Après
Nécrose publié dans la défunte collection
Maniac de Patrick Siry, Mort Humann poursuit son œuvre décapante au Fleuve Noir, cette fois.
Comme pour Nécrose, Mort Humann ne sombre pas dans la facilité, mais construit une histoire solide. A l'inverse de beaucoup de ses semblables, qui préfèrent donner dans le gore de mauvais goût, il s'intéresse avant tout à bâtir un récit fantastique qui reste crédible et prend comme point de départ une situation bien réelle (ici, le racisme sauvage dont sont victimes les minorités autochtones d'Australie).
L'histoire est simple mais efficace. Un aborigène australien a perdu sa femme et son fils, tués sur la route par un chauffard aveugle. Parce que sa famille a péri carbonisée dans les flammes de sa voiture, Jedy, l'aborigène rescapé de l'incendie, décide de se venger des blancs (qu'il rend responsables à des degrés divers du destin tragique de sa famille). On peut être coupable de meurtre par une attitude passive ou indifférente. En tous cas, Jedy ne s'embarrasse pas de considérations personnelles et fait le ménage autour de lui, sous les apparences d'un blanc fantôme qui se sert du feu pour assouvir sa soif de vengeance.
On s'en doutera, le thème de ce roman est une dénonciation du racisme des blancs à l'égard des aborigènes d'Australie, pourtant les véritables propriétaires de ce vaste pays.
Une histoire simple, une écriture efficace, une intrigue bien construite, un contenu qui suscite la réflexion, voilà un livre intéressant à lire. Un livre qui nous change des atrocités maison.
Frédéric KURZAWA
Première parution : 1/2/1990 dans Fiction 412
Mise en ligne le : 13/2/2007