Quatrième de couverture
Déjà très connue dans son pays, Angela Carter est en train de devenir tranquillement une des meilleures romancières anglaises. Sept romans, deux recueils de nouvelles, un essai, couronnés par trois prix. Elle pratique ces genres avec un égal bonheur, sans compter poésie et critique littéraire. Dans son dernier roman, La Passion de l'Eve nouvelle, Angela Carter a le plus savamment dosé son cocktail d'érudition, moderne aussi bien que classique, et de délire imaginatif. Un jeune Anglais venu en Amérique, est transformé en femme par des combattantes hors-la-loi, puis après avoir subi les outrages d'un homme qui incarne si bien le type de la brute masculine qu'il mérite de s'appeler Zéro, la nouvelle Eve retrouve la star du muet dont « il » a toujours été amoureux, et s'accouple avec elle pour s'apercevoir que c'était un travesti. Attention, donc, aux livres à dévorer d'Angela la dévoratrice : « Ils sont la mort du tendre herbivore. » Philippe Mikriammos
Critiques
La SF venue du dehors... Quoi qu'elle ait récemment été l'invitée d'une convention britannique, Angela Carter a fait sa carrière dans la littérature « générale » et n'est venue que récemment à situer ses récits dans le futur, tout en refusant toutes les étiquettes. Mais est-elle future, cette Amérique dévastée où Manhattan grouille de rats et où la Californie agonise dans la guerre civile ? L'auteur est trop rusée pour donner une chronologie, mais on pencherait parfois pour un présent parallèle. Incontestablement SF, toutefois ; l'histoire est celle d'un jeune Anglais, Evelyn, qui, capturé par des Amazones des déserts (très ballardiens !) de l'Ouest, est chirurgicalement transformé en femme : Eve. Au gré des tribulations de ses personnages à sexe variable, Angela Carter fait des observations acides sur les rapports entre les sexes. Le tour de force étant ce personnage d'Evelyn avant transformation, type de l'homme haïssable à bonne conscience. Il s adapte à son nouvel état en devenant un spectateur presque passif d'une série d'événements fantastiques. Tout au long du roman, scènes-choc et images superbes se succèdent -la logique suit tant bien que mal. La SF trahit ici la science mais file un intéressant adultère avec la littérature. Pascal J. THOMAS (lui écrire) Première parution : 1/7/1982 dans Fiction 331 Mise en ligne le : 25/8/2006
|