Certaines l’ont appelé Effondrement.
D’autres y ont vu le grand Début.
Sur la terre rendue aux tempêtes de poussière et aux crues, il ne reste plus beaucoup d’humaines. Quelques-unes sont parvenues à fonder la grande verdure, communauté perchée dans les hauteurs d’une ville abandonnée. Nouvelle façon de vivre ensemble : on habite en Logis (celui des Cactus s’occupe de la subsistance, les Consoudes veillent au soin…) et l’on attribue des rôles diplomatiques aux plantes qui accompagnent nos conversations. Mais Lierre Hélix ne supporte plus de multiplier les précautions pour empêcher l’émotion de surgir. Elle est en colère. Elle s’en va.
En fuite dans les ruines, Lierre découvre qu’une silhouette vit sur leur territoire, dans les plis de leur surveillance. Acrobate hors pair, maraîchère et porteuse de fantômes, Sable déborde de larmes et d’amours, oui, Sable déborde toujours. Sa présence semble inconciliable avec la vie codifiée de la grande verdure, peut-être incapable de faire une place à des personnes différentes. À quelle distance se tenir pour habiter ensemble, sans étouffer ?
Alors que les fictions post-apocalyptiques encensent habituellement la liberté individuelle comme seul refuge (« Ne faites confiance à personne », « Tirez à vue »), ce premier roman de Lucie Heder est un conte féministe de la reconstruction, à mi-chemin entre Tabor (Phoebe Hadjimarkos Clarke) et Viendra le temps du feu (Wendy Delorme). Une société idéale peinant à se remettre en cause, un réalisme magique qui soigne ensemble la terre polluée et les humaines traumatisées ; qui fait pousser les espoirs, les composts et les intersections.