MALPERTUIS
(Noisy le Sec, France), coll. Brouillards n° 57 Date de parution : 26 septembre 2020 Dépôt légal : septembre 2020 Première édition Recueil de nouvelles, 134 pages, catégorie / prix : 9,90 € ISBN : 978-2-917035-82-5 Format : 15,6 x 23,4 cm❌ Genre : Fantastique
Quatrième de couverture
Il suffit de regarder ailleurs au mauvais moment pour tomber dans une faille.
Il suffit d’un faux pas et le monde change. La balle qui vous était destinée avance soudain au ralenti. Vos animaux de papier se tournent vers vous avec pitié. Les chevaux du carrousel découvrent leurs grandes dents voraces. Votre maison s’emplit de flammes qui ne brûlent pas. Les chats ont des regards que vous connaissez. La musique que vous créez modifie le paysage qui vous entoure.
Il faut s’agripper à la paroi de la faille, s’y râper la peau, pour espérer en ressortir. Mais vous découvrez alors que la véritable faille est en vous, pas sous vos pieds.
Les conteurs entament toujours un récit par le traditionnel Il était une fois. Si l’un d’eux vous voit tomber et disparaître, racontera-t-il votre histoire en commençant par Il était une dernière fois ?
1 - Flammes de nos cœurs fatigués, nouvelle 2 - Les Fonctions remarquables, nouvelle 3 - Carrousel, nouvelle 4 - Bout de charbon, nouvelle 5 - La Dernière valse des morts à roulettes, nouvelle 6 - Des vies mal pliées, nouvelle 7 - Celui qui ne savait pas faire face, nouvelle 8 - Le Camion blanc, nouvelle 9 - Ils mirent la route sous leurs pas et marchèrent, marchèrent, nouvelle 10 - Exil volontaire au fond du jardin, nouvelle 11 - La Balle n’est pas arrivée, mais Bob Dylan est mort, nouvelle 12 - Le Chat à la fenêtre, nouvelle 13 - L'Espoir du crocodile, nouvelle 14 - Il était une dernière fois, nouvelle
Critiques
On trouve souvent comme définition du fantastique qu’il consiste en une irruption du surnaturel dans notre monde réel. Rien ne saurait mieux caractériser le nouveau recueil de nouvelles de Claude Mamier. Car il n’y a pas bien loin à aller pour arpenter les mêmes décors que ses protagonistes : il suffit de pousser la porte, de marcher dans la rue, devant une agence Pôle Emploi, de déambuler dans un parc municipal près d’un manège tournant, voire même de rester chez soi, au fond de son jardin. Pourtant, c’est bien dans ces lieux que s’immisce la menace, que la terreur s’instaure… profitant du moindre accroc dans la toile du monde. À ces failles dans la réalité répondent celles des personnages. Et à la vérité, Mamier s’intéresse davantage à ces derniers qu’à l’intervention de l’irréel : de la mère de famille inquiète du comportement de son fils à l’infirmière dans un EHPAD, de réfugiés tchétchènes à d’anciens globe-trotters qui se remémorent leurs aventures passées, tous présentent nombre de richesses dont il serait dommage de faire l’économie. Ils pourraient être votre famille, vos proches, vos voisins, et vous avez l’impression de les avoir toujours connus ; pourtant, bien qu’ils soient si semblables à vous, à nous, avec leurs peurs et leurs espoirs, ils peuvent d’un coup s’éloigner à mesure que la noirceur les envahit. Mais peu importe les circonstances, ils resteront encore et toujours, indécrottablement, humains. Ce n’est pas nouveau chez l’auteur, on l’avait déjà constaté dans Le Bar de partout, l’empathie constitue sa très grande force, surtout quand il décrit l’humanité dans ce qu’elle a de plus fragile.
Le fantastique, lui, va et vient entre ces protagonistes : tantôt évident (un homme qui tombe toujours sur pile quand il lance une pièce), il sait se faire plus discret et subtil (ces personnages sont-ils vivants ou morts ? tel animal ne serait-il pas la réincarnation d’un être aimé?), voire évanescent, fondu dans clair-obscur où le surnaturel le dispute à la folie. Mamier gomme nos certitudes, sape le sous-sol, créant des failles dans lesquelles le lecteur tombe à son tour.
Pour court qu’il soit, ce recueil n’en est pas moins riche d’émotions : concentré d’humanité brute, dont jamais la force ne faiblit, on y renoue non sans plaisir avec la voix attachante de cet admirable conteur qu’est Claude Mamier.