L'ATALANTE
(Nantes, France), coll. La Dentelle du Cygne Date de parution : 21 mars 2019 Dépôt légal : mars 2019, Achevé d'imprimer : mars 2019 Première édition Roman, 464 pages, catégorie / prix : 7 ISBN : 978-2-84172-896-1 Format : 14,5 x 20,0 cm✅ Genre : Fantastique
Quatrième de couverture
1666, en Angleterre. Le roi et le Parlement se disputent le pouvoir. La guerre civile ravage le pays.
Lune, la reine des fae, a juré de venir en aide aux mortels, mais elle titube sous les assauts de ses ennemis surnaturels. Sous Londres, dans son palais d’Onyx, elle tente de concilier les besoins des deux peuples.
Mais une menace plus grave encore surgit. Le four d’une boulangerie, mal éteint, déclenche un incendie. Londres est construite en bois ; des quartiers entiers s’embrasent. Les humains se battent contre les flammes, mais les fae savent qu’il ne s’agit pas d’un feu ordinaire : c’est le Dragon, l’esprit du feu, conscient, déterminé à tout dévorer.
Pris entre puritains et royalistes, les fae et leurs alliés mortels tissent une tapisserie bleu nuit, rouge sang, rouge flamme.
Avec une prose élégante, maîtrisée, Marie Brennan nous plonge dans l’histoire tragique d’une période à la fois baroque et austère.
Critiques
[critique parue exclusivement dans la version numérique de la revue]
Second tome de « La cour d’Onyx », Gît dans les cendres continue sur la lancée de Minuit jamais ne vienne (critiqué dans Bifrost n° 91), mêlant l’Histoire réelle de l’Angleterre et les ressorts occultes (dans tous les sens du terme), liés à une cour féerique installée sous Londres, qui la sous-tendent. Si le tome 1 se déroulait à la fin du XVIe siècle, celui-ci fait un bond en avant, plaçant l’action entre 1639 et 1666 (plus un épilogue en 1675), date du fameux incendie de la ville. De fait, les scènes situées lors de l’évènement forment un fil rouge constitué de chapitres d’une vingtaine de pages, entrecoupés de chapitres plus grands qui sont autant d’analepses expliquant comment on en est arrivé là. Marie Brennan crée d’étonnants parallèles entre la Révolution anglaise, qui fait traverser à la monarchie humaine bien des épreuves, et celles endurées par sa contrepartie féerique, dont les protections traditionnelles sont de plus affaiblies par le zèle puritain. Dans les deux cas, la même géopolitique est à l’œuvre, l’Irlande et l’Écosse constituant une épine dans le pied des monarques siégeant à Londres, humains ou Fae. La férocité de l’incendie de Londres trouve une explication surnaturelle, liée à une Sorcière du vent hivernal et à un Dragon, version XXL des élémentaires de feu communs. Mais les grands événements Historiques humains (mettant en scène quelques célébrités, dont Cromwell) ou la lutte entre Lune, désormais reine, et une reine Fae écossaise qui lui voue une haine tenace, ne constituent pas la seule dimension du texte, puisque celui-ci se double d’une strate plus personnelle, liée aux princes consorts succédant à Michael Deven.
Plus encore que dans le tome précédent, l’aspect historique est d’une impressionnante solidité, peut-être même trop pour le bien du roman. En effet, si Minuit jamais ne vienne était lisible sans qu’il soit nécessaire d’être doté d’une connaissance pointue de l’ère élisabéthaine, Gît dans les cendres amplifie la tendance constatée dans la novella intermédiaire Deeds of men (qui se déroule en 1625), à savoir projeter le lecteur, sans volonté didactique aucune, dans un tourbillon de factions, partis politiques, groupes religieux ou autres, dont, à moins qu’il ne soit anglais, il n’a probablement pas une vision claire. Si cet aspect Historique montre donc un louable souci d’exactitude, il crée un écueil sur lequel pourrait venir se fracasser le lecteur peu féru d’Histoire anglaise et pas enclin à aller faire des recherches sur internet. Toutefois, en Bifrosty, nous restons persuadés qu’au contraire, cet aspect est une grande force de ce roman, qui plus est habilement construit, écrit et traduit. Plus encore que dans le tome 1, ce cycle se révèle très supérieur à celui qui a fait connaître l’autrice en France, « Mémoires, par lady Trent ».