L'histoire commence à Sumer. Plus haut que l'Égypte, plus haut que la Chine, il y eu donc entre le Tigre et l'Euphrate, une civilisation première de l'humanité, les premières cités, les premières lois, les premières monnaies d'échange des biens, les premières traces de l'écriture, les premiers textes de littérature... Et parmi ceux-ci, le plus ancien de tous, Gilgamesh. Nous voici donc devant le premier récit de l'histoire qui nous soit parvenu. Il y a cinq mille ans. Premier d'entre tous, il interroge déjà ce que les textes et toutes les littératures à venir ne cesseront d'interroger : la vie, l'amour, la mort... Nous voici par conséquent non seulement devant l'origine même de la narration, mais aussi devant toutes les interrogations secrètes qui vont hanter la narration, justifier peut-être son existence.
Le récit de Gilgamesh est cette blessure primordiale dont la narration garde toutes les traces d'une cicatrice secrète.
Extrait de la présentation
« Le plus vieux et l'un des beaux de ces récits, c'est la légende de Gilgamesh. Même ceux qui ne lisent que des « livres éprouvés » et qui tiennent mordicus à des « valeurs sûres » peuvent plonger dans ce récit sans le moindre risque : l'histoire a circulé pendant des siècles avant d'être notée par écrit et la rédaction elle-même remonte à cinq mille ans. [...] Partout, d'un récit à l'autre, les mêmes mythes se répondent, profonds, riches, révélateurs. Partout, l'homme est le même, dressé contre la violence, à la recherche de l'amour et de l'immortalité, de l'amitié et de la justice. »
LAURENT LAPLANTE, Le peuple hebdo, 6 novembre 1979