Première édition Roman, 142 pages, catégorie / prix : 16 € ISBN : 978-2-37756-068-4 Format : 14,0 x 18,5 cm❌ Genre : Fantastique
Quatrième de couverture
Imaginez toutes les horreurs et toutes les morts dont vous avez déjà entendu parler, puis imaginez tous les univers et tous les paysages fous dont ils sont issus. Ajoutez des volcans, des météores, des invasions de maisons, des suicides, des Ferrari et des accidents, puis tirez le levier et voyez ce qui se passe. Peut-être quelque chose de terrible, peut-être quelque chose de bizarre, ça dépend de l'univers. Est-ce la fin du monde ? Est-ce que cela a de l'importance ?
Dans Le Mont Arafat, Mike Kleine, à la manière d'un Roberto Bolano dans "Anvers", déploie un don incroyable pour le collage, le tissage de micro-récits dérisoires montés de manière à produire une sensation mélangée de rire jaune, de désespoir et d’horreur cosmique, d’où, bizarrement, jaillit une évidente beauté.
Mike Kleine est né en Afrique de l’Ouest en 1988. Il a obtenu un diplôme de littérature française au Grinnel College, et vit et travaille dans le Mid-West. Il compose de la musique électronique, créé des jeux vidéo, et écrit des romans. Depuis La Ferme des Mastodontes (trad. de Quentin Leclerc, L'Ogre, 2019 // Atlatl Press, 2012), il a notamment publié Arafat Mountain (Atlatl Press, 2014), Kanley Stubrick (We Heard You Like Books, 2016), et Lonely Men Club (Inside the Castle, 2018).
Critiques
[Critique parue exclusivement dans la version numérique de la revue]
Initialement paru en 2014, Le Mont Arafat entre tout à fait dans la catégorie des OLNI (Objet Littéraire Non-Identifié) en prenant l’apparence d’un petit roman déroutant, composé comme un collage psychédélique, protéiforme, où le sens semble nous échapper tout en étant manifestement omniprésent.
Œuvre de fin du monde, aux morts innombrables, aux destins tragiques, aux références nombreuses (et lovecraftiennes à n’en pas douter) et à l’humour noir indéniable, c’est un livre qui se picore avec un mélange d’enthousiasme et de surprise frôlant parfois l’incompréhension. C’est aussi une œuvre qui flirte avec une poésie de l’effondrement.
Si l’on tente de rationnaliser, bien sûr, des chapitres se répondent, des protagonistes se retrouvent ici ou là, un film se tourne, un serial killer trouve refuge non loin, et la chronologie bien qu’éclatée semble se constituer entre plusieurs événements, et les dieux, déesse et autres divinités (toujours inscrites sous cette forme barrée) étendent sans nul doute leur ombre furieuse et folle sur plusieurs chapitres et personnages… et le Mont Arafat agit là comme un aimant, qui agrège cette somme d’histoires, de fins du monde plus ou moins importantes, de discours, de rencontres et de cultes, dans une composition hallucinée, captivante, et certainement efficace.
Dire que j’aurais compris Mont Arafat serait mentir ; j’ai néanmoins apprécié cette lecture, dans laquelle il n’est pas obligatoire de comprendre chaque référence. En soi, se laisser ici porter par l’expérience active ou contemplative de lecture et de langue vaut déjà le détour. Aussi, merci à Mike Kleine, son traducteur et aux éditions de l’Ogre d’avoir osé nous proposer ce voyage vers le Mont Arafat, aussi recommandable qu’indescriptible.