LA METEO INFERNALE
George Stone est, nous dit-on, américain et météorologue : à l'évidence il connaît donc parfaitement le sujet traité dans ce livre. J'ajouterai que Blizzard est peut-être davantage l'œuvre du météorologue que de l'écrivain. Mais, bizarrement (j'allais dire « blizzarement » : il a fallu que je me retienne...), cela n'a pas grande importance. L'impact essentiel du livre tient probablement au fait, justement, que la narration ne s'embarrasse pas de « littérature ».
Blizzard n'est pas un roman. Je veux parler du processus de narration. Il s'agirait plutôt d'un scénario, parfaitement découpé et développé. Présentation des personnages (un certain nombre) vus de l'extérieur et qui surgissent les uns après les autres, au fil de l'action. Suspense de bonne qualité épicé de moult rebondissements. Et si les personnages-acteurs du drame manquent un peu d'épaisseur, on ne leur demande pas l'impossible : ils sont davantage des pions qui glissent suivant les règles d'un jeu qui les dépasse. Le sujet ? Voici : un jour, le mercredi 20 décembre, un scientifique ayant récemment démissionné d'un projet ultra-secret est enlevé alors qu'il achète un sapin de Noël, enlevé et exécuté. Ce même jour, la neige se met à tomber sur une partie de la côte des Etats-Unis. Contrairement aux prévisions de la météo, cette neige ne s'arrête plus, la température très localisée fait fureur, jour après jour, et la neige submerge tout, son épaisseur atteignant parfois des hauteurs fantastiques, recouvrant des immeubles de quatre étages. La tempête est-elle naturelle ? Ou provoquée ? Et dans ce cas, par qui, pourquoi ? Les navires soviétiques (il y a souvent un navire soviétique de service dans ce genre d'épopée !) qui se trouvent à proximité de la périphérie de la tempête ? Les satellites (soviétiques !) dont les orbites se croisent en un point précis à la verticale de l'ouragan ? Allez savoir.
Rassurez-vous : si vous attendez une explication par trop manichéenne, vous serez surpris.
Rien ne manque, donc, dans ce scénario de film-catastrophe : les chasses-croisés des différents protagonistes en antagonistes, les courses-poursuites et les marathons héroïques qui doivent vaincre toutes sortes de dangers, les effets grand-spectacle (davantage suggérés que minutieusement décrits, ce qui n'est pas plus mal) causés par tant et tant de neige : la Maison Blanche elle-même n'y résistera pas. Et le blizzard. Et la conclusion qui... mais je ne dirai rien.
Au fait, est-ce encore la mode des films-catastrophes ? Si oui, on risque fort de retrouver toute cette neige sur nos écrans, un de ces quatre matins, et Charlton Heston dans le rôle du météorologue-sauveur Paul Garfield.
Pierre PELOT (site web)
Première parution : 1/5/1979 dans Fiction 301
Mise en ligne le : 10/1/2010