Je connaissais les nouvelles de Richard Canal. Je les aimais. J'attendais beaucoup de ce roman, son second publié ; trop, sans doute. J'ai été déçu. Les Ambulances du Rêve est une novella trop longue, aux muscles déchirés dans un corps imaginaire écartelé.
Animamea forme une légende vivante, planète énigmatique voyageant dans l'espace selon une trajectoire prédéterminée que rien ne peut modifier. Homère Rilke en est le prophète : un vieillard dangereux pour certains groupes religieux et économiques. Il devient nécessaire de le court-circuiter, voire de l'éliminer. Jusque-là, tout se tient. C'est après que le roman dérape dans l'ennui. Les moyens imaginés par l'auteur pour abattre Rilke ne sont pas convaincants. En outre, il s'appesantit trop dessus. Si bien que l'histoire avorte avant même de naître vraiment.
Certes, l'écriture se révèle belle et complètement maîtrisée. Ce qui me chagrine, c'est la platitude des maigres péripéties. Le tout manque de consistance et de rythme. Il y a des longueurs, des scènes qu'il eût été préférable d'abréger ou d'éviter.
Selon moi, le roman risque de commencer dans le deuxième volume. C'est ennuyeux. Les Ambulances du Rêve ne constitue donc qu'un gigantesque prologue, et certainement pas un roman.
Dommage.
La richesse poétique et imaginative de Canal est sans doute grande. Seulement, elle ne respire pas encore comme le monstre du Docteur Frankenstein avant que la foudre ne lui donne la vie.
Éric SANVOISIN
Première parution : 1/6/1987 dans Fiction 387
Mise en ligne le : 20/4/2003