EMO, le néovirus qui a investi le monde. EMO, infection transmissible par voies sexuelles ou sanguines, se révèle pire que le SIDA, foudroyante et totalement inguérissable. Les gens encore sains font tout ce qu'ils peuvent pour s'en protéger. Les gens atteints, guerriers de Saint-Jean menés par le pape opportuniste Bélican Zéro, font tout ce qu'ils peuvent pour le transmettre aux autres dans la fièvre rédemptrice. Les dirigeants eux aussi malades le détournent en utilisant une coûteuse formule qui les transforme peu à peu en monstres hybrides. Les Rêveurs, miraculeusement guéris, se battent contre leurs propres rêves qui se matérialisent autour d'eux.
D'où peut surgir le salut ? De nulle part !
Cette course au sérum peu orthodoxe et très aléatoire s'achève sur un paradoxe qui, comme tous les paradoxes, s'avère incompréhensible. Onirisme de rigueur, se munir d'un réveil-matin, sinon danger...
Dans ses nouvelles, Bruno Lecigne aime la complexité et les ambiances parfois hermétiques. En ce qui concerne les romans qu'il écrit pour le Fleuve Noir, seul ou avec Sylviane Corgiat, il opte délibérément pour la simplicité. EMO en donne un exemple frappant. Dans ce roman, il y avait de quoi produire une intrigue emmêlée et un écheveau de pistes entrecroisées. Au contraire, des descriptions brèves, des dialogues vivants et des objets digne d'intérêt. Ça n'est pas un grand roman. Etayé et développé, EMO aurait pu le devenir.
Il n'y a pas de regrets à avoir. C'est pas mal. Ce genre de bonnes histoires, même un peu atrophiées par la courte distance, comme en produit par exemple Pierre Pelot, vaut le déplacement. Pourquoi faire la fine bouche ?
Éric SANVOISIN
Première parution : 1/6/1987 dans Fiction 387
Mise en ligne le : 20/4/2003