Morris continue de bâtir son œuvre SF avec la rigueur d'un métronome, en l'orchestrant autour de trilogies (neuf pour l'instant), qui n'obéissent pas forcément à la chronologie des parutions, et dont les maillons peuvent aisément se lire séparément.
Secteur Diable précisément fait suite (mais une suite lâche) à
Facteur vie et
Vecteur Dieu, deux romans assez anciens dans la chaîne morrissienne : on y retrouve Liouwale-Grégarite, ce dernier représentant d'une race cosmique incarné dans l'enveloppe corporelle d'un ex-champion de natation, Marc Gottswald. Ce méchant devenu bon (comme le Surfer, il finit par aimer les Terriens, plus une Terrienne) défend cette fois sa planète d'adoption contre l'invasion galactique des Métamorphes, une race qui peut prendre n'importe quel aspect. Le scénario est du niveau d'un feuilleton genre
Envahisseurs, mais c'est dans les détails que Morris amuse et intéresse : ici les démêlés du héros avec la C.I.A. et le F.B.I., plus quelques incidentes qui rappellent que l'auteur « pense bien » (l'épisode avec les chasseurs-violeurs). Il y a toujours de la gouaille chez Morris, et un côté « terroir » plutôt attachant. Cet auteur, qui ne monte sans doute jamais très haut, mais ne descend jamais bien bas, est notre Léo Malet de la science-fiction.