MARVELOUS FANTASY

     C'est un livre de MERVEILLES, un retour à l'âge des contes et des légendes : avec des dieux, des épreuves, du courage, des monstres, des marins, des princesses, des capitaines et des sorciers, et de l'amour. Et tout cela ne donne pas un Space Opera. C'est un texte : bien écrit, souvent drôle. Il s'inscrit dans la grande tradition du roman grec d'aventures dont le chef-d'œuvre reste les Etiopiques et dont les séquences de base sont : naissance d'un amour, obstacles et séparations, aventures sectorielles, combats, retrouvailles. Ici, en plus, .d'horribles rencontres avec des monstres plus ou moins divins, des malentendus et enfin l'alliance pour le grand combat D'un coté, avec le vaillant capitaine, Dagon (via Lovecraft) la Salamandre et les Bersekers ( !) en face, les Skulling Thorpe (une race de méchants morts sauvages et cannibales) et leur immonde chef. Enjeu : la princesse la et la suzeraineté de l'ile. De nombreux éléments renvoient aux batailles de l'Histoire Vraie, autre « roman grec », de Lucien (FOLIO N° 415) ; avec, comme chez Tolkien, des objets magiques (la pierre du Kingwürm) et l'usage de la magie — l'Obéa, mi-sorcière mi-apprentie sorcière (mais peu douée pour la botanique !). Tout ceci aurait pu confectionner un horrible, fade et grossier salmigondis. Le miracle provient de l'intégration poétique de ces éléments hétérogènes, de la connivence avec l'auteur-même dans ses mauvais calembours ! Cette réussite tient au ton, lequel renvoie à une structure narrative simple : le narrateur est un lointain descendant des héros, il conte leur légende (première distorsion -du temps a passé, la mémoire a enjolivé). Il conte cette légende à un auditoire enfantin, avec la nécessité de leur rendre accessibles les choses incompréhensibles — d'où un recours à des périphrases — pour le lecteur — à sens multiple, ce qui crée une connivence narrateur/lecteur. Mais cela n'aboutit pas à ironiser sur la légende. Et c'est ce qui en fait le charme. Livre de PURE évasion, sans prétexte autre que la quête du bonheur de lire : récit euphorisant, vivifiant.