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Upside down

Richard CANAL

Première parution : Saint-Laurent d'Oingt, France : Mnémos, 9 octobre 2020

Illustration de Scott UMINGA

MNÉMOS (Saint-Laurent d'Oingt, France)
Date de parution : 9 octobre 2020
Dépôt légal : octobre 2020, Achevé d'imprimer : août 2020
Première édition
Roman, 368 pages, catégorie / prix : 22 €
ISBN : 978-2-35408-802-6
Format : 15,5 x 23,5 cm
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture

Au début du XXIsiècle, les dirigeants des GAFAM et autres NATU portaient les rêves d’une humanité enfin débarrassée de la maladie et de la mort. Ils ont réussi. Dans des îlots artificiels en orbite basse, ils jouissent désormais, à chaque instant, des illusions infantiles du bonheur.

Le reste de l’humanité survit tant bien que mal sur une Terre rouillée, épuisée, victime de désastres écologiques à répétition. Son histoire n’est pas la même. Le bonheur lui est définitivement inaccessible.

Dans ce monde fait de béatitude pour les uns et de combats pour les autres, où les IA s’activent en sourdine, certains cherchent à descendre pour retrouver leurs racines quand d’autres veulent monter pour acquérir une part d’éternité.

À travers une star de cinéma oubliée, des dirigeants obnubilés par leur statut social, ou encore un créateur d’un art inconnu, Richard Canal nous plonge au coeur d’un récit croisé où l’intolérable beauté du désastre côtoie la quête d’une humanité perdue.

Né en 1953, docteur en informatique, Richard Canal a débuté sa carrière d’écrivain en 1986. Son oeuvre, saluée pour son style, sa critique et ses récits à la fois visionnaires et ironiques des futurs possibles, a été couronnée par de nombreux prix littéraires : Solaris, Grand Prix de l’Imaginaire ou encore Rosny aîné. Avec Upside Down, il signe son grand retour à une science-fiction ambitieuse et universelle, formidable révélatrice des préoccupations majeures de notre temps.

Critiques

1-Thème

Il s’agit d’un thème classique de la science-fiction qu’on retrouve en particulier dans le manga Gunnm qui a inspiré le film Alita ou encore dans le film Elysium ou dans une certaine mesure dans Les Seigneurs de l’instrumentalité de Cordwainer Smith.
Le monde est divisé en deux, le dessus et le dessous :
– Tout d’abord physiquement avec au-dessus les atolls qui orbitent autour de la Terre en orbite basse, et en dessous la Terre hyperpolluée, couverte d’un nuage dont les trouées aléatoires permettent rarement d’entrapercevoir les étoiles.
– Socialement ensuite avec au-dessus, comme on peut s’y attendre, les grandes familles d’une richesse inouïe qui vivent sur les atolls en compagnie que quelques privilégiés attachés à leur service ou au bon fonctionnement de ces atolls, et en dessous, les classes laborieuses restées sur Terre qui sous la poigne de fer des consortiums fournissent aux atolls tout ce dont ils ont besoin… ou envie !
Dans ce contexte, des attentats non revendiqués mettent à mal l’illusion que sur les atolls rien ne peut arriver aux nantis.
Deux thèmes supplémentaires enrichissent le récit :
– L’écologie, bien sûr qui, si elle reste militante, ne fait pas preuve d’une agressivité excessive envers le lecteur (comme on peut parfois en trouver dans certains textes engagés).
– L’art qui est présent à tous les niveaux (dessus et dessous) et dont l’opposition met en évidence deux aspects irréconciliables : l’art mimétique, pâle imitation d’œuvres du passé, et l’art créatif qui par certains côtés rappelle les meilleurs moments de La Bohème et l’Ivraie du regretté Ayerdhal.

2-Richesse psychologique et littéraire du roman.

On appréciera la diversité des personnages en présence et leurs personnalités fouillées. Ces personnages se répartissent en divers groupes aussi dissemblables que hauts en couleur :
*les nantis : peut-être un peu trop caricaturaux, mais perçus par le lecteur comme une civilisation en fin de règne (un peu comme lors de la chute de l’Empire romain).
*les flottants : ceux qui vivent sur les atolls et en assurent le fonctionnement technique et social.
*les terriens : resté en bas ils se contentent de bosser et de s’abrutir devant les divertissements en réalité virtuelle fournis par les nantis. Il reste cependant quelques « révolutionnaires » qui n’ont pas abdiqué et tentent de garder une raison de vivre. Deux artistes qui font partie des personnages principaux sont à leur manière des révoltés. Un homme qui crée des enregistrements psychiques de grande ampleur à partir des désirs et des rêves inavoués de ses spectateurs. Une jeune fille qui sonorise en live le spectacle du précédent. Cette extraordinaire sonorisation est possible grâce à un don qui peut parfois devenir une malédiction : elle entend la musique en provenance de tout ce qui l’entoure (matière organique ou inorganique, animaux, êtres humains…).
*les clones : pour la plupart ce sont des reconstitutions d’anciens artistes de cinéma qui servent à tourner de mauvais remake de vieux films servant à l’abrutissement des masses terriennes. Maggie C (pour clone) Cheung est l’un des personnages principaux.
*les keïnos : des animaux à qui on a donné l’intelligence. Le compagnon de Duke (l’un des héros du roman, enquêteur de son état) est un Saint-Hubert qui picole comme un détective de polar américain, et dont la culture et le goût artistique relèvent celui de son ami humain.
*les IA enfin : on ne sait plus trop comment les intelligences artificielles travaillent, mais du moment qu’elles obéissent et que le résultat est là !

On appréciera également la qualité des descriptions d’ambiance, en particulier des scènes artistiques qui forment un contraste terrifiant avec le cloaque qu’est devenue la Terre.
De plus, l’immersion dans les sentiments et les motivations des personnages est totale.
Le scénario, s’il n’est pas complètement original, donne une vision à la fois grandiose et tragique du futur de notre civilisation, non dénuée d’un certain optimisme. On souscrit sans restriction à ce qui est exprimé sur la 4e de couverture : « l’intolérable beauté du désastre ».

3-Une histoire complexe qui ne s’adresse pas à des lecteurs débutants.

Compte tenu de ce qui précède, il est clair qu’on appréciera d’autant mieux ce roman que l’on possède un certain vécu qui permettra de mieux comprendre les personnages et de mieux s’y identifier. De même un verni de culture général permettra au lecteur de saisir toutes les références qui transparaissent à travers le récit : toutes ne sont pas en effet issues de la science-fiction.
De plus, l’explication progressive au cours du récit de certaines notions (à l’inverse d’un lexique par exemple) rend l’immersion un peu difficile au début.
On conseillera donc plutôt ce livre à un lecteur ayant à la fois une habitude d’aborder des œuvres complexes ainsi qu’une bonne connaissance des univers de la SF.
Mais rien n’empêche les autres de tenter l’expérience. Ils ne pourront sortir qu’enrichis de cette lecture.

Patrice VERRY (site web)
Critique déjà parue sur Les mondes de l'Homme au Chapeau
Parution sur nooSFere : 24/12/2022 nooSFere


    Le futur est indéterminé mais quelques éléments disséminés ici et là nous indiquent qu’il se situe à quelques siècles de nous. En bas, Down Below, la Terre a morflé. Les océans sont des lacs d’hydrocarbures, le ciel est couvert du Brown, une brume épaisse qui cache le soleil et brûle les poumons. En bas, c’est une cour des miracles qui rêve de monter là-haut ou de tout faire péter. Là-haut, Up Above, c’est à 50 km au-dessus. Là se sont réfugiés les nantis sur des îlots artificiels au doux nom de Treblinka, Guernica ou Hiroshima. La vie y est longue et la maladie un souvenir. Des IA gèrent et quelques flottants, ceux d’en bas qui ont gagné un CDD en haut, participent à l’extrême utopie d’une élite isolée du reste du monde. On s’occupe à produire films et séries destinés à gaver les cerveaux d’en bas pour qu’ils ne s’échauffent pas à rêver de liberté et d’égalité. On clone des icones du passé : ici, les gens s’appellent Bill Gates, Elisabeth Taylor, Maggie Cheung, ou Che Guevara. Mais vous le savez, il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark. Maggie, l’actrice d’en haut, veut descendre trouver un sens à la vie ; Ferris, le musicien d’en bas, veut monter donner un sens au monde. Upside Down est un récit de révolte politique contre l’injustice, contre l’oppression, contre la mort. L’univers est dystopique mais le message se veut optimiste, empli du souffle de la vie.

    À l’évidence, Richard Canal a pris plaisir à écrire Upside Down, en témoignent quelques envolées de plume. L’auteur aime le jazz, Maggie Cheung et le cinéma hongkongais, les symphonies de Malher lorsqu’elles sont jouées par le philarmonique de Vienne, et le polar des années 50. Mais Upside Down marche sur la tête. C’est un roman de science-fiction tourné vers le passé. Les très nombreuses références culturelles qui peuplent le roman n’appartiennent qu’au xxe siècle. Le temps s’est figé dans l’imaginaire de l’auteur, n’autorisant aucune évolution de la culture ou des mœurs. Les aspects science-fictifs ne sont qu’un décor, esquissant une scène où y mener l’action. L’auteur imagine des keinos, des animaux intelligents, mais loin de proposer une élévation à la David Brin ou Adrian Tchaikovsky, il leur donne un cerveau humain dans un corps animal pour reproduire les clichés du polar : Stany, le Saint-Hubert, est détective alcoolique et cynique. L’auteur imagine des IA qui, malgré leur étrangeté, ne servent que d’ultime deus ex machina. C’est un roman choral dans lequel les personnages n’ont pas d’existence tangible en dehors des scènes qui leur sont attribuées dans le moment du récit. Leur seule raison d’être est de servir le propos de l’auteur, et leurs motivations propres restent obscures. C’est un roman de révolte qui fait l’impasse sur le monde d’en bas, ne s’intéressant vraiment qu’au monde bourgeois d’en haut, plus simple à décrire, plus spectaculaire dans ses travers. Le polar séduira certainement plus d’un lecteur, moins le roman de science-fiction.

FEYDRAUTHA
Première parution : 1/1/2021 dans Bifrost 101
Mise en ligne le : 29/6/2024

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