Parti à la recherche d'une balle de base-ball égarée près d'un bosquet. Carl Hausman ne sait plus où il vient de pénétrer. Il part à la découverte, comme Dante, d'un univers souterrain, et y rencontre, après avoir traversée « une salle des ombres », Morphée, une divinité au voyage fleuri, et grand amateur des plaisirs de la vie. Celui-ci l'invite à visiter son « royaume ».
Dans cette fable de géants et de sirènes, les personnages paraissent sortir des tableaux : les livres ont des saveurs, des tailles, des allures à couper le souffle : les souvenirs ont des souvenirs : l'Atlantide a été engloutie par l'Océan et la lune est habitée par des êtres aux cheveux noircis par l'âge.
Roman épique et poétique, ce « Royaume de Morphée » est bien sûr le monde même de l'imaginaire où tout n'est que surprise et émerveillement. L'utilisation de voix narratives distinctes, l'érudition allusive, la richesse métaphorique, la diversité des registres de langues, mêlant une prose de lâge classique et un langage contemporain, suggèrent une œuvre tout à fait unhique et le roman le plus ambitieux de La vie trop brève d'Edwin Mullhouse (Prix Médicis étranger 1975) et de La Galerie des jeux.
Salué par l'ensemble de la critique américaine, comparé aux plus grands maîtres du roman, Steven Millhauser est l'un des très grands écrivains américains imaginatifs, dans la tradition poétique et magique de Lewis Caroll, de Swift ou de Borges.