C'est officiellement du mainstream.. Et quand un personnage dit « c'est de la science-fiction », il est « dédaigneux » — encore qu'on lui réponde : « Non, c'est vraiment de la science. Mais il faut être tourné vers la fiction pour s'en servir. » Et pourtant... En 1939, un gamin de treize ans, génie de la physique quantique grâce à la lecture de Popular Mechanics, est amené à la Smithsonian Institution du titre original. Des dioramas présentant les Indiens des plaines, les présidents depuis Washington ou les tranchées de 14-18 y cachent un centre de recherches. On y « scanne la lumière du futur » et celle du passé, jusqu'à voir l'enterrement de Lincoln, ou une fort inquiétante explosion. Il y discute bombe à neutrons avec Lindbergh et Einstein, rencontre ses propres clones, et découvre que, à la fermeture, les mannequins prennent vie et les décors deviennent réels, donnant accès aux époques représentées. D'où sa liaison avec « Squaw » — en fait l'épouse en goguette du président Cleveland. Il remonte le temps, espérant éviter sinon la guerre du moins que les États-Unis s'y impliquent. En empêchant Woodrow Wilson de commencer sa carrière politique, pas d'intervention en 14-18, une paix moins porteuse de catastrophes ( ?), pas de crise de 1929 ( ? ?), mais tout de même une Seconde Guerre mondiale du fait du heurt des ambitions japonaises et américaines — ces dernières épaulées par l'Allemagne de Von Papen et la Russie de Trotski.
Bref, voyage temporel, uchronie et usage canularesque de la science et de l'Histoire font l'essentiel du roman. Même la semi-vie des mannequins a in fine quelque substrat « rationnel ». Si le tout n'est pas de la science-fiction, c'est qu'on a affaire à un Canada Dry de toute première qualité, fourni peut-être par Joseph Kennedy. D'ailleurs, même s'il procure une réelle euphorie, ou justement à cause de cela, l'amateur le consommera sans aucune modération.
Éric VIAL (lui écrire)
Première parution : 1/9/1999 dans Galaxies 14
Mise en ligne le : 15/12/2000