SOMNIUM
, coll. Sciences & Fictions à Peyresq n° 8 Dépôt légal : novembre 2016, Achevé d'imprimer : octobre 2016 Première édition Recueil d'articles, 334 pages, catégorie / prix : 20 € ISBN : 978-2-918696-14-8 Format : 16,0 x 23,7 cm✅ Genre : Science-Fiction
Quatrième de couverture
Comment penser la citoyenneté dans un monde en mutation permanente ? Les révolutions techniques à venir, les confrontations à l'autre, l'alien, obligeront-elles l'humanité à remettre en cause ses principes les mieux établis ? Conjuguant l'impertinence au point de vue de Sirius, les spéculations de la science-fiction, littérature politique s'il en est, apportent aux débats les plus actuels un éclairage inattendu et des éléments de réflexion inédits.
1 - Ugo BELLAGAMBA & Estelle BLANQUET & Éric PICHOLLE & Daniel TRON, De l'audace, toujours de l'audace, pages 7 à 8, introduction 2 - COLLECTIF & Éric PICHOLLE, Régimes d'ailleurs, citoyennetés spéculatives, pages 21 à 35, table ronde 3 - Éric PICHOLLE, Pern, ou la citoyenneté déconstruite, pages 37 à 63, article 4 - Simon BRÉAN & COLLECTIF, Pour des droits de l'alien et du citoyen ?, pages 65 à 81, table ronde 5 - Ugo BELLAGAMBA & COLLECTIF, Intelligences artificielle et citoyenneté, pages 83 à 93, table ronde 6 - Ugo BELLAGAMBA & Giulio Cesare GIORGINI, Intelligence artificielle et citoyenneté(s), pages 95 à 119, article 7 - COLLECTIF & Yves FRÉMION, En dehors de la SF, la politique est-elle crédible ?, pages 121 à 139, table ronde 8 - COLLECTIF & Jean-Luc GAUTERO, Citoyens d'aujourd'hui, enjeux d'après‐demain, pages 141 à 158, table ronde 9 - Jean-Luc GAUTERO, Citoyens d'aujourd'hui, enjeux d'après-demain, pages 159 à 176, article universitaire 10 - Estelle BLANQUET & COLLECTIF, Former les citoyens de demain, pages 179 à 189, table ronde 11 - Estelle BLANQUET, Quis custodiet ipsos custodes : la formation du citoyen dans les romans pour la jeunesse de Robert Heinlein, pages 189 à 206, article 12 - COLLECTIF & Daniel TRON, Cinéma SF et citoyenneté, pages 209 à 226, table ronde 13 - COLLECTIF & Claude ECKEN, États, conflits et citoyenneté à l'échelle du space opera, pages 229 à 244, table ronde 14 - Robert A. HEINLEIN, Les Critiques de Starship Troopers, pages 245 à 245, postface, trad. Éric PICHOLLE 15 - COLLECTIF & Sylvie LAINÉ, Citoyens non standards, pages 247 à 258, table ronde 16 - Éric PICHOLLE, Citoyennons de Schrödinger, pages 259 à 261, article 17 - COLLECTIF & Jeanne-A DEBATS, Plus qu'humains, transcitoyens ?, pages 263 à 271, table ronde 18 - Robert A. HEINLEIN, Vous pouvez retourner dans la Boîte sans aucun frais (Réclamation) (Complaint, 2010), pages 273 à 275, nouvelle, trad. Daniel TRON 19 - COLLECTIF & Pascal J. THOMAS, Urnes spéculatives, pages 277 à 289, table ronde 20 - Robert A. HEINLEIN, Quatre pistes pour limiter le corps électoral, pages 283 à 284, postface, trad. Éric PICHOLLE 21 - Pascal J. THOMAS, L'Obscure tentation méritocratique de la SF, pages 291 à 298, article
Critiques
Les actes des Journées interdisciplinaires Sciences & Fictions de Peyresq réunissent chaque année littéraires, scientifiques et universitaires autour de la science-fiction, conscients que sa façon d’aborder des questions actuelles apporte des éclairages neufs et dévoile des angles inédits.
Et quoi de plus pertinent que la science-fiction pour penser la citoyenneté ? Qu’il s’agisse de sociétés futures, de rencontres extraterrestres, de colonisation de planètes, de régimes totalitaires, d’innovations technologiques ou d’humanité augmentée induisant un changement de paradigme, la SF n’est pas neutre concernant les représentations de la citoyenneté.
C’est ce que se propose d’examiner ce colloque, souvent à partir des cas limites qui imposent de faire évoluer les cadres traditionnels et les schémas obsolètes. En cela, la SF est un outil pour éprouver la robustesse de modèles dans des situations extrêmes. Ainsi, autour de la citoyenneté novatrice du cycle de la « Culture » de Banks, médiévale des «Dragons de Pern » (E. Picholle), suspensive dans les space opera guerriers (votre serviteur), à redéfinir en fonction des espèces extraterrestres (S. Bréan), et même face à des citoyens non-standards (S. Laîné), des plus qu’humains virtuellement transcitoyens (J. A. Debats), ou incluant des IA menant à une confiscation de citoyenneté (U. Bellagamba et G. C. Giorgini), les situations de crise et remises en cause arbitraires imposent de repenser la notion d’égalité et de territorialité, notamment sur le plan juridique.
Qui nous gardera de nos gardiens ? La citoyenneté est d’abord affaire d’éducation (E. Blanquet). Mais la palette est large entre coercition et apprentissage proche de la manipulation. Heinlein est convoqué lors de ces débats ; on trouvera d’ailleurs sa réponse aux critiques de Starship Troopers et une nouvelle inédite sur le thème du cyborg.
Au-delà des utopies peu crédibles et des dystopies agitant les spectres totalitaires, la citoyenneté est affaire de contexte politique (Y. Frémion). Toute administration de la cité supposant une vision d’avenir, un politique qui ne comprend pas la SF (les idées comptent moins que son rapport au présent) se contente d’une gestion du quotidien à terme dommageable. Sans offrir de solutions toutes faites, la SF, fondée sur une critique permanente de la société, a pensé l’ensemble des problèmes, ouvrant des pistes de réflexion.
Peut-être les choix actuels sont-ils moins axés sur la recherche du bonheur des gens que sur la prévention de malheurs à venir : autour de cette question, Jean-Luc Gautero oppose les thèses antagonistes des philosophes Ernst Bloch (Le Principe d’espérance) et Hans Jonas (Le Principe de responsabilité). La question du scrutin fait aussi débat, des modalités d’un vote ou d’un découpage électoral qui indique une tentation de la SF à la méritocratie (P. Thomas).
Si la SF est plus contestataire que progressiste, c’est parce que la complexité des questions se traite mal dans le cadre d’une fiction avant tout centrée sur la lisibilité. Le cinéma, plus que la littérature, présente des versions basées sur un sauveur providentiel peu démocratique, mais reste témoin des valeurs de son temps et propose parfois des réflexions sur des enjeux de société et citoyenneté (D. Tron).
Le compte-rendu de ces débats, très riches, du fait d’une quinzaine d’intervenants et de leurs spécialités respectives, est complété par des articles des modérateurs (cités entre parenthèses). Il faut saluer le travail des responsables pour ordonner, condenser, mettre en forme et en texte, ces échanges qui fusent en totale liberté. Au total, un copieux volume, très illustré, dédié à la mémoire de Mady Smets, mécène de Peyresq, et à Roland C. Wagner, qui était un habitué de ces rencontres.
Propre à aiguiser son sens critique, cette session consacrée à la citoyenneté est, en cette période électorale, tout à fait pertinente. À élire sur sa pile de lecture.