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Les Coiffeurs de Saint-Tropez

Rupert EVERETT

Titre original : The hairdressers of St Tropez   ISFDB
Traduction de Sophie BRUNET

BALLAND , coll. Nouvelles Angleterres
Dépôt légal : 2000
Première édition
Roman, 284 pages
ISBN : 2-7158-1288-4

Critiques
     Derrière la couverture façon presse gay, abdos et pectoraux, on a de la SF. Au moins quarante pages disséminées datées de 2042, et d'où part un flash-back situé lui en 1989.
     Le présent, notre futur, c'est une Côte d'Azur ultra-bétonnée, superpolluée, avec des zones abandonnées là où des mômes de dix ans s'entremassacrent avec des gangs de « traves » au lieu de se contenter de violer et tuer des retraités. Pour le reste, il y a eu une guerre en 2002, et les relations Brésil-Europe sont tendues — on n'en sait guère plus. En prime, l'auteur distribue des clins d'oeil aux martiens, dinosaures, gremlins et autres fées supposées suceuses. Et un trip acide surformaté fait que le narrateur a compris un moment la langue des chiens, lesquels comprennent bien les humains, même si on n'est pas dans de la fantasy animalière.
     Le passé, 1989, vaut le détour, avec un Saint-Trop' à l'eau-forte, où d'ex-paysans « ne se rappellent plus bien comment on peuchérisait autrefois », où l'on greffe des pénis volumineux avec des résultats désastreux, et où l'été fait traîner de plages en bars de sympathiques junkies certains de décrocher dans la semaine malgré « trente ans d'un robuste appétit chimique », ainsi que des folles britanniques ou autochtones, dont un transexuel opéré qui se piège en se casant et les deux coiffeurs héponymes, l'un professionnel, l'autre amateur, en guerre ouverte.
     S'ajoute la généalogie du bétonnage, bulldozérisation de colline et incendies complotés entre promoteurs, autorités locales et star sur le retour, laquelle est coiffée en choucroute, arriérée mentale, homophobe et milite pour « le Front national, le parti nazi français », qui tient là ses agapes annuelles, « spectacle sinistre, évocateur de temps allemands disparus » et en tous cas motif à exactions pour les skinheads du service dit d'ordre.
     Ce portrait-charge cousine curieusement avec le pathétique, à cause du temps inexorable et, sinon de la personne qui finit en « restes de barbecue », du sort de bien des autres, dont un chien, tous coincés dans l'engrenage du tragiquement absurde qui ne mène qu'à la dernière phrase, en un seul mot : « Mort. »
     Bref, même si ce n'est peut-être pas la SF qui y contribue le plus, le roman est intéressant à plus d'un titre, et on y trouve bel et bien de la SF. Et puis, mais faut-il le préciser, fors la couverture, cela n'a heureusement pas grand chose d'une littérature de ghetto.

Éric VIAL (lui écrire)
Première parution : 1/9/2000 dans Galaxies 18
Mise en ligne le : 1/3/2002

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