Site clair (Changer
 
 Fiche livre   Connexion adhérent
Satan parmi nous

Roland VILLENEUVE

Première parution : Paris / Genève : France : La Palatine, 1961

Illustration de (non mentionné)

MARABOUT - GÉRARD (Verviers, Belgique), coll. Univers secrets précédent dans la collection n° 457 suivant dans la collection
Dépôt légal : 1973
Essai, 160 pages, catégorie / prix : 1
ISBN : néant
Genre : Hors Genre

Dépôt légal belge : D.1973/0099/137



Quatrième de couverture
Satan ! Parler de Satan, c’est évoquer les tentations, les possessions, les sabbats, les envoûtements, les messes noires... Chacun sait que depuis toujours « le personnage » a accompagné les hommes, dans leurs rêves comme dans leur vie de tous les jours. Et, par extraordinaire, ce sont souvent les œuvres d’art qui attestent le mieux de sa présence au sein du monde, qui cristallisent sans détour ses mille et une manifestations. Ce livre, richement documenté, trace un itinéraire périlleux : le commerce éternel entre les hommes et le Diable...
Critiques

    En quoi un ouvrage consacré à Satan, ses pompes et ses œuvres peut-il intéresser une revue vouée au double culte du fantastique et de la science-fiction ? « Le fantastique, qui est de tous les temps, est le cousin sinon le frère du diabolique. Mal satisfaite par le spectacle commun des êtres et des choses, l'imagination humaine s'est toujours passionnée pour celui de l'autre monde, » répond Roland Villeneuve.

    Sur les huit ouvrages de l'auteur, parus ou à paraître, cinq ont pour sujet le Diable, et le sixième, « Gilles de Rays », révèle un personnage dont les égarements et la sensualité effervescente portent le sceau d'une malédiction infernale. Villeneuve est donc un familier du Malin, dont les très anciens traités de démonomanie de Pierre de Lancre. Boguet, Bodin, Jean de Wier, les œuvres de Michelet, Nerval, Chirico, Breton, ont dévoilé une personnalité horrifique et des ressources exécrables qui n'ont point de secret pour lui. Cette fois, il a choisi d'évoquer la permanence de Satan d'après les représentations iconographiques de l'Art Occidental. Des années vouées à la collection et à la recherche démonomaniaque, de fréquents voyages à l'étranger, ont permis à l'auteur de retrouver, dans la pierre de modestes églises comme dans la toile du plus lointain musée flamand, le passage du malin, si fugitif soit-il, dans l'inspiration d'artistes souvent demeurés inconnus. 

    Giotto, Jacques Callot, Hans Weiditz, Grunewald, Bosch. Breughel le vieux, Granville, Odilon Redon, Gustave Doré, Maurice Sand, W. Blake, Boulanger, Tony Johannot, Goya, Léonor Fini, Picasso, Buffet, Chas Addams, Jean Effel, Jean Boullet, Labisse, lui permettent de retrouver tentations, possessions, métamorphoses des sorciers, sabbat et messes noires et d'en rassembler les manifestations et descriptions dans une puissante et précieuse synthèse. Le seul défaut de ce livre est l'absence de gravures : il est navrant que les conditions actuelles de la librairie française en réservent l'édition illustrée à la seule Italie. À cette carence, supplée un style châtié, dont l'élégance ne diminue en rien la couleur et la vigueur de l'imagination. Voici comment l'auteur interprète une gravure de Frans Francken (1607) : 

    « Dans la nuit saturée d'odeurs alcalines et bestiales, les litanies du rut succédaient aux répons de l'office et aux horreurs du banquet… Sous la voûte céleste qu'éclairent le long trace des météores, les yeux brasillants des démons et des chandelles de graisse humaine, les sorcières s'apprêtent à enfourcher leur balai. Une bohémienne plantureuse se déshabille tout à côté d'une sinistre vieille qui grave les hosties de la messe noiredont se gorgent les crapauds, sautant parmi les crânes, les mandragores et les pentacles. D'autres remuent les chairs dans le chaudron, se font oindre le dos ou, déjà transformées en faunesses, prennent pour tremplin les voûtes d'un gibet… Une pâle clarté tombe sur les seins délicats de la bohémienne, la jambe gracile d'une débutante, le ventre a une femme morte sans repentir. » 

    Plus original (car il recense des manifestations souvent vierges d'analyse), le chapitre consacré au diabolique dans l'art moderne. La raillerie légère y cède bientôt le pas à la causticité. Mais aucune aigreur ne guide l'auteur dans cette dénonciation des servitudes modernes. Au contraire, il clôt son livre passionnant et passionné par un trait dont l'humour est visiblement d'inspiration diabolique. Après avoir rappelé la menace des fumées poussées comme un champignon, sur un inoffensif atoll, il écrit : « Il ne sera plus de saison de rechercher comme le fait « l'Observatore Romano » si la queue du diable apparaît ou n'apparaît pas dans les films contemporains… Nous serons tous alors dans son ventre ! »

Francis LACASSIN
Première parution : 1/1/1962 dans Fiction 98
Mise en ligne le : 2/1/2025

retour en haut de page

Dans la nooSFere : 87297 livres, 112237 photos de couvertures, 83733 quatrièmes.
10815 critiques, 47166 intervenant·e·s, 1982 photographies, 3916 adaptations.
 
NooSFere est une encyclopédie et une base de données bibliographique.
Nous ne sommes ni libraire ni éditeur, nous ne vendons pas de livres et ne publions pas de textes. Trouver une librairie !
A propos de l'association  -   Vie privée et cookies/RGPD