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Cosmos incarné

Jean-Michel RÉ

Cycle : La Fleur de Dieu  vol. 3


Illustration de Pascal CASOLARI

ALBIN MICHEL (Paris, France), coll. Albin Michel Imaginaire précédent dans la collection suivant dans la collection
Date de parution : 29 janvier 2020
Dépôt légal : janvier 2020
Première édition
Roman, 300 pages, catégorie / prix : 19,90 €
ISBN : 978-2-226-44238-3
Format : 14,0 x 20,5 cm
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture

Dix jours après l'ouverture des portes du ciel, le Cosmos s'incarne aux quatre coins de l'univers.

A l'échelle des hommes, le seigneur de Latroce continue son œuvre de fureur et de chaos, animé par une colère inépuisable. Maître Kobayashi, quant à lui, arpente la voie de l'Enfant, essayant de trouver le véritable sens à son enseignement : « Semez le Chaos dans l’Harmonie, comme le projectile sème le trouble dans l’eau immobile. Répandez de l’Ordre dans le Désordre quand le Faux gagne sur le Juste. Propagez la subversion créative quand la Loi devient indigne. Cultivez le Beau et le Bon. »

A la lumière de la Fleur de Dieu, un spectaculaire dénouement se profile.

Critiques

[Critique parue exclusivement dans la version numérique de la revue]

 

    Terminer une trilogie est parfois le moment le plus délicat pour un auteur : au-delà du travail qui consiste à nouer les fils d’intrigue, il s’agit de lever le voile sur le schéma d’ensemble de l’œuvre, soit donc sortir de l’ambiguïté pour de bon, et à dire plutôt qu’à faire allusion. Dans les précédents tomes de « La Fleur de Dieu  », Jean-Michel Ré semblait relire Dune de façon idéaliste voire spiritualiste : reprenant un propos confinant parfois au mystique, il donnait l’impression de suivre la lecture de Jodorowsky plutôt que le matérialisme herbertien. La question se posait : le cycle de la «  Fleur de Dieu » finirait-il par tracer un trait d’union entre ces deux visions ?

    Cosmos incarné propose tout d’abord une clarification en accordant enfin son statut de personnage capital au Seigneur de la Guerre de Latroce, antagoniste absolu qui au terme du deuxième tome parvenait en partie à ses fins en éliminant le pouvoir impérial de l’échiquier galactique : de la sorte, l’ensemble de la trilogie peut s’apparenter à une série d’échanges et de relations pas toujours pacifiées mais pas toujours conflictuelles non plus entre trois personnages capitaux distincts. L’Enfant est le premier apparu et défini en tant que tel : post-humain ou ahumain, il témoigne de l’irruption – ou de la persistance – d’une forme de transcendance du corps et de l’esprit au plus fort d’une époque matérialiste. Kobayashi apparaît lui aussi capital peu de temps après : choisi par l’Enfant qui lui enseigne à « voir » au-delà des apparences, il montre que l’on peut choisir de s’engager sur la voie de la transcendance. Le Seigneur de la Guerre de Latroce, personnage pétri d’hybris comme on en rencontre peu, s’affirme ici à ce statut malgré la débauche de technologie qui lui donne une forme d’immortalité : cette transcendance-là est perverse par nature. Ce qui fait de lui un personnage capital est sa capacité à comprendre qu’une autre transcendance est possible et même désirable. Dans Cosmos incarné, les symboles sont omniprésents : l’enjeu de cette intrigue est celle de l’acceptation par l’être humain de la transcendance – mais aussi de la possibilité d’une rédemption. Certains personnages importants ou secondaires persistent à jouer selon les anciennes règles : leur destin montre que le monde matérialiste est condamné.

    Si l’écriture chargée de symboles et l’importance accordée à la transcendance peuvent déplaire – et même apparaître comme autant de faux-sens aux yeux des lecteurs de Herbert –, reconnaissons que les enjeux de « La Fleur de Dieu » et de ce dernier tome vont au-delà d’un simple appel lyrique à construire un monde plus idéaliste. L’Empire galactique de cet univers est appelé à s’effondrer – les épigraphes qui l’évoquent le font souvent à travers une expression transparente, celle de « Premier Empire » – mais l’espèce humaine, pourtant, n’est pas condamnée à la régression ou à la barbarie. Le travail de dispersion entrepris par l’Enfant est décrit comme donnant lieu à de nouvelles civilisations isolées, dont la redécouverte future promet de redéfinir la compréhension des événements décrits dans la trilogie. C’est ici que Jean-Michel Ré parvient à réintroduire des conceptions herbertiennes et donc matérialistes : d’abord avec l’allusion (transparente elle aussi) à la Dispersion qui vient séparer L’Empereur-Dieu de Dune des Hérétiques de Dune ; et ensuite avec cette idée selon laquelle chaque civilisation humaine, au fond, doit jouer son propre rôle dans le concert universel et que toute uniformisation est synonyme de stagnation puis de décadence. L’entropie était l’ennemie dans le cycle de « Dune », elle l’est aussi dans La Fleur de Dieu, mais elle ne s’y exprime pas tout à fait de la même façon.

    Cosmos incarné vient ainsi conclure avec intelligence un cycle audacieux, qui ne touchera peut-être pas un large lectorat, mais qui méritait d’être écrit.

 

Lien vers le blog d'Anudar

ANUDAR
Première parution : 1/4/2020 dans Bifrost 98
Mise en ligne le : 12/1/2024

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