L'ATALANTE
(Nantes, France), coll. La Dentelle du Cygne Dépôt légal : août 2017, Achevé d'imprimer : août 2017 Première édition Recueil de nouvelles, 192 pages, catégorie / prix : 3 ISBN : 978-2-84172-822-0 Format : 14,5 x 20,0 cm✅ Genre : Imaginaire
Le nom de l'auteure est mal orthographié au dos de l'ouvrage (Shuhner au lieu de Suhner).
Laurence Suhner est connue pour sa trilogie « QuanTika », où s’est manifesté son goût pour les exoplanètes, la physique quantique, l’archéologie et les aliens tout aussi empathiques que féroces.
Dans ce recueil, qui puise aux sources de l’inspiration de l’auteur, vous passerez du space-opéra classique à des événements étranges qui ont pour cadre le Centre européen pour la recherche nucléaire (CERN), du conte fantastique au récit post-apocalyptique ; vous serez à Genève — aujourd’hui, il y a un siècle, dans ses catacombes, dans d’autres dimensions —, à Montreux, à Londres, dans l’espace et sur TRAPPIST-1e, une planète découverte il y a quelques mois ; vous frémirez d’angoisse dans des demeures de l’époque victorienne, vous ferez l’expérience de la divergence, vous vibrerez et danserez au son d’instruments extraterrestres, vous assisterez à la création des mythologies du futur...
En lisant en filigrane le parcours de Laurence Suhner, on comprend à quel point raconter et se raconter des histoires est essentiel à la vie.
Nous n’avons jamais autant de puissance et de volonté que lorsqu‘il faut tout recommencer à zéro. Se réinventer sans cesse, sans perdre de vue qui nous étions avant.
1 - Le Terminateur, pages 9 à 13, nouvelle 2 - La Fouine, pages 15 à 28, nouvelle 3 - Différent, pages 29 à 32, nouvelle 4 - La Chose du lac, pages 33 à 56, nouvelle 5 - Au-delà du Terminateur, pages 57 à 71, nouvelle 6 - Homéostasie, pages 73 à 89, nouvelle 7 - Le Corbeau, pages 91 à 110, nouvelle 8 - Timhkâ, pages 111 à 135, nouvelle 9 - La Valise noire, pages 137 à 147, nouvelle 10 - M. Ablange, pages 149 à 153, nouvelle 11 - L'Autre monde, pages 155 à 165, nouvelle 12 - L'Accord parfait, pages 167 à 184, nouvelle
Critiques
Le cœur de la science-fiction bat au rythme de la nouvelle. On ne le répétera jamais assez. Le recueil de Laurence Suhner vient nous le rappeler et d’une fort belle manière. L’écrivain suisse, autrice de la trilogie « QuanTika », dont le premier tome vient d’être réédité en poche chez Folio « SF », dévoile ici la multiplicité de ses sources d’inspiration. Douze textes dont sept inédits, des nouvelles de science-fiction, bien sûr, mais aussi du fantastique référencé au style suranné qui amuse sans vraiment surprendre. Des œuvres de commande destinées à des anthologies ou des revues, mais également des textes de jeunesse puisés dans ses archives. Bref, de quoi nourrir le senseof wonder, tout en cherchant à satisfaire ce sentiment de vertige cher à l’amateur de science-fiction et qui se fait si rare en ces temps de dystopies et de romans post-apocalyptiques triomphants.
Car, s’il est un reproche que l’on ne peut pas faire à Laurence Suhner, c’est celui de prendre la science-fiction comme un prétexte. L’autrice sait que le genre est un prodigieux générateur d’images et d’histoires, capable de produire un sentiment de sidération incomparable. Que ce soit sur l’océan de Nuwa (« Le Terminateur » et « Au-delà du terminateur »), l’une des exoplanètes du système TRAPPIST-I, ou dans la nouvelle « Timkhâ », matrice par ailleurs de la trilogie « QuanTika », elle réveille ce frisson conceptuel tant prisé par les aficionados, remettant l’humain à sa juste place, celle de simple composante de l’univers.
L’homme se trouve en effet au cœur de toutes les nouvelles du recueil. Il n’est cependant aucunement le centre de l’univers, bien au contraire, qu’il imagine la fin du monde par pur égoïsme infantile («Différent »), qu’il se frotte à l’altérité (« Timkhâ ») ou qu’il cherche à percer les secrets de la matière (« LaFouine »), l’homme n’est pas le sommet de l’évolution. D’ailleurs, peut-être n’est-il qu’un bruit de fond, jouet de puissances occultes insensibles à son existence (« Homéostasie ») ? De quoi inciter à la modestie et à une bonne dose de prudence. Et ce n’est pas Stephen Hawkin qui nous contredira sur ce point.
Du sommaire du recueil, on ne retiendra certes pas« La Chose du lac », « Le Corbeau » et « L’Autre monde », exercices de style, un tantinet vintage, lorgnant vers le fantastique et quelques grands anciens – en vrac : H. P. Lovecraft, Edgar Allan Poe ou Maurice Leblanc. On ne retiendra pas davantage « M. Ablange », qui aurait bien mérité de rester inédit. Préférons leur « La Valise noire », courte nouvelle sur la multiplicité des possibles, voire « L’Accord parfait », texte liant fonction d’onde et musique. Sans oublier les deux nouvelles situées dans le système TRAPPIST-I. Voici les réussites incontestables d’un recueil loin d’être honteux, mais qui laisse le lecteur un tantinet sur sa faim. Raison de plus pour (re)lire la trilogie « QuanTika », en attendant le prochain roman de l’autrice.