DENOËL
(Paris, France), coll. Présence du fantastique n° 64 Date de parution : 15 juillet 1998 Dépôt légal : mars 1998, Achevé d'imprimer : mars 1998 Première édition Roman, 256 pages, catégorie / prix : 5 ISBN : 2-207-24719-8 Format : 10,9 x 17,8 cm✅ Genre : Fantastique
En voyage au Mexique, Laure est plaquée par son compagnon. Afin de lui faire oublier l'incident, Ariel, le réceptionniste de son hôtel, la soumet à une expérience étrange dans les ruines d'un temple zapotèque. Dès son retour à Paris, d'horribles malaises l'assaillent au réveil, il lui arrive même de se retrouver dans un train face à une version adolescente — et peu ragoûtante — d'elle-même ! « Pour échapper à votre vie, vous creusez un tunnel dans la matière du sommeil », lui révèle un voyant très spécial. Alors commence pour Laure un vertigineux voyage de la nuit... Fantastique, Fantasy, S.-F., Philippe Curval mêle ici toutes les composantes de la littérature de l'imaginaire pour créer l'INCONSCIENCE-FICTION.
L'auteur
Philippe Curval (prix Jules Verne 1962 pour Le Ressac de l'espace) n'a cessé au cours de sa triple carrière de romancier, de critique et de découvreur de talents, de défendre et d'illustrer la littérature de l'imaginaire que ce soit dans dans ses formes les plus extrêmes, celles qu'autorisent le fantastique et la S.-F., ou les plus « classiques ». Avec une trentaire de titres, il est de ces écrivains qui ont toujours quelque chose de nouveau à dire, quelque nouvelle expérience à tenter.
Critiques
Le nouveau roman de Philippe Curval est étonnant. Réussi, mais étonnant. Voyance aveugle débute comme un roman psychologique moderne, prend une tournure fantastique surnaturel et se conclut en pleine SF de l'Âge d'Or du plus bel effet.
Laure Pascal, 34 ans, est une employée de banque arriviste assez antipathique et à l'ego boursouflé. Le premier tiers du roman nous entraîne au Mexique, où Laure commence des vacances au goût amer dans la mesure où son compagnon de voyage l'abandonne dès le premier soir et que le guide mexicain qu'elle trouvait fort à son goût ne tarde pas à en faire autant. Résultat : retour à Paris, dépression nerveuse et cauchemars à répétition.
Un collègue, et ancien amant, lui recommande un voyant de ses amis afin de la délivrer des horreurs qui hantent ses nuits. Commence alors le passage le plus réussi du roman : l'exploration de l'univers onirique de la jeune femme. Avec l'aide du médium, et d'une forte dose de produits chimiques, Laure va basculer de l'autre côté, celui des rêves dont nousne nous souvenons pas au réveil. Difficile d'en dire plus sans dévoiler une part importante de l'intrigue. Sachez seulement que le merveilleux styliste qu'est Philippe Curval se surpasse dans la description, aux accents dickiens, de ces univers oniriques. Mais s'agit-il uniquement de rêves ?
Dans la dernière partie du roman, certains personnages croisés lors de l'escapade mexicaine de Laure effectuent leur retour et révèlent leur véritable nature... qui nous plonge en pleine SF jusqu'au dénouement d'une grande force esthétique, dont les images ciselées par cet orfèvre des mots qu'est Curval marqueront le lecteur pour longtemps.
Le matériau de base que constituent les civilisations pré-colombiennes a assurément séduit et inspiré l'auteur. C'est d'autant plus intéressant dans la mesure où la mythologie et le panthéon de ces civilisations n'ont trouvé que peu d'illustration dans la littérature fantastique — si l'on oublie les caricatures sanglantes et autres tâcheronnages sans intérêt. On n'attendait pas autre chose de cette première incursion de Philippe Curval dans le roman fantastique.