VRIN
(Paris, France), coll. Pour demain Date de parution : 15 septembre 2022 Dépôt légal : septembre 2022, Achevé d'imprimer : août 2022 Première édition Essai, 148 pages, catégorie / prix : 12 € ISBN : 978-2-7116-3014-1 Format : 11,3 x 17,8 cm❌ Genre : Science-Fiction
Le livre comporte trois chapitres : I - Genèse et portée d'un néologisme (pp 47-78), II - Histoire et préhistoire (pp 79-126) et III - Regard sur l'évolution de la SF au XXe siècle (pp 127-144).
Quatrième de couverture
" Pour Gilbert Hottois, la science-fiction nous aide à penser le futur en confrontant le lecteur à tous les avenirs imaginables. Pétrie de fantasmes et de spéculations transhumanistes, la science-fiction est un lieu idéal pour tester symboliquement les limites de l'humain. La grande science-fiction - de Stapledon à Egan, Banks ou Benford, en passant par Clarke, Lem et quelques autres - conduit de façon passionnante au seuil des singularités.
Toutes les merveilles et toutes les abominations sont là, écrites : toutes les utopies, toutes les apocalypses, toutes les transfigurations et tous les anéantissements, tous les progrès et toutes les régressions... La rhétorique de la science-fiction dit que l'espèce humaine peut errer et s'autodétruire ou être victime d'un cataclysme cosmique, mais aussi poursuivre indéfiniment l'exploration et l'invention de soi-même et de l'univers.
" (Jean-Noël Missa)
1 - Jean-Noël MISSA, Gilbert Hottois et la science-fiction, page 7, préface 2 - Une première occurence oubliée, page 47, article 3 - Hugo Gernsback, inventeur et promoteur de "science-fiction", page 48, article 4 - 1926 : "Scientifiction", page 54, article 5 - 1929 : Science(-)Fiction, page 59, article 6 - Science Wonder Stories : Volume 1, n° 1 ; juin 1926, page 59, article 7 - Wonder Stories, page 63, article 8 - La Décennie 1930 : la science(-)fiction s'impose progressivement : Astounding, Science Fiction, Science-Fiction Plus, page 66, article 9 - D'autres noms pour la sf avant et après Gernsback, page 71, article 10 - Une affaire ancienne qui n'est pas close, page 71, article 11 - Maurice Renard et le "merveilleux-scientifique", page 72, article 12 - Le "merveilleux-scientifique" au-delà de l'utilitarisme progressiste, page 75, article 13 - Quand la sf débute-t-elle ?, page 79, article 14 - La Sf commence avec Hugo Gernsback, page 79, article 15 - La Sf commence avec Mary Shelley, page 82, article 16 - Préhistoire et lettres de noblesse, page 87, article 17 - Ancienneté des thèmes : mondes et formes de vie extraterrestres, page 88, article 18 - Des ancêtres honorables, page 91, article 19 - Lucien de Samosate et les premiers voyages imaginaires dans l'espace, page 92, article 20 - Francis Bacon et l'utopie centrée autour des sciences et des techniques, page 94, article 21 - Johannes Kepler entre science, spéculation et imagination, page 103, article 22 - Cyrano de Bergerac : les voyages imaginaires d'un écrivain philosophe, page 105, article 23 - Fontenelle : la vulgarisation scientifique imaginative et spéculative, page 106, article 24 - Jonathan Swift et les voyages extraordinaires d'un écrivain satirique, page 108, article 25 - Voltaire et le conte philosophique, page 111, article 26 - L'Invention de la fiction futuriste, page 114, article 27 - Une double ascendance, un triple épanouissement, page 122, article 28 - Le "Golden Age", page 127, article 29 - La "New Wave", page 130, article 30 - Le "Cyberpunk", page 137, article 31 - Autour de l'an 2000, page 142, article
Critiques
Qu’est-ce que la science-fiction ? On a beaucoup épilogué sur ce fichu tiret, sur les rapports nécessaires, incestueux ou oxymoriques entre science et fiction, pour finir le plus souvent par conclure, avec Spinrad, que « la SF, c’est tout cequi se publie sous l’étiquette SF ».
Une voix manque pourtant au débat : celle de l’épistémologue. S’interroger sur le rapport de la SF à la science, c’est bien ; mais au fait, d’abord, qu’est-ce donc que la science ?
Il se trouve qu’un philosophe des sciences bien connu, en particulier pour avoir conçu et théorisé le concept de technoscience, Gilbert Hottois (1946-2019), était aussi un amateur et un fin connaisseur de SF, auteur d’un roman, Species Technica (Vrin, 2002). Mieux : la science-fiction était indissociable de son concept-phare, comme il l’expliquait dans Généalogies philosophique, politique et imaginaire de la technoscience(Vrin, 2013).
Hottois travaillait de nouveau, lors de sa récente disparition, à un ouvrage développant sa vision de la SF, ou possiblement de la technoscience-fiction. La seconde partie, « Ambitions et définitions de la science-fiction », en demeurera à l’état d’ébauche ; c’est la première, « Une introduction historique et philosophique », que nous proposent aujourd’hui les éditions Vrin, avec une préface d’un autre philosophe, Jean-Noël Missa.
Étonnamment – ou pas –, Hottois consacre une grande partie de ce qui restera donc, hélas, un demi-essai réduit à sa composante historique, à Hugo Gernsback, l’éditeur bien connu d’Amazing Stories, inventeur du terme science-fiction et principal promoteur du genre dans les années 1920 et 1930. La SF selon Gernsback, résolument technophile, se veut actrice du progrès humain, capable d’imaginer et de proposer desfuturs possibles à une humanité pleinement humaine, homo sapiens et homo faber, grâce au progrès technique et scientifique. Ça tombe bien : la science de Gernsback, c’est donc la technoscience, à peu de choses près, et la SF gernsbackienne, fondamentalement, une technoscience-fiction en devenir.
L’histoire du genre est plus complexe, bien sûr, et Hottois ne fait pas l’impasse sur ses origines européennes, avec des auteurs comme Jules Verne en France et H.G. Wells en Angleterre, ou des théoriciens comme Maurice Renard ; pas plus sur le débat avec ceux qui préfèrent faire remonter la naissance de la SF au Frankenstein de Mary Shelley — œuvre pourtant largement technophobe : pour Hottois, si elle est effectivement fondatrice, ce ne saurait être de la science-fiction. Mais l’érudition de notre philosophe ne se limite pas aux références purement littéraires. Son point de vue assez inhabituel nous rappelle aussi le rôle du fandom, et celui, souvent négligé, de figures comme, à l’aube de l’ère moderne, Giordano Bruno, martyr selon lui moins de la science que de la liberté de spéculer ; ou encore Johannes Kepler, pionnier, avec son Somnium, moins de la hard science fiction que d’une vulgarisation scientifique aussi audacieuse qu’informée…
En l’état, donc, un petit livre bienvenu pour les érudits. Mais les définitions provocatrices de Hottois nous manquent déjà !