China MIÉVILLE Titre original : Looking for Jake and Other Stories, 2005 Première parution : Londres, Royaume-Uni : Macmillan UK, septembre 2005ISFDB Traduction de Nathalie MÈGE Illustration de Benjamin CARRÉ
FLEUVE NOIR / FLEUVE Éditions
(Paris, France), coll. Outre Fleuve Date de parution : 8 octobre 2020 Dépôt légal : octobre 2020 Première édition Recueil de nouvelles, 366 pages, catégorie / prix : 24,90 € ISBN : 978-2-265-09857-2 Format : 13,9 x 21,1 cm✅ Genre : Imaginaire
Quatrième de couverture
Entrez dans un Londres post-apocalyptique ravagé par des créatures surnaturelles... Dans la novella « Le Tain », récompensée par le prix Locus, Miéville imagine que nos miroirs abritent des êtres d'une nature incertaine. Réduits à une condition de simple reflet après avoir été défaits par les hommes, ils attendent leur heure... Une fois libérées, ces créatures assouvissent sans merci leur désir de vengeance. Un seul survivant au milieu de l'apocalypse, Sholl, va tenter de rassembler ce qu'il reste de l'humanité pour résister.
Contenant treize autres nouvelles, ce recueil offre un merveilleux aperçu de l'imagination virtuose de China Miéville. Certaines histoires sont inédites, dont la nouvelle « Jacques » située dans l'univers de Perdido Street Station.
Auteur multirécompensé, China Mieville est aujourd'hui une figure incontournable des littératures de l'imaginaire contemporaines. Il a notamment obtenu le prix Arthur C. Clarke, le British Science Fiction Award et le Grand Prix de l'Imaginaire (meilleur roman et meilleure traduction) pour Perdido Street Station en 2004.
1 - En quête de Jake (Looking for Jake, 1998), pages 11 à 30, nouvelle, trad. Nathalie MÈGE 2 - Fondations (Foundation, 2003), pages 31 à 42, nouvelle, trad. Nathalie MÈGE 3 - Emma BIRCHAM & China MIÉVILLE & Max SCHAEFER, La Piscine à balles (The Ball Room, 2005), pages 43 à 62, nouvelle, trad. Nathalie MÈGE 4 - De certains événements survenus à Londres (Reports of Certain Events in London, 2004), pages 63 à 92, nouvelle, trad. Nathalie MÈGE 5 - Familier (Familiar, 2002), pages 93 à 113, nouvelle, trad. Nathalie MÈGE 6 - Entrée tirée d'une encyclopédie médicale (Buscard's Murrain / Entry Taken From A Medical Encyclopedia, 2003), pages 115 à 121, nouvelle, trad. Nathalie MÈGE 7 - Les Détails (Details, 2002), pages 123 à 144, nouvelle, trad. Nathalie MÈGE 8 - Intermédiaire (Go Between, 2005), pages 145 à 164, nouvelle, trad. Nathalie MÈGE 9 - Un autre ciel (Different Skies, 1999), pages 165 à 186, nouvelle, trad. Nathalie MÈGE 10 - Mort à la faim (An End to Hunger, 2000), pages 187 à 207, nouvelle, trad. Nathalie MÈGE 11 - De saison ('Tis the Season, 2004), pages 209 à 225, nouvelle, trad. Nathalie MÈGE 12 - Jacques (Jack, 2005), pages 227 à 242, nouvelle, trad. Nathalie MÈGE 13 - Sur le chemin du front (On the Way to the Front, 2005), pages 243 à 255, bande dessinée, trad. Nathalie MÈGE, illustré par Liam SHARP 14 - Le Tain (The Tain, 2002), pages 257 à 354, nouvelle, trad. Nathalie MÈGE 15 - (non mentionné), Sources, pages 357 à 357, bibliographie
Critiques
China Miéville est un auteur singulier, qualifié d’hybride pour son goût à mêler les genres sans aucun respect des règles, au style marqué et clivant : on l’aime ou on le déteste. Principalement connu chez nous pour son « Cycle de Bas-Lag » (cf. le dossier du Bifrost n°53), il s’est imposé comme l’un des plus brillants représentants du New Weird. On oublie parfois qu’il est aussi l’auteur d’une cinquantaine de textes courts dont certains furent réunis dans le recueil Looking for Jake (2005). Les éditions Fleuve nous proposent la traduction en français – sublimée par Nathalie Mège – de ce recueil dans son intégralité, sous le titre En quête de Jake, une formidable occasion de découvrir l’auteur sous la forme courte – dans laquelle il se révèle particulièrement convaincant. Le recueil regroupe douze nouvelles, une nouvelle graphique et une novella. Cette dernière, « Le Tain », a reçu le prix Locus en 2003. Notons enfin que les nouvelles « Compte-rendu de certains événements » et « Détails » furent publiées dans Bifrost, respectivement dans les numéros 53 et 74.
Il se peut que les lecteurs regrettent le manque d’homogénéité des textes de ce recueil en termes de qualité ; on passe de l’anecdotique à l’excellent en quelques pages. Mais il y a fort à parier que, selon ses goûts propres, chacun jettera dans ces catégories l’une ou l’autre des nouvelles sans qu’aucun consensus critique n’émerge. Car c’est l’étrange qui ici s’impose entre les fissures et les éclats de la ville de Londres peinte par l’auteur, et l’étrange réclame l’acceptation pleine et entière du lecteur. Il ne faudra pas chasser l’explication et guetter la résolution, mais se laisser porter par les impressions, les ambiances, les reflets dans le miroir, les lueurs au-delà des fenêtres ou les formes qui se dessinent dans les craquelures au mur. Ce sont d’autres cieux. Ce sont des portraits de personnages à la limite de la folie, basculant d’un côté ou de l’autre au gré des vents fantastiques qui soufflent entre les pages. C’est aussi un regard politique porté sur le monde – peut-on attendre autre chose de Miéville ? – où parfois l’horreur se cache dans l’espace jeux d’un grand supermarché, où parfois on privatise les chants de Noël, ou toujours l’individu se fait broyer par des forces qui lui sont supérieures. Les tours de passe-passe de Miéville l’illusionniste révèlent sur l’ensemble du recueil la grande cohérence de sa vision dans la peinture d’une ville tour à tour post-apocalyptique, enchantée ou dépressive, future, actuelle ou passée.
De l’excellent, donc, qui justifie amplement qu’on lise ce recueil ? Pour moi, ce sera « En quête de Jack », lettre amoureuse dans une ville devenue son ombre, « La Piscine à balles », une horreur classique transportée à Ikea, « Compte-rendu de certains événements survenus à Londres », certainement la nouvelle la plus aboutie, qui raconte des rues sauvages apparaissant et disparaissant à loisir – quelle idée sublime ! –, et « le Tain », une longue variation marxiste sur le thème du zombie.