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Jacques Dumas (1908-1995), dit Marijac, fut l'homme-orchestre de la BD française d'après-guerre : dessinateur, scénariste, rédacteur-en-chef et éditeur, parfois les quatre à ta fois. Il débuta comme dessinateur en 1931 dans Coeurs Vaillants, continua dans Pierrot, Guignol, Le Bon Point. Sous l'Occupation, il illustra aussi des feuilletons pour Sirocco. Sans attendre la fin de la Libération, il lança Coq-Hardi, qui connut une fortune extraordinaire sous diverses formes puisqu'il dura de 1944 à 1963. Il y publia Le Rallic, Licquois, Duteurtre, Poïvet, Calvo, Giffey, Cazanave et lui-même, oubliant la compromission de certains avec les éditions collaborationnistes. Ce ne fut que la première de ses aventures éditoriales puisqu'il tenta même sa chance avec la presse pour fillettes en 1959 (Frimousse) puis en 1962 (Mireille) et pour adultes en 1967 (Paris Centre Auvergne). Il reçut en 1979 le grand prix de la ville d'Angoulême pour l'ensemble de son oeuvre.
"Le Secret des Monts Latanas" fut sa deuxième incursion dans la SF. Elle se trouve dans Coeurs Vaillants n°1 à 27 (4 janvier-5 juillet 1942). Elle fut précédée par "Le Chasseur de Monstres" (1938) dont il reprenait le thème : un coin perdu de la Terre où subsistent des dinosaures. Mais alors que précédemment il s'était plutôt inspiré de "King Kong" de Mérian C. Cooper (1932), cette, fois-ci il revenait strictement au roman d'Arthur Conan Doyle, "Le Monde Perdu" (1912). Toujours dans la SF mais dans Coq-Hardi, il publia en 1950 "L'Etrange Croisière du Squalus", qu'il ne put achever et dont Christian Mathelot dessina les quatre dernières planches. Comme scénariste ou co-scénariste, il publia et édita : "Guerre à la Terre", dessiné par Licquois (1945-46), puis Duteurtre (1947-48), "Alerte à la Terre", toujours dans Coq-Hardi (1950-51), et "La Fin du Monde est pour Demain" dans Mireille (1955-56), tous deux dessinés par Mathelot. Marijac peut donc être considéré comme un des grands de la SF française d'expression graphique. "Le Secret des Monts Latanas" n'est pas une simple redite du "Chasseur de Monstres" et du "Monde Perdu". Marijac en fait un plaidoyer pour la conservation des animaux et des peuples menacés d'extinction, préoccupation assez rare à l'époque. En ce sens aussi, il fut un précurseur.