Site clair (Changer
 
    Fiche livre     Connexion adhérent
Le Masque de sang

Maurice PÉRISSET


Illustration de WOLKOLL

DOMINIQUE LEROY , coll. Écrits de l'ombre suivant dans la collection
Dépôt légal : 3ème trimestre 1972
Première édition
Recueil de nouvelles, 180 pages, catégorie / prix : nd
ISBN : néant
Genre : Fantastique


Quatrième de couverture
     Un monde insolite, plein de pièges, de visions étranges, d'abîmes sulfureux, où l'innocence côtoie le macabre, où le fantastique prend parfois un redoutable aspect quotidien, tel est l'univers où nous entraine Maurice Perisset.

     Un paysage désolé d'Ardèche ployant sous la pluie, une rue de petite ville de province où rien ne se passe, une piscine éclaboussée de bleu de la Côte d'Azur, servent de décor à des histoires envoûtantes où, d'abord, tout parait simple, facile. Au fil des pages, alors que l'éclairage change presque imperceptiblement, naissent l'inquiétude, puis la peur. Fasciné par l'apparat funèbre, que va faire Jacques, chaque soir, dans cette rue où l'on cloue des cercueils ? Qu'arrivera-t-il à Gilles, d'un beauté troublante, prisonnier de l'image que lui renvoie les eaux de la piscine où il joue ? Que se passe-t-il dans cette maison perdue sous les arbres où le passé rejoint le présent, où la mort fixe d'étranges rendez-vous ? Et quelle terrible réalité rejoint cette photo, blessée par la chute d'un cadre, lentement envahie par un sang épais ?

     Ce livre passionné et passionnant témoigne d'une originalité, d'un sens étonnant de l'étrange et d'une efficacité dans l'écriture qui combleront les plus exigeants lecteurs de récits fantastiques.

     Quand il ne s'occupe pas du festival du Jeune Cinéma, qu'il a créé un 1965 — festival qui a révélé au grand public les noms de : Claude Lelouch, René Allio, André Delvaux, Nadine Trintignant, Edouard Luntz, Philippe Garrel, José Varéla, Guy Gilles, Rachel Weinberg et de bien d'autres — Maurice Périsset écrit. Des poèmes d'abord : « Cruauté des abîmes », « L'Ecuyer de sel ». De son dernier recueil : « La couture qui les a jointes », Michel Cournot a dit : « Ces très beaux poèmes combles, brûlants, merveilleux, grands bouquets qu'on dirait ramassés en courant dans les jardins du roi Arthur, la nuit ». Des romans insolents : « Julien ou les soleils bleus », « Les Promesses ». Des biographies, aussi, qui sont des ouvrages de référence : « Raimu », « Gérard Philipe ». Un pamphlet : « A bas le cinéma » qui fustige avec violence et ironie une certaine démission du cinéma francais.

     Il aborde aujourd'hui, avec un rare bonheur, la littérature fantastique et les récits étranges, insolites, poétiques qu'il rassemble sous le titre : « Le masque de sang » révèlent un nouvel aspect — et non des moindres — de son talent.
Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - L'Ordre, pages 11 à 43, nouvelle
2 - La Grille, pages 47 à 68, nouvelle
3 - Le Masque, pages 71 à 119, nouvelle
4 - Le Signe, pages 123 à 149, nouvelle
5 - Le Miroir, pages 153 à 176, nouvelle
Critiques
     Un critique digne de ce nom œuvrant dans une revue digne de ce nom (le soussigné et Fiction possèdent naturellement ce coefficient de dignité) reçoit de temps à autre des bouquins qui semblent venir de nulle part et risquent fort de ne pas aller bien loin : c'est le cas de Le masque de sang de Maurice Périsset, publié par les Editions Dominique Leroy, très certainement une de ces maisons artisanales qu'une grande sympathie pour ce qui échappe aux monopoles me poussera toujours à défendre, en vigoureux partisan de Gérard Nicoud que je suis. Hélas, ces petits produits ne valent souvent que par leurs intentions, et le plaisir éphémère qu'éprouve un auteur marginal à voir son œuvre imprimée sur du papier broché. Je ne connais pas Maurice Périsset, mais sa bibliographie est déjà forte d'une dizaine d'ouvrages les plus divers, qui vont de l'essai cinématographique à la poésie, et sont sortis de maisons d'édition aux noms tellement charmeurs que je ne résiste pas au désir de les livrer au sens poétique de nos lecteurs : Les Feuillets de l'Ilot, Les Cahiers de Rochefort, Les Presses du Mail, les Editions du Dauphin, Le fil d'Ariane... Si un jour je commets une œuvre littéraire, c'est là que j'irai, c'est promis !
     Pour « ses premiers pas dans le fantastique » (m'apprend la dédicace), Périsset a écrit cinq petits contes très « classiques » par le fond, et dont la mise en forme est faite d'une plume qui manie certes correctement l'usage du français mais n'évite pas toujours les clichés. On trouve ainsi dans Le masque de sang des « employés sans âge », des « maisons aveugles », des « ampoules jaunâtres », des « silences feutrés », des « vestiges d'un autre âge », des « tempêtes qui font rage », et autres ratons laveurs dont l'inventaire complet serait, je l'avoue, d'une mesquinerie critique peu en rapport avec la dignité dont je parlais plus haut. A vrai dire, passé le premier conte, le plus faible, et d'où sont tirées ces quelques perles (L'ordre — où un homme est irrésistiblement attiré, jusqu'à être obligé d'y habiter, par une maison campagnarde où vient de mourir un vieil oncle), on oublie les insuffisances poétiques du langage (et peut-être les textes suivants sont-ils effectivement mieux polis), pour se laisser prendre par l'intrigue de petites histoires sans prétention.
     La grille (à mon avis la meilleure des cinq, parce que la plus simple) nous dépeint l'attirance d'un adolescent pour le travail d'un fabricant de cercueils ; Le masque met en scène un garçonnet infirme terrorisé par sa grande sœur dont il pressent, puis provoque la mort ; Le signe est une petite variation sur le vampirisme ; Le miroir narre la fin épouvantable d'un bel éphèbe doublé d'un Adonis, qui voit I'eau de la piscine où il a l'habitude de se mirer se transformer en algues vivaces qui le dévorent.
     A ce point de conformité dans les thèmes, il est bien inutile de chercher des influences ou des points de rencontre. Toutefois, les textes de Périsset peuvent lointainement évoquer Daniel Boulanger, en ce qu'ils sont, comme ceux de ce maître conteur, enracinés dans des petits bourgs de province aux volets clos, aux maisons calmes derrière les façades desquelles tout peut arriver... à condition d'avoir un bon œil intérieur et un peu d'imagination.
     Il est toujours tentant, dans un cadre fantastique, de rechercher entre les lignes ce que l'usage de l'étude psychanalytique nous inciterait à y trouver... ou à y mettre. Car autant la SF, ouverture sur l'extérieur, incite à un décryptage marxiste, autant le fantastique, plongée intérieure, réclame son tartinage freudien (encore que les deux systèmes soient beaucoup plus complémentaires qu'exclusifs). Je décèlerai donc le complexe d'Œdipe dans Le masque — mais un Œdipe opérant par transfert, puisque le petit garçon qui est le héros de l'histoire, et dont la mère ne s'occupe pas, reporte son affection/haine sur sa sœur aînée, qui subira le châtiment dès lors qu'elle aura pris un amant. Le signe et Le miroir, quant à eux, sont tous les deux centrés sur une amitié masculine si évidemment homosexuelle qu'on se demande pourquoi l'auteur a traité cet aspect avec tant de timidité et de faux-fuyants. Autocensure, peut-être ?...
     Bref, on sort de ce Masque de sang en se disant ce que l'on se murmure à propos de deux livres sur trois : sa lecture est plutôt agréable, mais il ne laissera pas beaucoup de trace dans les esprits après coup. Ce qui fait que je me demande maintenant si j'ai été trop sévère ou pas assez. On m'objectera que, dans cette incertitude, j'aurais pu aussi bien me taire. Mais, messieurs, et le devoir ?...

Denis PHILIPPE
Première parution : 1/9/1973 dans Fiction 237
Mise en ligne le : 3/12/2002

retour en haut de page

Dans la nooSFere : 87299 livres, 112256 photos de couvertures, 83735 quatrièmes.
10815 critiques, 47167 intervenant·e·s, 1982 photographies, 3916 adaptations.
 
NooSFere est une encyclopédie et une base de données bibliographique.
Nous ne sommes ni libraire ni éditeur, nous ne vendons pas de livres et ne publions pas de textes. Trouver une librairie !
A propos de l'association  -   Vie privée et cookies/RGPD