue au dieu, connaisse les réponses. Ah ! oui, au fait... arrivé à la fin, quand vous aurez tout compris, relisez immédiatement les deux premières pages. Quand on vous dit que ce roman très ambitieux est de la trempe d'un Ubik !

Stéphane MANFREDO
Première parution : 1/6/2006 dans Galaxies 40
Mise en ligne le : 15/2/2009

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