Assez peu connu, William Rotsler avait fait preuve d'originalité en publiant
Maître des arts 1. Gregory Benford s'était récemment imposé chez nous avec
Un paysage du temps 2, brillant récit de hard-science...
Les voilà associés pour nous proposer l'une des « tartes à la crème » du genre : le roman-catastrophe ! Shiva le destructeur, avec ses trente milliards de tonnes fonce vers la Terre et s'apprête à la réduire en miettes : pendant que les « élites », qui sont évidemment composées des savants et militaires américains, travaillent lucidement à sauver l'humanité menacée, la populace perd la tête. Rotsler et Benford ne font pas de détail : les gaz, la mitraille, quelques chars et il n'y paraît plus ! Quant aux Russes, leur caricature est tellement outrée qu'elle risque de gêner le plus anticommuniste des lecteurs de Fiction : il y a des scènes et des formules que seuls des Américains peuvent utiliser sans sourciller.
Le roman-catastrophe est rarement progressiste et Shiva le destructeur n'y fait pas exception ; c'est d'ailleurs l'aspect le plus crispant du livre. Cet obstacle surmonté, le lecteur qui aime les grands récits à l'américaine y trouvera de quoi satisfaire son goût de la démesure ; Benford et Rotsler connaissent leur métier et la machine qu'ils ont construite fonctionne à merveille.
Shiva le destructeur est structuré comme un compte à rebours ; mais ici, ce n'est pas un lancement spatial qui est attendu mais la collision inévitable, à moins que la NASA n'ait d'ici là le temps d'envoyer une expédition détruire à coups de missiles thermonucléaires la menace venue du ciel ! Tout au long des 500 pages que dure cette course contre la montre, et pour la survie, les événements s'accélèrent : les sectes mystiques exigent que s'accomplisse la « volonté de Dieu », des villes sont rayées de la carte par des raz-de-marée et des pluies de météorites, des émeutes éclatent...
Les amateurs de films-catastrophes en scope et son dolby en ont pour leur argent : Shiva le destructeur est une indiscutable réussite. On aime ou pas, c'est tout.
Notes :
1. Opta, « Anti-monde », réédition « Livre de Poche SF »
2. Denoël, « Présence du Futur ».
Stéphanie NICOT (lui écrire)
Première parution : 1/7/1984 dans Fiction 353
Mise en ligne le : 15/2/2003