Qui sont ces singes qui, peu à peu, terrorisent la ville de San Carmino ? Certains disent qu'ils commettent des meurtres horribles ? D'autres qu'ils pactisent avec les morts que l'on néglige d'entretenir et de fêter. D'autres encore que ces bestioles trop roses et trop lisses ne sont peut être pas des singes mais les enfants maudits d'une vieille légende tombée dans l'oubli. Qui a tort ? Personne. Tout le monde dit vrai. Et tout le monde s'en fiche. Jusqu'à ce que les premiers habitants de la ville commencent à s'auto-dévorer...
L'imagination de Brussolo est une boîte (crânienne) de Pandore qui regorge d'horreurs géniales. On se cramponne pour suivre son cauchemar et ne pas lâcher prise. Dès fois qu'un singe nous morde pendant qu'on a le dos tourné en lisant L'ombre des gnomes...
Un regret : en voulant éviter une fin trop explicative, par conséquent démythifiante, l'auteur a raté son dénouement. On a l'impression qu'il ne savait pas comment conclure, qu'il a mis le point final à la hâte. D'où un roman inachevé, qui ne sera jamais complètement terminé, sinon par le lecteur lui-même. Mais on lui pardonne ce qu'on n'aurait pas pardonné à un autre, parce qu'il est ce qu'il est et qu'il écrit ce qu'il écrit ; quelle injustice !
Depuis quelques romans, Brussolo s'oriente vers une science-fiction fantastique, juxtaposant parfois les deux genres ou les imbriquant savamment.
Brussolo, c'est le super carburant du Fleuve Noir Anticipation. Il n'a rien d'ordinaire...
Éric SANVOISIN
Première parution : 1/2/1988 dans Fiction 394
Mise en ligne le : 7/4/2003