A tous ceux qui, comme moi s'intéressent au surréalisme et à ses ramifications européennes, je ne puis que recommander L'Anthologie du surréalisme belge de Christian Bussy (Gallimard, 1972). On y trouve, entre autres, quelques textes fort réussis de Marcel Mariën. Après Figures de poupe (J.C. Simoën, 1979), cet auteur vénérable nous propose un autre livre insolite, qui prouve que sa verve n'est pas tarie : Les fantômes du château de cartes.
Si vous n'aimez pas les recueils sarcastiques, mâtinés d'un érotisme bizarre, les récits à la frontière des genres, ce livre n'est pas pour vous. Mais si vous autorisez votre esprit à déborder les définitions et les restrictions cartésiennes, alors vous apprécierez les incartades et les digressions de Marcel Mariën, qu'il flirte avec le fantastique allusif ou la science-fiction occasionnelle ou alors qu'il retrouve les joies ambiguës de ses premiers écrits : jeux du verbe et voyeurisme distingué.
Quelques nouvelles de ce recueil méritent d'être citées, comme ce Justicier dont la mission est jalonnée de sanglantes victoires à la Pyrrhus ou la fable irrespectueuse qui raconte la fin d'un matriarcat.
A lire si vous êtes en humour.
Daniel WALTHER
Première parution : 1/2/1982 dans Fiction 326
Mise en ligne le : 14/3/2009