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néoAddix

Jon Courtenay GRIMWOOD

Titre original : neoAddix, 1997
Première parution : NEL, 1997   ISFDB
Traduction de Nenad SAVIC
Illustration de Philippe BOUVERET

BRAGELONNE (Paris, France)
Dépôt légal : novembre 2002
Première édition
Roman, 336 pages, catégorie / prix : 20 €
ISBN : 2-914370-32-6
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture
     XXIIème siècle, Paris, Troisième Empire. La Mort rôde le long des Quais de Seine, assassinant à tour de rôle clochards et loubards de passage. Jusqu'à présent, personne n'a rien remarqué, ou tout le monde s'en moque...
     Dans les locaux de San Lorenzo, dans la banlieue de M'Dina, l'Église du Christ Généticien essaie de reconstruire le corps du journaliste Alex Gibson, en utilisant les dernières trouvailles technologiques. Pourtant Gibson n'est pas encore mort...
     Pendant ce temps, à Tokyo, un chef Yakuza projette de se débarrasser de tous ses rivaux, aidé en cela par un assassin du Web surbranché.
     Et, dans cette horreur qu'on croirait tirée des meilleurs mangas, Clare Fabio, un procureur impérial en disgrâce, doit démêler tout cela, car tout se tient, tout est lié...
     Quand William Gibson rencontre Quentin Tarantino, le thriller du 21ème siècle a débarqué !

     Jon Courtenay Grimwood est l'un des nouveaux pionniers de la SF britannique. Chacun de ses romans a été perçu comme un électrochoc dans le panel littéraire anglais. A travers des futurs probables et des uchronies possibles, il jette un regard acerbe, celui d'un ancien journaliste, sur la société qui nous entoure, dans tout ce qu'elle a de plus extrême. Âmes sensibles, s'abstenir.
Critiques
     D'ordinaire, les choix éditoriaux des responsables des éditions Bragelonne ne sont pas en phase avec mes goûts de lecteur ; les histoires de quête et de hache me laissant de marbre. Cette fois néanmoins, le péritexte de NéoAddix avait de quoi me séduire, et m'en voilà bien marri.

     Paris, XXIIe siècle, 3e Empire... Une déclinaison futuriste du steampunk ? Ça promettait une certaine originalité... Le roman, une fois n'est pas coutume, tient les promesses de la quatrième de couverture avec une bonne couche de rab, mais voilà, tout ça nous est balancé en vrac à la gueule sans beaucoup plus d'organisation qu'une pelletée d'ordure. Alors certes, le roman est endiablé. Mais mal foutu au possible et on a quelque mal, pour le moins, à suivre.

     On a un type, genre « serial killer », qui étripe les gens sur les quais de la Seine, façon Jack. Il habite un hôtel particulier avec sa petite-fille, Maxine, et Monsieur Rosary, également tueur.
     Il y a Clare Fabio, chef de la police qui tombe en disgrâce comme on tombe enceinte suite aux meurtres d'un dignitaire américain et d'un médecin légiste pédophile qui aurait été mieux en nécrophile... Passée à tabac, elle s'enfuit et va faire un tour à Londres comme si de rien n'était.
     À Londres, justement, il y a aussi Alex Gibson, journaliste d'investigation avec un œil caméra qui enquête sur des assassinats de clochards parisiens et cherche à entrer en contact avec Raz, hacker de son état, qui assiste à la crucifixion de Gibson par Rosary, lequel la ramène chez lui, à l'hôtel particulier.
     À Edo (Tokyo), Johnnie (mnemonic) nous joue un set dans le cyberspace pour le compte de yakusa qui le remercient d'une volante dans le palpitant.
     À M'Dina (non, pas Médine), l'église du Christ Généticien se met en joie de nous remettre sur pieds Gibson et Johnnie, la pression de Clare Fabio n'y étant pas étrangère. Plus tard, au fond du désert, Johnnie se voit chargé d'améliorer médicalement le pisse-copie qui, ayant déjà été crucifié, pourrait faire un bon messie...

     Comme dans un roman d'Agatha Christie (rassurez-vous, c'est le seul point commun), tout ce beau monde se retrouve à l'hôtel particulier du Prince, égorgeur invisible des quais mais lui-même mourant bien qu'immortel, qui s'en va joyeusement étriper une étudiante tchèque, Raz et Gibson accrochés à ses basques, et Maxine aux leurs.
     Tous les méchants, le Prince, M. Rosary, le yakuza et Pierre Nexus, le ministre de l'intérieur qui a viré Clare Fabio — on l'avait oublié, celui là, tant il ne sert à rien — se retrouvent sous terre pour le rituel d'immortalité de la secte qu'ils dirigent.

     Cela étant, les bons, tout aussi nombreux et inutiles, ne se laissent pas faire et il s'ensuit un bel affrontement cyber-mental dans les catacombes, lieu éminemment hi-tech comme chacun sait. Le tout sous le haut patronage de Ianma, une I. A....
     Ne manquent plus qu'un séjour à Venise, un prêtre catholique irlandais, un terroriste prêt à faire sauter un stade bondé et des Apaches tombant du ciel pour faire comme dans Casino Royale. Qu'ajouteriez-vous ? Bikini Girls with machine guns pour faire couleur locale, peut-être ?

     Vous l'aurez compris, ce roman est un foutoir sans nom. Quant à la cohérence, elle est plutôt aléatoire et il appartient au lecteur de l'établir à la va-comme-je-te-pousse. C'est une sorte de foire, un bric à brac extravagant, ahurissant. Pourquoi le légiste a-t-il été tué ? Peut-être bien parce que dans l'esprit du truc, dans le doute, il ne faut pas s'abstenir, ou bien alors c'était juste pour le fun ? Comment le journaliste a-t-il été promu de témoin gênant à messie ? Et la petite-fille du Prince ? Etc. Il faut croire que tout ça menaçait la secte, mais comment ?
     Ce roman n'a pour lui que son rythme stroboscopique. La lecture en est facile mais l'approximation de la chute est telle que l'on tombe de haut.

Jean-Pierre LION
Première parution : 1/4/2003 dans Bifrost 30
Mise en ligne le : 1/5/2004


     Il s'agit d'un roman qui fera date. Une « histoire de bruit et de fureur », mais racontée par un narrateur extrêmement habile, qui nous laisse nous enferrer dans des pistes aussi fausses que les identités des personnages. Dans un monde qui voit l'informatique et les biotechnologies transformer les corps et les esprits, une lutte incroyable de sauvagerie, avec éviscérations, explosions des corps, réparations, transmigrations par des techniques de réfection, oppose quelques maîtres du monde pour le contrôle de la « furtivité ». Dans cet univers très surveillé par des capteurs, caméras et autres engins reliés à une « toile » mille fois plus présente que de nos jours, la furtivité est une sorte d'invisibilité sous le couvert de laquelle on peut commettre tous les meurtres possibles. On est dans une sorte de cybermonde à la Gibson par endroits, sauf que, sous forme d'un koan zen, l'un des héros pose : « un : le cybermonde n'existe pas ; deux : maintenant que vous y êtes, autant vous y habituer ».
     C'est aussi un monde où le but de l'Église du Christ Généticien est de ressusciter le Christ à partir des fragments d'ADN qui seraient récupérables sur tel suaire de Turin ou telle épine de la Sainte Croix, où les yakusa et les descendants de Napoléon se partagent le pouvoir, et où les inventeurs de nouvelles drogues tout en étant des artistes de la réfection des corps, les NéoAddix, sont ici en lutte. C'est enfin un univers du XXIIe siècle dont certaines caractéristiques souterraines sont pourtant celles du Londres de Jack L'Éventreur — auquel la couverture de Philippe Bouveret fait allusion, à moins que ce ne soit au Sue des Mystères de Paris. Une histoire qui fait se rassembler à la fin, dans les catacombes parisiennes, des personnages acteurs de situations, de quêtes et de meurtres qui ensanglantent Londres, New York, le Japon et le Maghreb. Un univers proche du gothique avec ces caveaux emplis de crânes et de squelettes, avec des scènes dignes de messes rouges et des sacrifices humains. On y voit les élites politiques et financières internationales liées entre elles par la présence et le pouvoir d'un Ordre secret qui, depuis des siècles, maîtrise la transmigration et la furtivité, et fait en sorte d'en conserver l'usage à son seul profit.
     Un roman complexe et habile. On se croit à une époque du récit, on suit un itinéraire et soudain on s'aperçoit que la même scène est représentée dans le présent. Nous étions dans le passé sans nous en rendre compte, tout comme les héros investigateurs privés de mémoire ne savent plus ni qui ni où ils sont. Leur égarement vaut le nôtre pendant quelques recherches de repères, qu'heureusement une IA omniprésente aide à retrouver, franchissant tous les obstacles, pour que l'univers retrouve sa quiétude et que le héros se retire avec dignité. Rien n'est évidemment réglé, le chaos peut continuer, avec d'autres acteurs, pour d'autres scènes.
     Un régal.

Roger BOZZETTO
Première parution : 1/4/2003 dans Galaxies 28
Mise en ligne le : 1/9/2005


     Il est agréable de découvrir un nouvel auteur, surtout quand l'éditeur vous annonce que « chacun de ses romans a été perçu comme un électrochoc » et que « le thriller du 21ème siècle a débarqué »... Eprouvera-t-on le même frisson que celui ressenti à la lecture du premier roman de Michael Marshall Smith, Avance rapide, également publié chez Bragelonne ?
     Hélas, ces appréciations enthousiastes sont quelque peu exagérées. Au lieu de la décharge électrique promise, on se retrouve avec un bon récit dans la plus pure tradition du roman-feuilleton d'aventures, assaisonné d'une sauce SF baroque qui mélange allégrement certains ingrédients de la hard science et du cyberpunk à d'autres issus de l'uchronie et du steampunk...
     Ce panachage se traduit par une succession de chapitres courts, ultra-rapides et bourrés d'action et d'informations sur un univers bizarre qui parvient sans mal à éveiller l'attention et même à surprendre dans les premiers temps. A condition de ne pas être trop sensible, on est rapidement séduit par la narration dynamique, rythmée par des scènes-chocs avec des meurtres atroces, des viols, des dissections, etc.
     Pourtant, à force d'en rajouter, l'intérêt finit par s'émousser, d'autant plus que l'impression initiale d'originalité fait long feu et qu'on s'aperçoit vite qu'il ne s'agit que d'une accumulation de clichés en tout genre, suffisamment bien enrobés pour éblouir un moment, mais pas assez pour que l'illusion persiste jusqu'au bout. L'intrigue est d'ailleurs un peu embrouillée, au point qu'on en vient à craindre qu'elle ne puisse retomber sur ses pattes. Elle y parvient, dans un dénouement plus que classique où l'auteur s'en tire grâce au coup de la société secrète et de la quête d'immortalité...
     Bref, voilà un roman d'action distrayant et enjoué, dont le principal intérêt réside dans la mise en scène plutôt brillante d'une violence assez crue — qui le destine peu aux plus jeunes lecteurs contrairement à d'autres titres de la collection. Si on le lit avec plaisir, pour peu qu'on apprécie la fusion des genres, il ne laissera cependant guère de souvenir : l'électrochoc ne fait ici que chatouiller.

Pascal PATOZ (lui écrire)
Première parution : 7/1/2003 nooSFere

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