Dans ses premiers instants de lucidité, il lui sembla qu'il en avait toujours été ainsi, qu'il n'avait jamais pu reprendre immédiatement pleine possession de ses sens, qu'il y avait toujours fatalement ces trous dans sa mémoire qui l'obligeaient à reconstituer progressivement qui il était, ce qu'il était, où il était, pourquoi il se trouvait là. C'était toujours son nom qui lui revenait en premier. Ses lèvres sèches formèrent les syllabes familières « Argred ». Il s'appelait Argred l'Insurgé. Il prononça ces mots à voix haute pour les mettre à l'épreuve, et leur écho lui parvint tandis qu'ils s'éloignaient.

 

     L.P. Davies est un auteur anglais pour qui le domaine de la S.F. n'est ni l'infini des galaxies, ni les gouffres du temps. Tout peut se dérouler dans un coin de petite ville ou de campagne anglaise, au milieu des gestes quotidiens, de la routine des jours avec pour héros des personnages apparemment sans éclat qui, brutalement, se trouvent confrontés avec des problèmes et des menaces mettront en péril l'équilibre du monde. (Jacques Van Herp.)

     Deux histoires montées en parallèle, celle d'un mystérieux héros évoluant dans un décor d'heroic-fantasy et celle d'un jeune médecin anglais contemporain confronté à un curieux cas de folie, organisent un récit sans doute un peu tarabiscoté et pas très crédible, mais en tout cas bien mené et fertile en rebondissements : un personnage de bande dessinée ayant « imprégné » le cerveau d'un enfant prend corps et, quelques décennies plus tard, se met à vivre dans la réalité du XX^e siècle en développant de traditionnels desseins de conquête du monde. Possession ? Schizophrénie ? Invasion inter dimensionnelle ? On ne sait pas trop, mais l'auteur a le don de nous mener par le bout du nez jusqu'à la dernière page. Le livre aurait merveilleusement convenu à la défunte collection « Angoisse » du Fleuve Noir, et c'est un compliment.