« Un tour de force spectaculaire ! »
Naomi Novik.

« Absolument incroyable ! »
Shannon Chakraborty.

Janvier 1918 : Laura Iven, après avoir été grièvement blessée, est revenue du front où elle était infirmière. Elle tente de retrouver sa vie d’avant à Halifax, au Canada, bien que son frère, Freddie, soit pour sa part resté dans les tranchées. Un jour, elle reçoit l’annonce de sa disparition, accompagnée de l’uniforme du jeune homme. Incapable de croire à la mort de celui-ci, Laura décide de repartir pour la Belgique.

Novembre 1917 : Après une explosion, Freddie Iven reprend connaissance sous une casemate retournée, coincé dans le noir avec un soldat allemand. Tous deux désorientés, ils vont devoir unir leurs efforts pour survivre. Mais, une fois dans le no man’s land, leurs chances seront infimes.

Freddie pourrait-il être encore en vie ? Laura parviendra-t-elle à découvrir ce qui lui est vraiment arrivé ? Et la rumeur selon laquelle les soldats qui le souhaitent oublieraient tous leurs souvenirs grâce à un mystérieux violoniste est-elle fondée ?

Une fantasy historique inspirée d’événements réels, qui vous fera passer du rire aux larmes en une seule phrase. Une nouvelle réussite de Katherine Arden, autrice de L’Ours et le Rossignol.

Katherine Arden est née à Austin (Texas). Après une année de lycée à Rennes, elle part étudier à Moscou, avant de finir son cursus de littératures française et russe dans le Vermont. Elle a vécu à Hawaii et à Briançon, avant de revenir s'installer aux États-Unis.

Laura, infirmière canadienne démobilisée après la Première Guerre mondiale, perd tout en même temps : ses parents sont tués dans l’explosion d’un bateau de munitions dans le port de sa ville et son frère est présumé mort sur le front. Elle décide alors de retourner dans un hôpital civil situé près des combats en Belgique pour trouver ce qui est arrivé à ce dernier.
Son frère Freddie, justement, se retrouve coincé dans l’éboulement d’une casemate lors de la bataille avec un soldat allemand blessé.

Après l’excellente Trilogie d’une nuit d’hiver revisitant des contes dans une Russie médiévale uchronique, Katherine Arden s’attaque à un autre gros morceau historique : la Première Guerre mondiale. Situant l’action lors de la bataille de Passchendaele (une boucherie qui fit plus de 250 000 morts dans chaque camp), elle mélange une description minutieuse du calvaire vécu par les soldats à un élément fantastique parfaitement intégré au décor, une auberge apparaissant et disparaissant aléatoirement dans laquelle le propriétaire, un étrange violoniste, apporte réconfort aux soldats. Si cet élément est imaginaire, il s’insère d’autant mieux que d’autres rumeurs proches ont réellement circulé à l’époque, comme l’apparition d’anges sur le champ de bataille (la légende des anges de Mons).

Requiem pour les fantômes parle avant tout de la perte, du besoin de faire le deuil pour passer à autre chose ou se venger, mais aussi de l’espoir envers et contre tout dans un monde proche de l’apocalypse, où la guerre moderne s’impose à des hommes et des femmes qui sont encore dans le siècle précédent. Évitant toute complaisance et tout voyeurisme, l’autrice mêle habilement l’horreur du réel (aussi bien l'explosion du bateau dans le port d'Halifax que la bataille sont des faits historiques) au faux-semblant du fantastique et nous livre un roman qui se dévore d’un trait, malgré sa dureté et les images terribles qu’il contient. On regrettera juste une fin où tout s’emboite un peu trop bien pour satisfaire le lecteur, mais c’est vraiment un détail mineur par rapport à la qualité de l’œuvre.

René-Marc DOLHEN
Première parution : 30/9/2024 nooSFere