Étonnante actualité de la question de l’homme artificiel en cette fin de millénaire. Plus étonnante encore la persistance de cette actualité depuis le début du XIXf siècle. Que signifie la fabrication de créatures à l’image de l’être humain pour fournir le motif central d’œuvres majeures de la littérature depuis l’émergence du romantisme ? « Le Marchand de sable », Frankenstein et L'Eve future sont les trois monuments les plus visibles d’un champ vaste et méconnu. Ils constituent le socle nécessaire d’analyses, qui veulent aussi les situer dans leur histoire et dans l’histoire des idées. Car ces textes trouvent leur lointaine origine au siècle des Lumières, côtoient en leur âge d'autres fictions oubliées, se prolongent aujourd'hui dans la littérature de science-fiction et au cinéma. De sorte qu’une question insistante se pose quant à l’être de l'homme : si la créature est humaine, se pourrait-il que l’être humain ne soit qu’un automate ou un monstre ? Question qui se redouble de celle de l’art : si la créature est une œuvre, la fiction qui la dit est-elle autre chose qu’un artifice trompeur, un assemblage d’éléments hétérogènes qui, dans le montage même dont il procède, ne cesse d’interroger le geste qui lui donne forme ?

Roger Bozzetto, Alain Chareyre-Méjan, Anne Ducrey, Ariane Eissen, Jean-Paul Engélibert, Aurélia Gaillard, Judith Halberstam, Isabelle Krzywkou'ski, Jean-Louis Leutrat, Sophie Marret, Serge Meitinger, Gilles Ménégaldo, Alain Montandon, Gwenhaël Ponnau, Alan Raitt, Henri Scepi, Sylvie Thorel-Cailleteau, Jean-Baptiste Thoret, Bertrand Vibert, Julie Wolkenstein.