« Mon nom est Bond. Shaman Bond. D’accord ce n’est que mon pseudo » (p.7). Dès la première page, Simon R. Green donne le ton, celui de l’humour décalé d'une parodie de roman d’espionnage/action. Du divertissement et rien d’autre.
Shaman Bond, de son vrai prénom Eddie, fait partie de la famille Drood. Comme les autres membres de celle-ci, il est une sorte de Men in black, un « agent de terrain » au service de l’humanité qui protège le monde contre les atteintes paranormales et pourchasse vampires, goules, fantômes ou toutes autres monstruosités sorties tout droit de nos pires cauchemars. Si notre héros prend son boulot au sérieux, il ne supporte plus l’écrasante domination de sa famille et n'est jamais retourné voir les siens... jusqu’au jour fatidique où la matriarche le rappelle illico presto au manoir. C’est là que les ennuis commencent...
On le comprend tout de suite, ce roman n’a aucune autre prétention que d’amuser le lecteur. Sans grande réflexion sur le monde, dépassement des codes ni recherche stylistique poussée, le récit reste du début à la fin dans des sentiers maintes fois battus et ne brille ni par un suspens insoutenable ni par son originalité. Pourtant, le scénario se montre tout de même assez bon pour étonner plusieurs fois le lecteur – ce qui n’est pas toujours évident dans les romans « d’action humoristique ». Il parvient donc à nous divertir et à nous faire passer un bon moment. Comme dans cet autre grand classique du polar-pastiche-humoristico-fantastique-décalé qu’est le Garrett de Glen Cook, on sourit surtout des réflexions cyniques et ironiques du héros-narrateur, de ces petites phrases qui « tombent à pic ».
Bien sûr, ce roman n’est pas exempt de défaut, loin de là. Trop classique, le début apparaît un peu fade, d'autant plus que la répétition de certains mots ou de certaines expressions se montre vite lassante. Heureusement, cette imperfection disparaît après une centaine de page (quand même) lorsque le scénario se lance vraiment. On n'échappera pas non plus à la scène finale où le méchant explique pourquoi il est méchant et dévoile tout son plan machiavélique secret (on entend presque le rire démoniaque), jusqu’à l'inévitable renversement de situation... Même dans le domaine de la parodie, voilà des éléments si attendus qu'ils en deviennent surannés.
Mais dans la mesure où le lecteur sait où il va dès le départ, il ne peut pas être déçu. Il s'amusera et appréciera l’œuvre pour ce qu’elle est : du pur divertissement. Il passera du bon temps dans un monde assez riche et assez peu défloré pour que l’auteur puisse y situer plusieurs volumes – ça tombe bien, on est preneur. Bref, un livre idéal pour des moments de détente.
Gaëtan DRIESSEN
Première parution : 10/10/2009 nooSFere