RUE DE L'ÉCHIQUIER
(Paris, France), coll. Fiction Date de parution : 3 septembre 2020 Dépôt légal : septembre 2020, Achevé d'imprimer : juillet 2020 Première édition Roman, 176 pages, catégorie / prix : 17 € ISBN : 978-2-37425-241-4 Format : 14,0 x 22,0 cm✅ Genre : Science-Fiction
Quatrième de couverture
Dans ce roman inclassable à l'énergie punk, où les époques et les personnages s'entremêlent, vous croiserez les divinités afro-antillaises des Caraïbes, les chansons d'ABBA et la musique électro, les boucaniers chasseurs de bétail sauvage, les gravures de Goya et le performance art...
En 2027, dans une République dominicaine marquée par plusieurs catastrophes écologiques, Acilde, adolescente pauvre, est depuis peu la servante d'Esther Escudero, grande prêtresse de la Santería. Elle cherche à vendre illégalement l'anémone que possède sa patronne pour acquérir le Rainbow Bright, une drogue qui lui permettrait de changer de sexe sans intervention chirurgicale. Simultanément, au début des années 2000, Argenis, artiste en perdition, est invité en résidence par un couple de mécènes qui souhaite créer un sanctuaire marin afin de protéger les récifs coralliens de Sosua.
Entre Blade Runner de Ridley Scott et La Tempête de Shakespeare, l'intrigue se déploie comme des tentacules, et part à l'abordage de sujets aussi forts que l'identité sexuelle, les désastres écologiques ou les inégalités sociales, avec, pour ligne d'horizon, une question essentielle : si nous pouvions changer le cours de l'histoire, jusqu'où serions-nous prêts à aller ?
Considérée comme l'une des autrices les plus talentueuses de la littérature caribéenne contemporaine, Rita Indiana est née à Saint-Domingue en 1977. Les Tentacules a obtenu le prix de l'Association des écrivains caribéens, devenant le premier livre de langue espagnole ainsi récompensé. Elle est également musicienne et produit avec son groupe Rita Indiana y Los Misterios un merengue aussi hybride et vitaminé que sa langue.
Critiques
Comme son titre l’indique, Les Tentacules peut être pris par plusieurs bouts. C’est un entrelacs d’histoires, de vies croisées et de temporalités dont la vue d’ensemble et la saveur ne se révèlent finalement que dans les dernières pages. Au tout début, nous avons Alcide, jeune femme au passé de prostituée faisant le ménage chez une vieille prêtresse de la Santéria et attendant d’avoir assez d’argent pour prendre un médicament miracle qui lui permettra enfin d’avoir un corps d’homme. Nous avons aussi Argénis, artiste raté en plein divorce travaillant dans un call-center et confronté aux moqueries de ses collègues. Bien que vivant tous deux en République dominicaine, ils n’y sont pas en même temps. Alcide débute l’histoire en 2027 sur une île ravagée par la pollution et où règne une technologie ultra-développée. Argénis, lui, y vit dans les années 2000 et va se voir enfin proposer une résidence artistique à la hauteur de son talent. Et pourtant, leurs destins vont se croiser, s’entremêler d’un corps à l’autre, d’une époque à l’autre.
Ce qui pourrait paraître jusqu’à mi-parcours comme un roman d’anticipation s’oriente alors vers un roman fantastique où la santéria, adaptation caribéenne du vaudou africain, et les religions indigènes de l’île, s’entremêlent pour tenter de changer le destin sombre de la République dominicaine. À moins que l’amour ne bouscule tout… Inutile de chercher dans ce roman une quelconque linéarité. Le mieux qu’on puisse faire ici est de se aisser porter par les mots, goûter l’envoutement de certaines scènes, l’écœurement de certaines autres, et rester aussi fluide dans son esprit qu’Alcide l’est dans son corps. On découvrira alors chez ces personnage une énergie stupéfiante, un appétit de vie malgré les doutes, la pauvreté, l’identité sexuelle, l’environnement à bout de souffle. On aimera ou on détestera, mais nul ne restera indifférent.