William MORRIS Titre original : The Well at the World's End, 1896 Première parution : Hammersmith (Londres), Royaume-Uni : Kelmscott Press, 1896ISFDB Cycle : Le Puits au bout du monde (omnibus)
AUX FORGES DE VULCAIN
(Paris, France) Dépôt légal : novembre 2016, Achevé d'imprimer : octobre 2016 Première édition Roman, 400 pages, catégorie / prix : 28 € ISBN : 978-2-37305-016-5 Format : 22,0 x 27,5 cm✅ Genre : Fantasy
Rodolphe, le plus jeune fils du roi des Haults-Prés, s’enfuit de la maison paternelle pour partir en quête d’aventures et connaître la vie de chevalier errant. Chemin faisant, il apprend l’existence d’une source magique à l’eau miraculeuse et se met en devoir de la découvrir. Son épopée le mènera par-delà les citadelles des hommes, les forêts enchantées et les landes sauvages. Le jeune héros y rencontrera un grand nombre de figures extravagantes qui bouleverseront sa vision du monde, du Bien et du Mal, et de lui-même.
Grand roman d’aventures, ce texte est l’acte de naissance de la fantasy, croisement du récit de chevalerie à la Walter Scott et du conte. La Source au bout du monde, ici présentée en français pour la première fois dans sa version intégrale, n’a cessé de nourrir l’imaginaire des plus grandes plumes de la langue anglaise. Lewis et Tolkien lui attribuaient la paternité d’une nouvelle forme d’écriture. Orwell, Joyce et London voyaient dans ce texte la promesse d’un communisme libertaire et fraternel. Mêlant les codes littéraires du merveilleux et du roman d’apprentissage, cette geste s’empare du fantastique pour placer dans l’esprit de ses lecteurs les ferments d’une révolte nécessaire, éprise de liberté et d’égalité.
William Morris (1834-1896) fut designer textile, imprimeur, écrivain, poète, conférencier, peintre, dessinateur et architecte, célèbre à la fois pour ses œuvres littéraires, son engagement politique, son travail d’édition et ses créations décoratives. Membre de la Confrérie préraphaélite, il fut un des initiateurs du mouvement Arts & Crafts.
1 - Anne BESSON, Découvrir William Morris : aux sources de la Fantasy, une fontaine de jouvence, pages 7 à 13, préface
Critiques
Avant de parler de La Source…, il faut dire quelques mots de William Morris, l’auteur injustement méconnu de ce roman présenté comme la grande œuvre picaresque de l’époque victorienne.
William Morris (1834-1896) est un artiste britannique polyvalent, membre du groupe Arts & Crafts, poète, écrivain, dessinateur, architecte, imprimeur… C’est aussi un militant socialiste et un écologiste radical infatigable qui pourfendait avant l’heure la société de la marchandise, et ajouta à ses discours et pamphlets une touche romanesque avec Un rêve de John Ball, une fable morale qui parle de voyage dans le temps et d’émancipation. C’est dans cette même veine que s’inscrit la bien plus ambitieuse Source au bout du monde.
Moyen-Âge rêvé. Rodolphe, fils cadet du roi des Hauts-Prés, s’enfuit du château de ses parents – de bons et sages seigneurs – pour partir à l’aventure et à la découverte du monde. Il apprend vite la légende d’une mystérieuse source, loin, si loin, qui donnerait puissance et longévité à ceux qui y boiraient. En chemin, il connaît moult aventures et périls sans nombre, aime deux femmes qui l’aiment et l’aident toutes deux, est le témoin aussi du malheur que subissent les peuples gouvernés par de mauvais souverains. À l’issue d’une quête aussi longue que périlleuse, Rodolphe boit à la source magique puis revient dans le royaume de son père. L’enfant est devenu un homme, il a vu des merveilles, vaincu des ennemis redoutables, retrouvé puis épousé la dame de ses pensées. Il est maintenant prêt à régner dans la justice et pour le bien du peuple.
Écrit dans un style à mi-chemin entre conte et roman de chevalerie, La Source… est un roman d’une lecture agréable et facile qui ramènera le lecteur aux souvenirs les plus doux des épopées de son enfance. Il y croisera des chevaliers justes ou félons, des brigands, une sorcière, un ours, des traîtres, des lascars, et devra, à la fin, chasser les brigands qui menacent son pays avec l’aide d’une armée de tous les amis qu’il s’est fait. Présenté comme un des premiers textes de fantasy, le voyage aller/ retour de La Source… évoque bien sûr Le Hobbit, et l’opposition entre bon et mauvais souverains, esclavagistes et artisans, dans un monde que l’industrie n’a pas encore flétri, « Le Seigneur des Anneaux ». On pense aussi à la quête du Graal.
Mais il y a plus. Contrairement aux très chastes héros de Tolkien, ceux de Morris ont un sexe et un cœur ; le roman, tant par son contexte que par ses élans outranciers des sentiments lorgne vers le romantisme, voire le gothique, style que Morris appréciait beaucoup en architecture. Et il y a encore plus. Morris dépeint un héros qui apprend de ses observations, porte attention à la misère sociale – de l’esclavage jusqu’à l’infortune des hommes libres gouvernés par des tyrans –, n’hésite pas à accorder la place prééminente dans son aventure à une femme, trouve amitié et amour au-dessous de sa condition. À la fin, Rodolphe vainc grâce à tout un peuple qui lui fait confiance car il le sait juste. Il régnera pour le bien de tous, illustrant – dans ce roman intemporel mais imprégné de culture chrétienne – la doctrine thomiste : « tout pouvoir vient de Dieu, mais par le peuple ».