Surtout, si vous passez par là, arrêtez-vous en Esotie. L'Esotie, c'est le paradis ... pour les touristes. C'est un pays très sûr car la polizzia veille. Il n'y a pas de mendiants dans les rues pour importuner les touristes et leur donner mauvaise conscience. Il n'y a pas non plus de gosses qui traînent dans les rues, des gosses sans parents ni familles que là-bas, on nomme les « chuchios ». C'est que le gouvernement s'en occupe, de ces « chuchios ». Il leur fournit une chambre, chaque soir différente, au dernier étage des immeubles de la ville, et de quoi ne pas mourir de faim. Manzado est l'un d'entre eux. Il ne se débrouille pas trop mal mais les journées sont longues, sauf quand Violetta, la fille aux yeux violets, est dans les parages. Violetta est aussi une chuchia. Comme toutes les chuchias dans le beau pays d'Esotie, Violetta dort chaque nuit dans une grande chambre fermée par une grille, derrière laquelle les riches touristes peuvent, moyennant finances, la regarder dormir.
Manzado, un jour, recueille un chaton qu'il élève en économisant chaque sou. Turufu devient un magnifique chat roux à qui Manzado apprend à voler et à voler ...
Deuxième roman de François David aux éditions du Jasmin, peut-être plus accessible que le premier, Le Cri. Celui-ci s'inscrit dans la lignée d'Une petite flamme dans la nuit (paru chez Bayard) et possède plusieurs niveaux de lecture. Sa force réside surtout dans la maîtrise du ton et la violence du propos : une dénonciation claire de la manière dont certains gouvernements traitent les êtres humains les plus défavorisés et cachent la misère pour faire venir les touristes. C'est extrêmement efficace, servi par une écriture fluide et d'une apparente simplicité. Très belle illustration de couverture de Tatana Domas. A partir de 11, 12 ans et bien au-delà.
Catherine GENTILE (lui écrire)
Première parution : 3/1/2004 InterCDI 187