Après sept ans d'absence, tante Rose et la vieille maison familiale sur l'île m'attendaient, inchangées. Les seules nouveautés, je croyais les avoir apportées avec moi du Canada : Sabine, et notre petite fille Ermeline. Deux femmes inconnues m'attendaient aussi, à l'autre bout de l'île. Je rencontrai la première fortuitement, au cours d'une promenade. L'autre parut plus tard. Elles se ressemblaient mais prétendirent d'abord ne pas se connaître. Je fus étonné, puis intrigué. Je les revis. Le vide, même heureux, des vacances, incline à se pencher sur les mystères qui se présentent. Quand je compris, il était déjà bien trop tard pour reculer.

     Alexis Lecaye, 30 ans ; deux romans : La Dissolution, Marx et Sherlock Holmes, un essai : Les Pirates du Paradis ; critique littéraire au Monde des livres.

     De Lecaye, vous connaissez sans doute les chroniques de SF dans Le Monde et l'essai Les pirates du paradis (Denoël/Gonthier, 1981 ). Il a aussi des romans à son actif — celui-ci est le troisième.

     Quand Henri Duncan, époux volage, rencontre deux sœurs aussi fascinantes que fuyantes dans l'île bretonne où il passe ses vacances, il ne peut manquer de se piquer au jeu. Pour se rendre compte qu'elles sont bien autre chose que ce qu'elles prétendent.

     Mais quoi au juste ? Ce sont surtout de redoutables menteuses, et le fantastique foisonne dans la tête d'Henri, jusqu'au moment où il se mettra en quête de la vérité, transformant sa vie en une parodie de roman noir.

     Mi-chair, mi-poisson, mi-fruits de mer (ça dépend de la grosseur des moitiés !), le roman s'achève en psychodrame. Déconcertant, mais il me laisse plein de réflexions sur le rôle capital du mensonge dans les rapports humains.