L'ATALANTE
(Nantes, France), coll. La Dentelle du Cygne Dépôt légal : août 2018, Achevé d'imprimer : août 2018 Première édition Roman, 256 pages, catégorie / prix : 3b ISBN : 978-2-84172-869-5 Format : 14,5 x 20,0 cm✅ Genre : Science-Fiction
Un coin entre mer et montagne. Une lande, longtemps après un désastre qui a laissé la terre exsangue et toxique. Ses rares habitants vivent les yeux tournés vers le ciel dans l’attente de la pluie, ou vers le sol où la mort les attend.
La faute au Temps Vieux dont les traces subsistent encore sous forme de micro-organismes, qui devaient faire pousser le maïs plus vite et plus droit, et de monstres autonomes qui continuent à labourer une terre depuis longtemps désertée par leurs concepteurs.
Heureusement, il y a Arsen, qui a gardé des souvenirs, un appétit d’avenir, et surtout un projet : forer le sol pour trouver de l’Eau potable sous la Malboire afin d’échapper au diktat de la pluie. Et il y a surtout Zizare, qu’Arsen a tiré de la Boue et recueilli, tout comme Mivoix, sa compagne. Il leur donne le goût de l’aventure et ne les retient pas lorsqu’ils partent, obnubilés par la rumeur d’un barrage derrière lequel se trouverait une immensité d’Eau...
Faire route avec Zizare, c’est entreprendre une quête d’un monde qui se fonde sur la quête des mots, c’est découvrir que géographie physique et géographie psychique se répondent, c’est entendre la leçon d’une fable écologique qui se conjugue pour le lecteur au futur antérieur.
Critiques
Un an après sa très belle fantasyBertramlebaladin chez Critic (cf. Bifrost 89), Camille Leboulanger est de retour à l’Atalante, où il renoue avec ses premières amours : le récit post-apocalyptique. Ceci dit, malgré une thématique similaire, Malboire est un roman très différent de son premier, Enfin la nuit. Moins paisible, cette histoire se déroule dans un futur indéter-miné, longtemps après l’effondrement complet de la civilisation. Un univers de boue et de fange, dans lequel se débattent les derniers vestiges de l’humanité. Zizare est l’un de ces mange-terre qui hantent ces landes noyées. Pourtant, contrairement à ses congénères, il a gardé en lui une étincelle de conscience qui va l’amener à s’interroger sur son sort et sa nature. Au fil de ses errances, il va découvrir que le monde ne se limite pas aux marais toxiques et aux terres empoisonnées qui ont longtemps constitué son seul horizon. Certains s’y adonnent à d’absurdes cultes morbides, tels les Planches à Mort, ces surfeurs de l’Apocalypse qui attendent avec impatience l’ultime vague qui emportera tout sur son passage. D’autres, comme les Batras, sillonnent la région qu’ils pillent sans vergogne, s’accaparant le peu qu’il reste à posséder. D’autres encore, comme Arsen, la figure paternelle qui a ramené Zizare à la vie, sont les derniers détenteurs des savoirs d’autrefois et n’ont pas renoncé à faire renaître ce monde. Il y a enfin (et surtout) Mivoix, son âme sœur, sans qui le voyage dans lequel se lance Zizare n’aurait aucun sens.
Avec Malboire, Camille Leboulanger signe un roman somme toute assez classique, qui n’aurait guère été différent s’il avait été écrit cinquante ans plus tôt. Sa dernière partie, en particulier, a quelque chose de désuet dans son déroulement et dans ce que l’on y apprend de cet univers. C’est certainement l’élément le moins convaincant du récit. Avant cela, l’écrivain excelle dans la description de ce monde moribond. La Malboire et son environnement boueux, sa fange empoisonnée, est palpable tout du long, s’insinue dans chaque page du récit, constitue le premier et le principal adversaire auquel doivent constamment faire face ses personnages. Roman d’ambiance avant tout, Malboire s’avère une belle expérience de lecture, confirmant que Camille Leboulanger est un auteur à suivre, quel que soit le genre qu’il aborde.