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Population : 48

Adam STERNBERGH

Titre original : The Blinds, 2017
Première parution : Ecco / HarperCollins, 1er août 2017   ISFDB
Traduction de Charles BONNOT

SUPER 8 (Paris, France) n° (35)
Dépôt légal : octobre 2018
Première édition
Roman, catégorie / prix : 22 €
ISBN : 978-2-37056-111-4
Format : 14,0 x 20,0 cm
Genre : Fantastique


Quatrième de couverture

Tout le monde est coupable. Personne ne sait de quoi.

Caesura Texas – une minuscule bourgade clôturée, au fin fond du désert. Population ? 48 habitants. Des criminels, a priori. Ou des témoins. Comment savoir ? Tous ces gens ont changé d’identité, et leur mémoire a été effacée. Pour leur bien. Dans l’optique d’un nouveau départ.
En échange de l’amnistie, les résidents doivent accepter trois règles simples : aucun contact avec l’extérieur, aucun visiteur, et aucun retour possible en cas de départ. Une expérience unique, menée par un mystérieux institut. Pendant huit ans, tout ce petit monde est resté à peu près en place. Jusqu’à aujourd’hui. Errol Colfax, en effet, s’est suicidé… avec une arme qu’il n’aurait jamais dû posséder. Puis Hubert Humphrey Gable est assassiné. Calvin Cooper, le shérif local, est contraint de mener l’enquête. Ce faisant, il risque de déterrer des secrets que l’essentiel des habitants – y compris lui-même – auraient préféré voir rester enfouis. Trop tard pour faire marche arrière. Bientôt, un irrépressible déferlement de violence va s’abattre sur les rues poussiéreuses de Caesura…
Férocement drôle, comiquement féroce, Population : 48 – le troisième roman d’Adam Sternbergh – est aussi un redoutable page-turner où, quelque part entre Tarantino et La Quatrième Dimension, aucun personnage n’est vraiment ce qu’il paraît être. 

Critiques

Un nouveau programme pour la protection des témoins et des repentis est expérimenté aux USA : grâce à la technique du Dr. Holliday, les souvenirs des crimes qu’ils ont vus ou qu’ils ont commis sont effacés, leur nom est changé. Ils peuvent commencer une nouvelle vie, enfermés dans une petite bourgade perdue au milieu du Texas, isolée du reste du monde. Quarante-huit amnésiques volontaires cohabitent au sein de Caesura, surnommée The Blinds, sous la houlette du shérif Calvin Cooper. Mais l’un des résidents se suicide. Un autre est assassiné. Avec autant de suspects au passif aussi lourd et aux souvenirs inaccessibles, l’enquête s’annonce difficile.

Ce roman ne se rattache à la SF que par un fil ténu, le procédé qui permet d’éliminer des souvenirs avec une précision chirurgicale. En-dehors de cet élément, il relève plutôt du polar, sacrifiant à nombre de clichés du genre : personnages rattrapés par leur passé, communauté qui éclate lorsque sont révélés les secrets des uns et des autres, complot des puissants, virilité exacerbée qui dissimule des blessures profondes, explosion de violence... En-dehors de son idée de départ, ce roman d’Adam Sternbergh ne brille pas par son originalité, mais c’est un bon récit dont l’action est prenante ; on éprouve de la sympathie pour les personnages malgré leur aspect stéréotypé (ou grâce à lui, justement). L’écriture est vive et les dialogues, eux aussi classiques pour ce type de littérature, sonnent bien.

Population : 48 ne révolutionne pas le genre, loin s’en faut, mais il offre un agréable moment de lecture.

 

Jean-François SEIGNOL (lui écrire)
Première parution : 8/1/2019 nooSFere


 Troisième roman d’Adam Sternbergh, Population : 48 est situé par son éditeur « quelque part entre Tarantino et La Quatrième Dimension » — ce qui laisse de la marge. On s’étonnera, à ce compte-là, qu’il n’ait pas osé « Et si Kafka avait écrit un thriller ? », tant la situation absurde des protagonistes du roman aurait pu y faire songer.
 En effet, dans la (très) petite ville de Caesura, Texas, tous les habitants ont vu leur mémoire effacée « pour leur bien », dans le cadre d’une sorte de programme expérimental de protection des témoins. Nombre des habitants sont probablement des criminels, et de la pire espèce, qui ont évité la prison en balançant leurs semblables ; il n’est pas tout à fait exclu que certains d’entre eux soient des innocents — victimes qui, dans le monde extérieur, seraient aussitôt massacrées par la pègre ; aussi « Blind Town » est-elle coupée du monde : pas de contact, pas de sorties. Mais le problème, c’est que du fait de cette amnésie contrôlée, rançon de leur « liberté », les habitants de Caesura ignorent ce qu’ils ont fait pour arriver là — beaucoup se bercent de la conviction de leur innocence, mais le doute demeure toujours… Jusqu’au « shérif » de la ville, Calvin Cooper, qui est dans le même cas que ses « administrés ».
 En huit années de programme, il ne s’est pas passé grand-chose à Caesura. Jusqu’à un suicide récent, suivi d’un meurtre manifeste — et par arme à feu dans les deux cas, ce qui n’aurait jamais dû être possible. Il faut enquêter, et remuer la vase — des souvenirs pénibles pourraient bien remonter à la surface…
 Le sujet est bon, l’ambiance intéressante, et il y a assurément de quoi en tirer des choses profondes et stimulantes. À ceci près qu’Adam Sternbergh n’est pas Kafka, et n’a jamais eu l’intention de l’être : ce postulat très riche (et absurde) n’est jamais autre chose que ce qu’il est — un postulat, un point de départ. L’auteur en extrait un thriller efficace, même si passablement mécanique : on tourne les pages, ça fonctionne bien, mais il ne faut pas en attendre davantage. En définitive, Population : 48 ne va jamais au bout de son sujet, et écarte la réflexion très vite pour se contenter d’aligner les twists avec la régularité d’une mitrailleuse. Ce qui suffit à en faire un divertissement correct, encore que la fin du roman, avec ses révélations en pagaille, tienne de la mauvaise blague un peu navrante — est-ce là le côté « drôle » dont parle la quatrième de couverture ?
 Ça fonctionne, oui… mais mécaniquement. Et du coup ça ne convainc jamais totalement. Dès l’instant où Adam Sternbergh affiche son orientation thriller, la perception du postulat change chez le lecteur : ce qui pouvait se permettre d’être absurde commence dès lors à manquer de consistance et de crédibilité. Au fond, on se rend compte bien vite que ça ne tient pas la route : rien, dans cette expérience, ne parait plausible. Ça n’était pas gênant au départ, mais au fur et à mesure que les « révélations » s’enchaînent, dans plusieurs trames parallèles dont un certain nombre des plus superflues, le scepticisme croît… jusqu’au rejet (ou, au mieux, disons l’indifférence).
 Pourtant, Population : 48 se lit non sans un certain plaisir, on tourne les pages sans y penser. Cela doit tenir à une certaine science de l’auteur, dans la caractérisation des personnages, notamment, et l’ambiance — sans oublier quelques dialogues et, oui, mettons, un twist ici, un autre là.
 Rien de bien renversant, juste un divertissement correct — on hésite à employer le qualificatif « honnête »… et on regrette un certain manque d’ambition, peut-être.

Bertrand BONNET
Première parution : 1/1/2019 dans Bifrost 93
Mise en ligne le : 18/7/2023

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