APRÈS LA LUNE Dépôt légal : novembre 2010 Première édition Roman, 304 pages, catégorie / prix : 15 € ISBN : 978-2-35227-052-2 ✅ Genre : Science-Fiction
Quatrième de couverture
Il y avait une entité, un être de chair et d’os, que l’on appelait Monsieur Nadir. Avant sa mutation...
Nous sommes en 2037. Les super-héros ne sont plus ce qu’ils étaient. Pendant plus de vingt ans ils ont rêvé d’un ennemi digne des bandes dessinées que lisaient leurs parents. Mais le « croque-mitaine » n’est jamais venu. Et les héros ont vieilli.
Homme bionique employé par les services secrets helvétiques, Louis Lartigue est chargé de détruire une créature qui prolifère en dévorant ses victimes de l’intérieur. Il reconstitue la folle équipe de sa jeunesse, au temps de ses premiers pas dans l’héroïsme masqué, et de ses premières amours.
Sans le savoir, Lartigue et ses amis se lancent à l’assaut du cauchemar rêvé de leur enfance. La confrontation sera épique, brutale, mystique. Cette fois il ne s’agit plus seulement de s’amuser. La bête a faim, et les puissances occultes qui la commandent ne veulent pas de survivants.
Après Sansalina, western métaphysique paru chez Après la Lune en 2007 et réédité en Folio policier, Nicolas Jaillet revient en force avec ce thriller sauvage, à la fois nostalgique et inquiétant, et réussit à renouveler le genre pourtant très codé, et désormais classique, des super-héros.
Critiques
Nicolas Jaillet s'était révélé avec son premier roman, Sansalina, un western métaphysique paru aux éditions Après la lune. Il nous revient avec un deuxième livre aussi intrigant, mélange de super-héros et d'invasion extraterrestre.
Une alien, donc, prend un jour possession du corps d'un ministre habitué d'une certaine maison sado-masochiste en Bretagne. Elle réussit à passer inaperçue, bien qu'elle pilote seulement l'enveloppe corporelle de l'homme et ne soit pas capable de savoir comment se comporter ni même de comprendre la langue des autochtones. Quelque temps plus tard, un deuxième extraterrestre atterrit en pleine montagne suisse. Il investit également une femme, mais est contraint de changer de « récipient », de telle sorte que les autorités se rendent compte du danger. Elles décident alors de faire appel à Louis Lartigue, l'Homme Atomique, quasi-omnipotent, qui va tenter de juguler la menace étrangère.
Ce que l'on note au premier abord, c'est la construction de ce roman, kaléidoscopique, qui donne voix à la parole aux nombreux protagonistes, sans pour autant jamais perdre le lecteur. Ceci confère le rythme enlevé d'un thriller, à l'ouvrage, même si certains passages – les fameuses aventures de Fred Véloce signées par le jeune David Liebgott – n'ont que peu d'intérêt. Tous les procédés y passent, construction croisée, flash-backs, scène commune analysée par les différents personnages qui y assistent... La maîtrise de l'auteur est ici évidente, comme l'est sa volonté de s'en tenir à son point de départ : écrire un roman de super-héros. Dans le monde imaginé par Jaillet, l'existence de ceux-ci est avérée, acceptée par tous ; tout bon super-héros ne peut néanmoins exister sans un super-vilain, et c'est ce à quoi vont servir les extraterrestres, qu'on croirait tout droit sortis du film The Hidden. On n'y croit pas une seconde, mais on se détend à la lecture de ce livre qui mise plus sur la participation du lecteur que sur une intrigue tirée au cordeau. Reste néanmoins qu'à trop vouloir contenter son public, Jaillet achoppe par son traitement, qui oscille sans jamais choisir son camp : après un début plutôt dramatique, et quelques scènes qui font froid dans le dos, ça tourne à l'humoristique, voire au grand n'importe quoi dès lors que l'action se concentre autour de la maison SM de Bretagne. À vouloir trop en faire, l'auteur se perd, et nous avec, qui ne comprenons plus quel est exactement son propos. En réduisant le spectre de ses ambitions, Nicolas Jaillet aurait sans doute accouché d'un roman plus compact, plus efficace, et Nous, les maîtres du monde aurait ainsi dépassé le statut d’œuvre sympathique mais foutraque qu'il se contente d'avoir.