Karl OLSBERG Titre original : Mirror, 2016 Première parution : Berlin : Aufbau Verlag GmbH & Co. K. G.ISFDB Traduction de Johannes HONIGMANN
Jacqueline CHAMBON
(Arles, France) Date de parution : 1er novembre 2017 Dépôt légal : novembre 2017, Achevé d'imprimer : octobre 2017 Première édition Roman, 352 pages, catégorie / prix : 22,80 € ISBN : 978-2-330-08669-5 Format : 14,5 x 22,5 cm✅ Genre : Science-Fiction
Ton Mirror te connaît mieux que toi-même. Il fait tout pour te rendre heureux. Que tu le veuilles ou non !
Dernier-né de la technologie des objets connectés, le Mirror sait constamment ce que l'on veut, ce que l'on ressent, ce dont on a besoin. Il règle avec subtilité le comportement de son propriétaire et fait en sorte que ce dernier devienne la meilleure version de lui-même. Mais Freya Harmsen, une journaliste, découvre que ce nouvel appareillage high-tech peut prendre des décisions pour le moins étranges, voire dangereuses pour son double humain... Puis elle apprend que le Mirror d'un jeune autiste s'immisce dans sa vie au point de choisir à sa place la fiancée idéale. Avec l'aide de son petit ami, un hacker surdoué, Freya décide d'enquêter et se heurte très vite à un déni généralisé d'une violence inouïe. Entretemps, l'appareil est devenu un formidable succès mondial...
Thriller cybertechnologique, Mirror est une dystopie sur l'hyperconnexion, sur ce qui pourrait advenir de l'homme si la machine prenait les rênes de nos existences.
Karl Olsberg est né en 1960. Après un doctorat sur les applications de l'intelligence artificielle, il a dirigé une chaîne de télévision puis une agence multimédia. En 1999, il a fondé une société de logiciels qui a obtenu l'eConomy Award de la meilleure start-up. Aujourd'hui, il travaille comme consultant et se consacre à la littérature. Son premier thriller traduit en français, Das System (Jacqueline Chambon, 2009), a rencontré un franc succès auprès du public. Sont également parus chez Jacqueline Chambon Un si doux parfum (2010) et Suppr. (2015).
Critiques
La technologie a transformé notre rapport au monde. Nos smartphones actuels sont plus puissants que les premiers ordinateurs personnels. Les applications qu’ils contiennent permettent de dialoguer en direct, d’envoyer des photos, d’interagir en permanence sur les réseaux sociaux. D’énormes quantités de données s’échangent et se vendent en continu. Et les assistants personnels virtuels sont devenus incontournables. Imaginez un dispositif combinant un smartphone, un bracelet qui surveille votre état physique, un programme de réalité virtuelle, une paire de lunettes capable d’enregistrer, une oreillette pour entendre les suggestions d’un assistant personnel. Tous ces objets connectés existent déjà. Karl Olsberg y adjoint une intelligence artificielle, basée sur un réseau neuronal, capable d’apprendre à partir des données qu’elle engrange. Le Mirror est conçu pour aider ses possesseurs à prendre la meilleure décision, qu’elle soit professionnelle ou personnelle. Au début, ce dernier fait des miracles. Il sauve le père de son concepteur d’un choc anaphylactique, aide un enfant autiste à décoder les émotions des autres et à s’intégrer dans une société calibrée par et pour les neurotypiques. Il répond à une ambition : que son propriétaire devienne la meilleure version de lui-même. En parallèle, il a besoin de con-naître intimement son propriétaire. Avide de données, il pousse d’ailleurs ses utilisateurs à lui en fournir de plus en plus et donne pour consigne de ne pas l’éteindre, de porter toujours les accessoires fournis. Progressivement, ses conseils se font de plus en plus insistants et ses propositions ne visent plus uniquement le bien-être de ceux qui s’en servent. Le Mirror devient intrusif, avec la complicité passive de ses utilisateurs. Et lorsqu’une journaliste un peu trop curieuse s’intéresse à ses dérives et soupçonne un potentiel éveil de conscience, il semble manipuler les masses pour se défendre, sur le modèle – assumé par l’auteur – de Skynet dans Terminator.
Mirror, thriller d’anticipation à court terme autour de l’IA et de l’hyperconnexion, surprend peu mais se lit facilement. Karl Olsberg opte pour une narration à multiples points de vue qui lui permet d’explorer les conséquences positives, puis négatives, des innovations technologiques, de l’addiction aux réseaux sociaux à la perte du libre-arbitre en passant par les phénomènes de harcèlement numérique. Bien qu’il ne soit pas technophobe, l’auteur ne se montre guère optimiste dans sa postface. Il est déjà trop tard pour changer le cours du monde. L’être humain n’est plus en capacité de dire non aux suggestions des technologies, de porter un regard critique sur ces dernières ou de s’affranchir de la facilité et du confort qu’elles procurent.