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La Science-fiction

Gérard DIFFLOTH



GAMMA-PRESSE (Paris, France), coll. Promo n° 3
Dépôt légal : 4ème trimestre 1964
Première édition
Ouvrage de référence, 96 pages, catégorie / prix : nd
ISBN : néant
Format : 13,3 x 19,9 cm
Genre : Science-Fiction

Couverture : photo du film "Planète interdite". Le dessin de la 4ème de couverture est de Frank Tinsley.


Quatrième de couverture
Les dictionnaires usuels de la langue française connaissent mal — ou pas du tout — le vocable « science-fiction ». La littérature que ce terme englobe n'en attire pas moins un nombre toujours croissant de lecteurs. Par sa clarté, ce livre permet aux nou­veaux adeptes d'y voir plus clair — et aux incrédules d'éprouver leurs opinions.
 
Notre temps aussi a sa formidable Tour de Babel qu'il porte comme un enfer quotidien. Tant de cloisons étanches isolent scientifiques et littéraires, spécialistes et usagers, professionnels et amateurs ! La série « LANGAGE DES HOMMES » fait sauter ces verrous de la civilisation technicienne et propose le dialogue à l'honnête homme du XXème Siècle.
Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - (non mentionné), Gérard Diffloth, pages 2 à 2, biographie
2 - Une appellation non contrôlée, pages 4 à 5, introduction
3 - Les Racines de la science-fiction, pages 6 à 21, article, illustré par Alphonse de NEUVILLE
4 - Des pionniers à nos jours, pages 24 à 37, article
5 - Les Romans moins réussis que les nouvelles, pages 38 à 50, article, illustré par Jean-Claude FOREST
6 - Répertoire des thèmes favoris, pages 51 à 73, article
7 - La Science-fiction à quoi bon ?, pages 74 à 87, article, illustré par Jean-Claude FOREST
8 - Une affinité étroite unit la science-fiction et la fiction, pages 90 à 91, conclusion
9 - Si vous voulez en savoir plus, pages 92 à 93, bibliographie
Critiques

    Porté par un ouvrage de moins de cent pages – dont plusieurs sont consacrées à des illustrations – un titre aussi général implique un choix de la part de l'auteur. Ce que Gérard Diffloth semble avoir cherché à rédiger est, principalement, une plaidoirie adressée à des lecteurs profanes.

    Remontant comme de juste aux origines, et même aux précurseurs, il intitule la première partie de son étude Les racines de la science-fiction, et cherche les liens entre ce genre littéraire d'une part, l'épopée, l'utopie, les récits mythiques et les contes de fées de l'autre. Qu'il y ait, là comme ici, des motivations de l'inconscient, la chose est difficilement contestable. Mais Gérard Diffloth ne paraît pas suffisamment dominer la psychologie pour les dégager. De plus, il ne définit pas clairement ce qu'il nomme science-fiction : sans doute une telle définition est-elle inévitablement subjective (en partie tout au moins) mais elle permet de poser les fondations d'un raisonnement et d'une argumentation. Peut-être faut-il voir une définition indirecte à la page 12, là où l'auteur écrit : …la Science ou la Technique a pu inspirer les conteurs de jadis, mais jamais de façon systématique et prolongée, c'est pourquoi on ne peut parler encore de sf. Admettons. Mais ce manque de précision joue des tours à l'auteur, puisqu'il l'amène à écrire (en cette même page 12, et à quelques lignes d'intervalle), d'une part que les utopies ne font pas partie de la sf, et de l'autre que l'on trouve parmi les utopies de véritables anticipations, au sens que donne la sf à ce mot. 

    En fait, cette première partie permet de distinguer la faiblesse principale de ce travail (faiblesse qui éclate encore plus nettement, ainsi qu'on aura l'occasion de le remarquer, sur le plan strictement historique) : les connaissances de l'auteur sont évidemment insuffisantes pour présenter un panorama – ou une simple esquisse – de la science-fiction. C'est ce défaut qui lui fait dénoncer (page 20) le pessimisme de la science-fiction occidentale, ce qui est une généralisation pour le moins abusive. Et c'est sans doute à la même cause qu'il faut attribuer l'affirmation selon laquelle la plus grande partie de la science-fiction « populaire » (c'est-à-dire de qualité inférieure) serait américaine d'origine et d'inspiration : Gérard Diffloth oublie là de tenir compte de diverses gloires bien françaises dont les signatures apparaissent trop régulièrement sur les volumes du Fleuve Noir. C'est peut-être là un lapsus dû à un travail hâtif : rendons à l'auteur justice, il prouve plus loin (page 39) qu'il connaît cette collection, et aussi qu'il se fait une idée correcte de sa valeur moyenne. Son omission antérieure permettait, il est vrai, une opposition facile, et propre à piquer la curiosité du profane : d'un côté le pessimisme anglo-saxon, de l'autre l'optimisme soviétique…

    La première partie se termine par un aveu explicite : n'ayant pas adopté de définition, écrit l'auteur, nous pouvons choisir arbitrairement une date ou un moment dans ce mouvement littéraire, choix qui constituera en quelque sorte une définition. La chose est naturellement possible, mais il en résulte une large part d'arbitraire dans une présentation historique (ou plus exactement pré-historique) comme celle qui précède cette remarque.

    Le fait est que Gérard Diffloth a écrit les pages les plus acceptables de cet ouvrage lorsqu'il s'est permis, délibérément, d'être subjectif. Dans le chapitre Répertoire des thèmes favoris, il présente une sorte de raccourci de thèmes importants, sans références, en simplifiant parfois exagérément, mais avec une certaine verve. On peut également porter à son actif la lance qu'il rompt en faveur de la nouvelle, peu appréciée du lecteur français, mais non la manière dont il entreprend son apologie : il le fait, en partie, en rabaissant la qualité moyenne des romans. Désir de présenter des images vivement contrastées, documentation insuffisante, ou simple déficience du sens critique ? La dernière possibilité ne doit pas être rejetée arbitrairement, car Gérard Diffloth écrit au sujet de la collection Présence du futur (page 43) : en toute occurrence l'originalité du sujet et la qualité littéraire sont assurées. Qu'il y ait d'excellents titres dans la collection, chacun en conviendra ; mais on ne peut passer sous silence le fait qu'on y trouve aussi des choses lamentables : Les faits d'Eiffel, La foire des ténèbres, Billets de logement, Le règne du bonheur, Le chemin de la lune, Mémoires d'une femme de l'espace, La voix des dauphins, La république lunatique, interdisent de saluer « en toute occurrence » l'originalité et la qualité littéraire.

    Plus grave encore est la documentation Insuffisante, sur le plan purement historique, dont témoignent ces pages. Dans le chapitre intitulé Des pionniers à nos jours, on trouve des incorrections, de fait qui sont inadmissibles lorsqu'on se propose de renseigner le lecteur sur un sujet donné. Le relevé qui suit ne prétend nullement être exhaustif.

    L'auteur déclare que la revue Argosy-all story publiait en 1917 déjà des nouvelles de science-fiction, alors que le titre Argosy-all story weekly ne fut adopté qu'en 1920. Il affirme que Astounding science-fiction apparut en 1927 ; en réalité, c'est en 1930 que commença à paraître un magazine nommé Astounding stories of super-science, qui prit en mars 1938 le titre de Astounding science-fiction. À en croire Gérard Diffloth, il y avait en 1937 trente-cinq revues se rattachant à la science-fiction sur le marché ; on ne peut que comparer cette affirmation avec celle d'Anthony Boucher (dans son étude The publishing of science-fiction, faisant partie du volume Modem science-fiction) selon laquelle le nombre de tels magazines était alors de quatre exactement. Gérard Diffloth situe en 1945 la disparition de Unknown (qui eut lieu en 1943). Il la fait contemporaine de Beyond, qui parut de 1953 à 1955, et à peu près contemporaine du changement du nom d'Astounding science-fiction en Analog science fact and fiction, lequel fut effectué au cours de l'année 1960. Une ou deux erreurs de ce genre seraient certes excusables ; mais l'auteur en commet bien plus. 

    Il n'est d'ailleurs guère nécessaire de les relever toutes. Leur présence suffit à indiquer les limitations de la documentation avec laquelle ce travail a été entrepris. Bien intentionné, mais trop superficiel ; enthousiaste, mais imprécis : s'il a raison en déclarant que la science-fiction est encore insuffisamment connue, Gérard Diffloth montre aussi clairement, bien qu'involontairement, qu'on ne s'en improvise pas spécialiste. Un petit livre qui eût pu être utile ne devient, en fin de compte, qu'une adjonction nouvelle au rayon des mauvaises présentations d'un excellent sujet.

Demètre IOAKIMIDIS
Première parution : 1/10/1965 dans Fiction 143
Mise en ligne le : 30/6/2023

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