Robert LAFFONT
(Paris, France) Dépôt légal : 3ème trimestre 1980, Achevé d'imprimer : 10 juillet 1980 Première édition Roman, 176 pages, catégorie / prix : nd ISBN : 2-221-00533-3 Format : 13,8 x 21,0 cm✅ Genre : Imaginaire
Quatrième de couverture
Place du Jeu de Balle. C'est là que tous les jours se tient le marché aux puces de Bruxelles. Le dimanche, quand il fait beau, la foule s'y entasse et chacun a le secret espoir d'y dénicher l'objet de ses rêves.
Mais où le trouver ? Chez le vieux Martial, qui ne propose qu'un bric-à-brac ? Chez Viviane, qui vend des vêtements d'un autre âge ? Chez José, spécialiste des meubles de pitchpin – José atteint d'un mal étrange ? Chez Alex, qui croit connaître tous les bibelots de la terre ? Chez ce nouveau venu dont les allures intriguent tant son entourage et qui trône au milieu de ses bouquins ? Ou, plus loin encore, chez Julien dont les affaires n'ont jamais bien tourné ?
Quand débute le roman, tous ces brocanteurs rêvent. Ils ont la tête pleine d'idées – des idées roses, des idées noires – et imaginent des vies qu'ils n'ont pas vécues. Mais le Destin veille. En quelques heures, il va frapper et plus rien ne sera comme avant.
Voilà une histoire colorée, à la fois souriante et tragique, sur le monde fascinant de la brocante et des brocanteurs, microcosme de toute une humanité ballottée sans cesse entre la joie, la douleur, la dérision et le délire.
Critiques
Auteur d'un controversé Panorama de la littérature fantastique de langue française(Stock), un ouvrage qu'il faut lire même si on n'est pas toujours d'accord, parce que le fantastique reprend aujourd'hui un grand élan, J.B. Baronian s'est aussi essayé au récit fantastique avec deux romans chez Laffont, Scènes de la ville obscure et Le Diable Vauvert, dont je ne vous dirai rien parce que je ne les ai pas reçus, tant pis pour lui. Avec ce nouveau roman, Baronian flirte encore avec le fantastique, mais à son degré zéro, en quelque sorte. Rien de la grande machinerie habituelle au genre (apparitions, envoûtements, etc.), rien de la mythologie consacrée (monstres, goules et autres fantômes), juste la vie quotidienne de quelques vendeurs aux Puces de Bruxelles... Au point qu'un lecteur non averti ne verrait peut-être là-dessous qu'une banale histoire réaliste.
Pourtant, quand on connaît l'intérêt de notre auteur pour le fantastique, on se pose forcément quelques questions et le livre bascule : au-delà de la vie simple de ces gens simples, c'est un univers bizarre, en demi-teintes, qui apparaît. A chacun, ce matin-là, il arrive un petit rien qui bouscule les habitudes. Ce sont ces événements minimes qui donnent au livre cette dimension « différente ». Comme un léger tremblement de la réalité qui donne libre cours à l'imaginaire : à partir de ce glissement, tout peut arriver. Le fantastique est là, aussi, dans la brisure, il s'engouffre dans les vies trop rangées. L'un vend ses plus beaux objets coup sur coup, l'autre s'assoit sur un meuble en plein milieu de la Place, à la fin du marché, et finit par se suicider... C'est tout. C'est peu pour l'anecdote, mais beaucoup pour le climat. Baronian maîtrise son atmosphère comme un grand et nous balade dans le monde fou des Puces, ouvrant une porte sur nos rêves, puisque ce domaine-là n'est rien d'autre qu'une « naïve île au trésor, où chaque individu, retombant en enfance, se prend pour un flibustier de génie ».
Il y a une petite musique de l'étrange, dans ce roman, qui en fait une œuvre qui compte.